La Safer tire son bilan régional


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/09/2020 PAR Romain Béteille

Ce mercredi 16 septembre dans ses locaux de Bruges, la Safer Nouvelle-Aquitaine (régionalisée en 2019) a dressé le bilan du marché foncier rural pour l’année 2019. On y découvre un foncier rural globalement stable mais qui progresse en valeurs échangées (+8%) par rapport à 2018. Le marché foncier agricole représente 61% du marché en surfaces vendues et 22% en valeurs. Il progresse lui aussi fortement en valeur (+16%), moins fortement en surfaces (+2%). Les valeurs du non-agricole progressent de +8%. Le marché forestier, en revanche, accuse le coup avec une baisse de 6% en surface et de 28% en valeurs par rapport à 2018. 

Un bilan contrasté

Au niveau du marché foncier rural, 61% des surfaces mises sur le marché par la Safer en 2019 étaient agricoles, 20% forestières, 9% des maisons à la campagne. Pourtant, ces dernières représentent 60% du montant total des ventes (4,974 milliards) contre 22% pour le marché agricole. Ce dernier a représenté un total de 15 596 transactions (sur un total de 55 081), en hausse de 4%, soit 75 086 hectares (+2%) et un montant total de 1093 millions (+16%). « Il y a des disparités sur le prix moyen à l’hectare. Ça varie de 2600 euros en Creuse, Corrèze, Haute-Vienne à jusqu’à 9000 euros dans des départements à vocation céréalières comme le Lot-et-Garonne ou les Landes », ont notamment observé les experts de la Safer. De plus en plus de projets sont en vente, en grande majorité des terres et des prés. « On reste sur un marché ouvert. 50% exploitants ont plus de 55 ans, on devrait rester sur une évolution favorable dans les années à venir », a ajouté le directeur général Philippe Tuzelet. 

Les prix des terres et des prés libres non bâtis divergent en fonction des départements. En Charente, par exemple, le prix moyen se stabilise (4310 euros l’hectare). En Charente-Maritime, « la hausse des prix reste forte dans certains secteurs » alors qu’ils se sont stablisés dans d’autres, ce qui fait stagner le prix moyen à 5240 euros l’hectare (-1%), tout comme en Corrèze (3400 euros) et en Creuse (2780 euros). La Dordogne, à l’inverse, est le département où la hausse des prix est la plus forte (+9%) à 5260 euros l’hectare. Ce sont les Landes qui ont le prix moyen le plus élevé (8720 euros/ha), suivi d’assez près par le Lot-et-Garonne (8350 euros/ha). Certains territoires sont plus fragiles : c’est le cas des Pyrénées-Atlantiques dont la baisse des prix s’accentue (-6%, 7280 euros/ha). Du côté des terres et des prés loués, on observe « des hausses notables dans presque tous les départements » : +5% en Charente, +7% en Charente-Maritime, +4% en Creuse, +6% dans les Deux-Sèvres, +4% dans la Vienne, +3% en Haute-Vienne. Seule la Corrèze affiche une baisse de 6% (2960 euros/ha).

Vigilance sur la vigne

Concernant plus particulièrement le prix des vignes, on constate en Gironde une forte baisse des surfaces échangées en 2019 (2600 hectares, -13% par rapport à 2018) après avoir été à la hausse ces deux dernières années. Les difficultés de commercialisation des vins au second semestre 2019 expliquent en grande partie ce ralentissement. Le montant global (180 millions d’euros) est aussi en repli. En Bordeaux et Côtes de Bordraux, les prix à l’hectare sont en baisse de 10% en moyenne, tout comme les appellations Médoc et Haut-Médoc (-6 à -7%). Du côté de Pauillac, en revanche, la progression est notable : 2,3 millions d’euros l’hectare (2,6 millions au maximum) contre 2,2 millions en moyenne en 2018. Dans le Libournais, la valeur à l’hectare de l’AOC Saint-Émilion augmente de 7%. À Pomerol, où les offres sont rares, « la valeur moyenne peut dépasser 4 millions d’euros à l’hectare, mais elle se situe en moyenne à 1,9 millions d’euros (contre 1,8 en 2018). Si le dernier millésime a globalement réussi à se sortir des aléas climatiques tout en restant marqué par les crises sanitaires et commerciales, les derniers mots du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux prônaient d' »oser parler d’arrachage des vignes ». Une solution que Philippe Tuzelet redoute. « On a plus de 5 millions de projets viticoles sur les 15 millions en portage foncier. Si on ne trouve pas de repreneurs, on va se retrouver avec des biens à 40 000 euros l’hectare et des vignes qu’il faudra arracher. C’est un point de vigilance, compte-tenu du contexte ».

Installations, environnement et loi foncière

Concernant l’activité de la Safer en 2019, le rapport d’activité détaille que sur les 1723 acquisitions réalisées, 33% des surfaces ont été attribuées à l’installation agricole. 78% de ces acquisitions sont des lots inférieurs à 10 hectares et 74% portent sur des biens inférieurs à 75 000 euros. Près de 5000 hectares ont été attribués à de jeunes agriculteurs (383 en tout) pour leur installation. 168 premières installations ont eu lieu en 2019, légèrement en dessous de l’objectif (189) alors qu’on en comptait 268 en 2017. En revanche, 31 dossiers de première installation en agriculture biologique ont été dénombrés, au dessus de l’objectif (20) mais en dessous du nombre d’installations en 2017 (47) et quasiment similaire à celui de 2018 (32).

Enfin, sur le volet environnement, 120 hectares ont été attribués à 33 porteurs de projet pour des intérêts environnementaux et 707 hectares stockés par la Safer pour « protéger des sites à forts enjeux environnementaux » (zones humides, landes sèches…). En février dernier, cinq syndicats agricoles et trois ONG environnementales demandaient une nouvelle loi foncière en France. Dans son rapport d’activité la Safer indique que « l’actualité de ce printemps 2020 amène l’opinion publique, les élus nationaux et locaux à prendre conscience de l’importance notamment de son agriculture, de pa production locale. Si rien ne se passe, les campagnes ne seront pas les mêmes dans dix ans. Interrogé sur le sujet en juin dernier, le ministre de l’Agriculture de l’époque Didier Guillaume a cependant douché les espoirs, en affirmant que la loi foncière en préparation ne verrait « probablement » pas le jour avant la fin du quinquennat, des suites du décalage engendré par l’arrêt du parlement. 20 à 30 000 hectares sont toujours artificialisés chaque année en France.

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