Le chanvre, un pari sur l’avenir dans le Sud Ouest


chambre d'agriculture de la Dordogne
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/06/2015 PAR Claude-Hélène Yvard

Le temps est loin de la marine à voile où le chanvre était roi. Depuis quelques années, la culture du chanvre semble connaître un regain d’intérêt : des expérimentations sont menées en Dordogne depuis trois ans, le cluster Demain accompagne un  projet de redéploiement de la filière chanvre en Aquitaine avec le soutien du département du Lot-et-Garonne, des entreprises textiles sont à la recherche d’une matière première de grande qualité. Cette conjonction d’éléments favorables devrait développer cette culture, qui est en phase avec l’attente de la société. La culture de chanvre ne nécessite pas de traitements phytosanitaires et consomme peu d’eau. Différents acteurs économiques, exploitants agricoles, entreprises textiles, élus, professionnels du bâtiment se sont réunis le 5 juin au pôle interconsulaire de la Dordogne, pour faire émerger une filière chanvre haut de gamme à l’échelle du grand Sud Ouest

De nombreuses possibilités d’applications Après avoir décliné au fil des décennies, la culture du chanvre est à nouveau en progression, malgré une superficie encore limitée. Cette culture représente 10 500 hectares aujourd’hui en France, soit 75% de la production européenne. Par comparaison, le lin représente 52 000 hectares.

Dans le chanvre, tout est bon  Cette plante offre de nombreuses possiblités d’application : textile, construction, plasturgie, cosmétique. La fibre, entre autres usages, est particulièrement prisée sur le marché de l’isolation, où elle s’inscrit en concurrent de la laine de verre. Le bois de chanvre (la chènevotte), mélangé à de la chaux, peut être utilisé comme enduit dans les rénovations de façade. Mais la véritable révolution dans le bâtiment arrive avec le parpaing de chanvre, qui est utilisé dans la construction de murs porteurs. La graine est tout aussi porteuse : Elle intéresse trois marchés : l’oisellerie, les cosmétiques et l’alimentation.  Dès 2006, le groupe Euralis et sa filiale toulousaine, Coopéval, avait investi, à Cazères (31), 7,5 millions d’euros dans la création d’une usine de défibrage du chanvre, nommée Agrofibre, qui a fermé l’an passé. Certains professionnels, comme Thierry Bonhomme, de Couleur chanvre, entreprise située à Saint Jean de Luz (64), qui réalise  et commercialise du linge de maison en chanvre est à la recherche d’une matière première qualitative.

« Nous avons un positionnement haut de gamme. Nous travaillons beaucoup avec l’international. Nos clients apprécient nos produits. La demande est là, mais pour nous, cette matière première est chère. Nous avons besoin d’un chanvre de grande qualité et de nouvelles unités de défribrage de proximité pour faire diminuer les coûts de production. »

Optimiser la transformation du chanvreAu cours de la réunion du 5 juin, Olivier Quenard, de l’ICam à Toulouse, a fait le bilan du programme Fibnatex 2. Soutenu par des financements européens, ce programme a réuni 5 partenaires implantés au Portugal, en Espagne et en France (ICAM à Toulouse). Le travail de recherche a porté sur l’optimisation de la transformation pour réaliser un produit technique, à base de fibres longues de chanvre (dissociées sans les traumatiser).  En filature, a été obtenu un fil le plus fin possible et de très bonne résistance mécanique. Une performance qui a permis de développer plusieurs produits d’équipement de protection individuelle et d’aménagement d’habitacle pour les transports (tableaux de bord pour l’automobile…).  Si les débouchés sont bien là, il faut organiser le sourcing car la filière nécessite des fibres de très bonne qualité en culture et au niveau de la transformation. La longueur des fibres et leur résistance sont déterminantes pour la fabrication de matériaux, du textile peigné. Actuellement, un nouveau programme appelé Fibnatex 3 est en phase de lancement.  Quelle plus-value pour l’agriculteur ?Les expérimentations menées en Dordogne jusqu’en 2014, ont permis de recueillir des références techniques et économiques.  » Les premières données recueillies démontrent que cette production offre plusieurs intérêts pour l’agriculteur. « La plante est un cycle court de cinq mois, et présente l’intérêt agronomique d’être un désherbant naturel et d’être peu gourmande en eau. En termes de résultats économiques, c’est une culture intéressante : elle bénéficie toujours d’une aide Pac couplée à l’hectare pour un montant de 130 euros. Les rendements moyens se situent entre 6 et 8 tonnes  de paille par hectare, et 6 à 800 kilos de graines. La graine est commercialisée entre 0,60 euro et un euro le kilo. La marge brute par hectare est estimée à 480 euros, indique François Hirissou, de la Chambre d’agriculture de la Dordogne. Il n’y a pas eu de plantations cette année, en raison de l’arrêt d’activité d’Agrofibre mais le dossier reste plus que jamais d’actualité. Car les demandes sur les différents marchés existent.  

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