Le constat est implacable : ce sont au total 9000 agriculteurs de plus de 50 ans et qui exploitent près de 380.000ha en Aquitaine et qui ont déclaré, au moment du recensement, ne pas connaitre de succession…soit près du quart de la surface agricole utile concernée par cette question de la transmission. Que faut-il craindre de cette situation ?
Valeur refugeSans doute pas une inexploitation du foncier agricole ! Tout d’abord, le foncier, plus que jamais dans un contexte économique incertain, garde sa fonction de valeur refuge, plus sécurisante encore que la pierre. Mais aussi, les turbulences existant sur les cours des matières premières agricoles, avec pour l’instant des valeurs de marché soutenues pour bien des productions végétales cultivées dans notre région, conduisent de nombreux exploitants, arrivant aux portes de la retraite, à poursuivre l’exploitation de leur foncier. Cette poursuite se fait au prix d’une simplification des modes culturaux se traduisant par un arrêt des ateliers d’élevage et la mise en place d’une production végétale, tellement moins exigeante en main d’œuvre notamment ! Cette exploitation du foncier se réalise ainsi dans le cadre d’une structure sociétaire, associant les membres proches de la famille (conjoint, enfants…).
Profession, collectivités concernéesChacun peut mesurer les conséquences que ce type de situation peut avoir tant pour des filières agricoles, notamment dans le secteur de l’élevage, mais aussi pour les territoires. Les outils collectifs patiemment construits au fil du temps sont ainsi fragilisés et le moindre renouvellement des générations que l’on peut ainsi constater n’est pas alors sans conséquences pour la vitalité tant du monde agricole, mais aussi pour chacun des territoires concernés. La question est donc renvoyée tout autant à la profession agricole et aux collectivités, chacun portant à l’aune de sa responsabilité, un devoir de prise d’initiatives.
C’est dans ce contexte que la Safer Aquitaine Atlantique, dont la gouvernance associe représentants de la profession agricole et des collectivités, a pris au cours de ces derniers mois plusieurs initiatives pour tenter d’apporter quelques réponses opérationnelles à l’enjeu de la transmission du foncier agricole, tel que défini précédemment.
Un travail de fourmiLa première consiste en un contact individuel auprès des chefs d’exploitation de plus de 55 ans, censés ne pas avoir de succession assurée, en priorisant les territoires ou filières à enjeu fort. Ce travail « de fourmi » s’appuie sur un partenariat avec les Chambres d’agriculture et est assez souvent accompagné par des moyens publics (Etat, Collectivités…).
La seconde initiative relève d’un travail de communication auprès de ce public cible d’agriculteurs s’approchant de l’âge de la retraite. Pour cela, la Safer a notamment créé un périodique qui leur est destiné, intitulé « Paroles de foncier, le périodique de la transmission réussie ! »
Troisième axe de la stratégie, c’est la mobilisation d’une « boite à outils » qui vise à mettre à disposition des situations très concrètes rencontrées sur le terrain des dispositifs facilitant tant la transmission du foncier que l’installation de jeunes agriculteurs, notamment des hors cadre familiaux : gestion temporaire, évaluation du foncier à transmettre, portage foncier, dispositif de location vente… Bien de ces outils ne sont mis en œuvre que grâce aux interventions publiques, notamment des collectivités.
Chacune de ces initiatives mériterait une plus large présentation. Nous aurons très certainement l’occasion d’y revenir à l’occasion des prochaines conférences départementales du foncier rural (CDFR), en mars 2013.
Mais, quoiqu’il en soit, les enseignements du dernier recensement agricole nous situent parfaitement l’ampleur de l’enjeu qui est devant nous. Il est véritablement un défi, et pas le moindre, tant pour le monde agricole que pour les territoires d’Aquitaine !