Landes: Exploitation céréalière cherche associé pour une transmission-passion réussie


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 28/11/2019 PAR Solène MÉRIC

Hervé Guichemerre a deux enfants, mais la tradition familiale agricole s’arrêtera après lui. « Mes enfants ne vont pas vouloir reprendre, ils trouvent sans doute que je travaille trop… mais l’agriculture, c’est passionnant et intéressant ! Je serai heureux que quelqu’un poursuive ce que j’ai commencé ici avec mon père ; que l’exploitation continue et se développe ». La transmission dans le sens le plus noble du terme, voilà pourquoi il y a 3 ans déjà, il s’est inscrit sur le Répertoire Départ Installation de la Chambre d’agriculture des Landes, qui compile les exploitations recherchant un repreneur ou un associé dans le département.

« Je serai là pour aider mon associé »
Dans le cas d’Hervé Guichemerre, l’objectif, c’est bien la retraite, « dans 6 à 8 ans ». Mais « à 56 ans, seul sur mon exploitation, je commence à fatiguer, et ça n’est pas toujours bon pour le moral. J’ai besoin d’un jeune pour continuer, m’alléger le travail mais aussi préparer son installation, lui donner quelques clefs. » Un premier associé qu’il imagine être rejoint par un second qui le remplacerait lui, Hervé, au moment de son départ effectif. Avec cette petite, mais précieuse subtilité que l’arrivée des associés successif se fasse par le biais d’un stage de parrainage. « C’est à dire qu’avant l’association, le candidat à la reprise peut passer de 3 mois à un an chez le cédant, en étant rémunéré 650€ par mois, soit par l’Etat, soit par Pôle emploi », explique Isabelle Laffargue, responsable du Point Acceuil Instalation Transmission de la Chambre d’agriculture des Landes, présente lors de la visite. « C’est en quelque sorte une période d’essai pour voir si l’on se sent bien sur cette exploitation… mais qui est réservée aux candidats hors cadre familial de moins de 40 ans, et dipomé de lenseighnement agricole niveau bac minimun ».
Autre précision que fait le chef d’exploitation: « je ne m’attends pas à ce que mon futur associé me verse un capital. Je sais que ça peut être difficile quand on s’installe. Moi j’imagine plutôt une sorte de rente viagère qui me permettra de compléter ma retraite qui ne sera sans doute pas très élevée ».

« Lancer de nouveaux projets sur l’exploitation ne me fait pas peur »
Quant à l’exploitation de 130 ha de SAU (« peut-être un peu trop morcellée » reconnaît Hervé Guichemerre) dont 110 ha en maïs, doublée d’une activité de production de bois énergie : il y a du travail pour deux, et la possibilité d’accueillir un projet complémentaire. Pourquoi pas dans l’élevage, « ce pour quoi je me suis lancé dans l’agriculture »; dans le développement l’activité de bois énergie, « qui marche bien », ou tout autre projet de bio énergie, dans laquelle, il en est persuadé, l’agriculture française, « si on lui en donne les moyens », peut s’avérer très performante.
« Participer à lancer de nouveaux projets sur l’exploitation, avant de m’arrêter, ça ne me fait pas peur. Il faut avancer, ouvrir l’agriculture à de nouvelles productions, ne pas hésiter à tester des choses, voir si ça marche… Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas figer l’agriculture! Et quel que soit le projet, je serai là pour aider mon associé ». Le discours servi aux jeunes lycéens agricoles de Mugron et Dax Oeyereluy venus visiter son exploitation ce 27 novembre n’est pour le coup pas frileux… Mais on n’a sans doute peur de rien quand on est passionné.

Visite de l'exploitation d'un cédant dans les Landes

« Le vice de la Blonde »
Un entrain et une curiosité pour le monde agricole qui se fait jour lorsque Hervé Guichemerre revient sur sa carrière. En effet, tout en développant l’activité céréalière (de 10 ha et quelques bêtes du temps de son père à 45 ha lors son installation pour finir à 130 ha à l’heure actuelle… « j’étais motivé » dit-il), il aura tester plusieurs productions. L’élevage de Blonde d’Aquitaine d’abord. Après un stage, « j’ai pris le vice de la Blonde, et il m’a pris l’idée de vouloir faire des concours. J’ai gagné quelque prix, j’ai eu quelques bons taureaux que j’ai pu revendre à la station raciale, mais j’étais un peu seul dans le coin à travailler sur la génétique. Et quand mon père a pris sa retraite, c’est devenu vraiment dur ; je me suis donc essayé aux bovins viande avec le label Boeuf de Gascogne, mais c’était toujours beaucoup de travail pour un revenu qui n’était pas là. J’ai donc arrêté, avec quelques difficultés car j’étais très attaché à cette activité ».
Ne pas avoir pu la poursuivre, c’est le grand regret d’Hervé avoue-t-il, amer de constater que « les prix pratiqués aujourd’hui, si l’on fait la conversion du franc à l’euro, sont les mêmes que dans les années soixante, du temps de mon grand-père… J’ai retrouvé des documents de l’époque qui l’atteste… C’est effarent ! ». Sur le sujet de l’élevage, l’agriculteur, plutôt bonhomme, se rembrunit. « Le bon côté des choses, c’est que depuis que j’ai arrêté l’élevage j’ai le temps de partir en vacances », se rattrape-t-il.
Dans la liste des activités testées, il faut aussi ajouter l’élevage équin, des « anglo-arabes ». « Avec 4 pouliches, j’étais le plus important éleveur des Landes… » s’amuse-t-il. Curiosité aussi sur les cultures végétales pour lesquels il a aussi mis en œuvre diverses pratiques culturales innovante.

Bois énergie et séchage du maïs à domicile
Et finalement, c’est dans la bio-énergie, et plus précisément le bois énergie, qu’il a trouvé une autre source de satisfaction. Il est relativement incollable sur le sujet. La ressource, il la trouve sur sa plantation de taillis de 3ha, mais aussi dans la taille de ses 24 km de haie ou encore par l’achat ou la récupération de bois « lors des coups de vents et de tempêtes, et chez les gens du coin qui m’appellent pour les débarrasser, hors bois forestier ». Il fait ensuite broyer cette récolte, la stocke sous ses hangars et la fait sécher selon la demande sur deux types de qualité. « Les petites chaufferies demandent des plaquettes très sèches, et les grosses chaufferies, comme celle du quartier du Hameau à Pau, qui sert aussi l’hôpital, demandent des plaquettes un peu humide, parce que ça chauffe mieux… L’eau contient de l’hydrogène, donc ça dégage plus d’énergie… », glisse-t-il à ses jeunes visiteurs. Des plaquettes qu’il utilise aussi pour son propre séchoir à maïs. Une connaissance sur la bio énergie qu’il a acquise lors d’une formation en Allemagne. L’occasion de glisser aux lycéens qui l’écoute, un conseil d’expérience : « il faudra toujours se former, et avancer ! »

« La production de bois énergie marche très bien », confie-t-il. Une idée à creuser peut-être pour son futur associé… Car un des élementS essentiels à l’affaire c’est bien la rencontre de deux projets: celui du cédant et celui du repreneur. Deux projets qui auront su prendre le temps de se construire », insiste François Darbo, vice président de la Chambre d’agriculture, présent sur la visite au côté des agents du Point Accueil Installation Transmission de la Chambre.
Si l’idée a donc encore le temps de se faire son chemin, il semble pourtant que le candidat à la reprise partielle de l’EARL Guichemrre ne soit pas dans le groupe du jour, plutôt parti sur du salariat ou de l’installation dans le cadre familial. Mais élèves et formateurs présents ont promis de se faire le relais de ce projet de transmission auprès de leur réseau dans et autour de leurs établissements.


L’info en plus :

A l’occasion de la Quinzaine de la transmission agricole, la Chambre d’agriculture des Landes organise ces 26, 27 et 28 novembre, trois visites d’exploitations cherchant des repreneurs ou des associés. Outre l’exploitation d’Hervé Guichemerre était ouverte à la visite une exploitation maraîchère à Saint-Geours-de-Maremne mardi et, ce jeudi, un élevage en bovin lait, à Souprosse. 3 exploitations sélectionnées pour l’évènement car « ce sont des projets de transmission ou d’association particulièrement aboutis. Les chefs d’exploitation savent ce qu’il veulent tout en restant ouvert au projet du futur associé ou repreneur », explique Isabelle Laffargue du Point Accueil Installation Transmission des Landes. « En Nouvelle-Aquitaine , dans dix ans, 30 000 agriculteurs seront à la retraite et face à cela, seulement 6000 à 7000 installations nouvelles sont attendues. C’est un défi pour nous d’aller chercher des agriculteurs. C’est vrai que ça peut-être un métier difficile mais c’est passionnant et il y a moyen d’en vivre. », insiste François Darbo. Dans ce département, le Répertoire Départ Installation compte pour l’heure 48 offres d’exploitations. Elles sont un peu plus de 660 au niveau régional.

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