La Chambre régionale d’agriculture fait le focus sur la filière lait


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/03/2014 PAR Solène MÉRIC

C’est par un état des lieux peu optimiste sur la filière lait aquitaine que s’est ouverte la session de la Chambre régionale d’agriculture. Un état des lieux qui décrit une filière en pleine restructuration, et constate que la moitié des livreurs présents en 2003 a disparu, que 9% des élevages aquitains ont sollicité l’aide à la cessation d’activité laitière en 2013, et que, sur les litrages libérés par ces cessations (40 M de litres), seule la moitié a pu être récupérée par d’autres. Sur les acteurs de l’aval, même constat; l’heure est aussi à la restructuration. Avec notamment la disparition de GIE Sud Lait / Letche Pascual, ou la fusion de 3A et Sodiaal, c’est une concentration toujours plus forte de la collecte qui se fait jour. En effet, sur la Région, cinq entreprises (y compris nationales) collectent 75% des volumes Aquitains. Enfin sur son activité la filière régionale est en sous-réalisation chronique des quotas depuis 2006.
Une diminution des producteurs et de la production (-9% de production entre 2010 et 2013), qui se combinent à une augmentation des charges et un prix du lait qui, jusque là, restait relativement bas. «Jusque là» car, comme le souligne Bernard Lassus-Dessus, Président de Cilaisud (Centre interprofessionnel laitier du Sud Ouest) la conjoncture laitière évolue. «Les choses se sont nettement inversées, analyse-t-il. Les stocks de beurre et de poudre de lait sont quasiment à zéro en Europe, il y a une évolution de la demande mondiale qui connaît une croissance énorme. On verra si ça va se poursuive mais on est dans une situation de marché où les fondamentaux sont bien meilleurs, avec un prix du lait, à 342€ les 1000 litres l’an dernier, qui n’a jamais été aussi élevé. » Un discours qui vise à redonner le moral aux acteurs de la filière, et qui selon l’industriel, «va aider à mener à bien le plan stratégique de la filière, issu d’une volonté politique forte dans la filière du Sud ouest.»

Cinq orientations stratégiquesCe plan stratégique mis en place à l’échelle du bassin laitier, a été élaboré en concertation entre les acteurs industriels de la filière, les professionnels du secteur coopératif laitier et les représentants des producteurs, sous le pilotage de l’Etat. Au delà de l’adoption d’une charte portant des engagements tant des producteurs que des transformateurs et de l’Etat, ce sont cinq orientations stratégiques, elles-mêmes déclinées en fiches-actions que l’interprofession s’est engagée à mettre en oeuvre. Au nombre de ces orientations: l’amélioration de la qualité du lait pour des produits plus adaptés à la demande des industriels, l’amélioration de la compétitivité des exploitations laitières du bassin, la facilitation de l’installation et de la transmission des exploitations laitières, la recherche de la valorisation optimale du lait produit sur le bassin et enfin, l’amélioration de la connaissance de la filière et des marchés.
De grands axes de travail, qui donnent un périmètre particulièrement large à ce plan dont l’objectif global est bel et bien de consolider et d’ancrer la production laitière sur le bassin et de permettre à la filière de se préparer aux nombreuses évolutions à venir. Car en effet, 2015, qui marquera la dernière année de réalisation de ce plan structurel triennal, sera résolument une année de changement pour la filière laitière. Elle sera la première année qui signera la fin des quotas laitiers, la première année de la mise en route effective de la contractualisation ainsi que le démarrage de la nouvelle PAC dont les impacts restent, pour l’heure, «difficilement mesurables et généralisables au regard de la diversité des situations selon les systèmes d’élevage» souligne Bérangère Gouhier de la CRAA.

« Changer nos habitudes »Pour autant, si chacun des professionnels présents a souligné l’espoir porté par ce plan stratégique, de nombreux handicaps ont aussi été soulignés dans la Région. Parmi eux, Dominique Graciet retient notamment, la difficulté des éleveurs à investir sans y laisser leur revenu. «Globalement, les exploitations sont en surcapacité avec trop de bêtes dans les étables; il faut investir si on veut faire plus ou mieux. Or, pour ces investissements, beaucoup de producteurs n’arrivent pas à mobiliser les crédits nécessaires pour les extensions de leurs élevages. » Une question du poids de l’investissement qui se double donc d’une crise de confiance à double sens entre agriculteurs et banquiers, admet-il. Mais, pour lui, la remise en cause doit aussi en partie se faire au niveau des éleveurs eux-même: «il faut organiser notre travail différemment, changer nos habitudes, re-raisonner sur le plan alimentaire pour massifier les approvisionnements, aller vers plus d’autonomie alimentaire, etc… ». Si un certain nombre de pistes pour conforter la filière sont bien dans le plan présenté ce jour, d’autres sont aussi à trouver dans les exploitations elles mêmes.

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