Landes: « Choc démographique » en agriculture, quelles solutions pour anticiper et accompagner la transmission?


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 10/03/2015 PAR Solène MÉRIC

Conséquence du « choc démographique » agricole landais, non seulement, 6% des exploitations concernées sont vouées à disparaître ou à quitter l’usage agricole, mais un tiers de la SAU «libérable », soit 22 000 ha portés par environ la moitié des exploitants de plus de 55ans, reste dans l’incertitude quant à sa destination future. Au total, c’est un peu moins des deux tiers de la SAU libérable qui serait donc repris, avec, « particularité landaise, affirme Magali Fronzes de la SAFER Aquitaine Atlantique, une prédominance des reprises dans le cadre familial ».
Autres constats de ces analyses chiffrées, les exploitations les plus grandes ont de meilleures perspectives de reprise, de même que les exploitations sous forme sociétaires. Enfin, pour les exploitants qui décident de céder leur exploitation, la décision en moyenne est prise relativement tôt, à partir de 51 ans, quand celle d’abandonner concerne les cédants les plus âgés… La notion d’anticipation apparaît donc comme un élément clé d’une transmission réussie. Un enjeu d’ailleurs bien compris des acteurs de l’agriculture, pour faire face au mieux à l’inexorable évolution démographique des exploitants en place.

Savoir repérerMais pour anticiper, il faut savoir repérer, et la CDFR de ce 9 mars a ainsi mis en avant plusieurs solutions visant à ce repérage. Jean-Michel Anaclet, Président du comité technique de la SAFER des Landes, souligne par exemple que « des conventions sont signées entre la SAFER et les organisations professionnelles dont l’objectif est de détecter les cédants pour les sensibiliser à la suite et mettre en relation un candidat à la reprise via les chambres d’agriculture. ». Dans les Landes a aussi été mis en avant l’exemple de la Cave des Vignerons landais, qui en partenariat avec la chambre d’agriculture et la Safer a mené une enquête sur la pyramide des âges des viticulteurs adhérents. Bilan :  un tiers d’entre eux à plus de 50ans, et pour 80 ha de vigne il n’y a pas de repreneur désigné à 5 ans. Face à ce constat, la coopérative agit: «on prend des contact avec des jeunes, on veut créer des îlots viticoles structurés et on veille à ce que la cave s’inscrive dans une logique de développement durable ;.. Car ce sont des éléments qui interpellent les jeunes», explique Francis Descazeaux le Président de la Cave.

« Une production partagée concourt à une installation dynamique »Mais l’anticipation, peut aussi se faire en interne de la filière elle-même, à tout le moins quand elle est particulièrement bien structurée comme celles des palmipèdes et des volailles dans les Landes. C’est ce qu’ont démontré Marcel Saint-Cricq et Bernard Tauzia, présidents de ces deux filières. Dans les deux cas, « la dynamique de la filière est portée par les entreprises qui cherchent et incitent les candidats à reprendre les ateliers ou exploitations », explique Bernard Tauzia. Concernant le foie gras, « 27% des producteurs ont plus de 55 ans, mais pour l’instant le potentiel de production est suffisant, d’autant qu’il y a une capacité d’adaptation dans les ateliers qui permet de s’ajuster aux besoins des entreprises », souligne Marcel Saint-Cricq. Ajoutez à cela des productions aux rémunérations horaires attractives, et, grâce à un cycle de production cours, une régularité du revenu et un retour sur investissement assez rapide, voilà de quoi plus facilement susciter les vocations à l’installation. En outre, « sur l’IGP, canard du Sud ouest, il y a une limite de 1000 places au gavage », en d’autres termes « c’est une production partagée, imaginée comme telle depuis sa création, qui d’elle-même concourt à la dynamique des installations et au maintien de la diversité des exploitations » analyse-t-il.
Côté volaille le rythme des installations est plutôt bon lui aussi. « L’an dernier nous avons installé une vingtaine d’éleveurs, dont beaucoup de  » hors cadre familiaux  » qui sont venus créer de l’activité ici », se satisfait-il. Pour autant, s’il constate que l’on arrive à trouver des éleveurs pour les bâtiments d’élevages 400m2, le challenge dans les Landes reste le poulet label rouge où il faut plus d’espace, « entre 10 et 15 ha, et un couvert forestier, c’est important en terme d’image de la production et pour le confort des animaux », profitant de l’occasion pour sensibiliser la SAFER à « aider les nouveaux éleveur à acquérir un peu de forêt ».
L’occasion pour Jean-Michel Anaclet de glisser un autre enjeu de l’anticipation : « sensibiliser les cédants à ce qu’ils cèdent l’ensemble de l’exploitation et pas seulement l’outil économique au sens strict, les ateliers ou bâtiments de production et veiller ainsi à ne pas perdre la vocation agricole du foncier. » Enfin, sur l’anticipation il ajoute aussi que ce rôle est aussi dans les mains des collectivité, et doit « être pris en compte dans les documents d’urbanisme, qui ne doivent pas compromettre l’espace dont nous avons besoin ».

Acquisition progressive… et imaginationMais une fois, repéré et anticipé, l’essai de la transmission doit être réussi et transformé, cette fois par un accompagnement auprès des jeunes installés. Et là encore des outils d’accompagnements existent, le portage foncier notamment à destination des hors cadre familiaux. Celui-ci, en partenariat avec les collectivités (région ou département) et/ou les filières, consiste au stockage par la safer d’un foncier de 150 000 € maximum pour une durée de 5 ans, en échange d’un loyer qui sera déduit du prix de l’acquisition à l’issue du portage; Autrement dit, une acquisition progressive du foncier. « Un dispositif qui est une réponse mais qui n’est pas suffisant, il faut le compléter, » estime Jean-Michel Anaclet avant d’ajouter « il y a des discussions avec les coopératives pour les filières. Même s’il est difficile de trouver les réponses, les coopératives accompagnent dans les limites de leur moyens, en plus du fermage, notamment en viticulture. »
Mais, quand les repreneurs tardent à se manifester, là encore il faut de l’imagination pour sauvegarder la surface agricole. La cave de Tursan a mis en place une structure qui exploite les vignes là où il n’y a plus de vignerons, ainsi qu’ « une sorte d’écloserie de viticulteurs ». «Depuis 4-5 ans que la structure existe un jeune a été installé», explique Francis Descazeaux. Pour autant, selon lui, dans les filières il y a des investisseurs autres que les agriculteurs avec qui travailler» mettant en doute la mission de la coopérative d’acheter et de stocker du foncier.
Sur l’investissement, se pose alors la question, soulevée par Francis Massé en clôture de cette soirée, de la relance des Groupements Fonciers Forestiers et Agricoles. « Cela nécessite un dialogue entre organismes bancaires, collectivités et organisations professionnelles », encourage t-il, soulignant qu’en période de taux d’intérêt très bas ces GFA investisseurs pourraient bien être une voie à explorer.

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