Les Deux-Sèvres au Salon International de l’Agriculture de Paris


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 19/02/2020 PAR Julien PRIVAT

Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai, à quelques kilomètres au sud-est de Bressuire, dans le Nord des Deux-Sèvres ; c’est ici que se trouve le Groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) de la famille Bodin. Les frères, Frédéric (42 ans) et Nicolas (41 ans) sont parfois aidés par leur père Bernard (77 ans) qui garde toujours un oeil sur la ferme. Ici, sont élevés 550 vaches dont 240 en vêlage. Pas n’importe lesquelles puisqu’il s’agit de la race locale : la Parthenaise. « Nous sommes naisseurs-engraisseurs label rouge depuis 2006, précise Nicolas. Nos parents ont initié cette ferme et produisent de la Parthenaise depuis 1990 (NDLR : avant ils élevaient de la Charolaise). Nous gardons le cap qu’ils ont pris sur l’élevage allaitant. » Le GAEC de la famille Bodin dispose également de terres. 180 hectares, dont 25 de blé, 30 de maïs et le reste en prairie, des cultures utiles pour leurs animaux.

De g. à d. Bernard Bodin et ses deux fils, Nicolas et Frédéric vont participer avec Irlande et Praline au salon international de Paris

Mais si le rendez-vous a été donné sur cette exploitation à quelques jours de l’ouverture du salon internationale de l’agriculture de Paris (SIA), ce n’est pas hasard. Effectivement, comme depuis plusieurs années, la famille Bodin y présente trois bêtes : une femelle suitée, Irlande, avec son veau Praline, ainsi qu’une vache bouchère label rouge, Hirondelle. « Nous allons à Paris à la fois pour essayer de remporter des prix mais aussi de faire connaître l’élevage de Parthenaises à l’échelle nationale », explique Frédéric Bodin. De l’ambition, ils peuvent en avoir. Tout un pan de mur de leur stabulation est remplie de plaquettes, symboles des concours que leurs animaux ont gagné. L’exercice 2019 a d’ailleurs été plutôt bon pour eux et ça s’est senti dans les ventes. « Pour nous, c’était une super année. Nous avons vendu une vingtaine de génisses qui n’ont pas encore eu de veau pour l’export en Hongrie et en Suisse », confie Nicolas. 

La Parthenaise à l’honneur

La Parthenaise, c’est la  race emblématique des Deux-Sèvres. « Il y a 50 000 vaches sur l’ensemble de la France, 80% viennent de l’ex Poitou-Charentes et du Maine-et-Loire », stipule Didier Dupuis, président de l’organisation raciale de la Parthenaise. À Paris, la race présentera 22 animaux. Le vendredi 28 février, lors de la journée où la délégation deux-sévrienne sera présente au Salon, un concours de la race Parthenaise est programmée de 10h à 12h30 sur le grand ring du hall 1. 16 animaux reproducteurs vont s’y affronter dans le cadre du concours général agricole et 6 animaux de boucherie vont participer à la promotion du label rouge et vont être vendus lors du Salon à des bouchers.
« Nous allons dévoiler à ce moment-là le nom du futur organisme qui s’occupe de la race Parthenaise, poursuit Didier Dupuis. Ainsi que notre nouveau logo. Sinon tout au long du Salon de Paris nous allons promouvoir la race avec des dégustations mettant en avant le travail de nos éleveurs. Sans eux le grand public ne mangerait pas de la bonne viande ». Sur le stand de la région Nouvelle-Aquitaine, des dégustations de viande parthenaise label rouge sont prévues les samedi 22 et 29 février après-midi, le mercredi 26, le vendredi 28 février toute la journée ainsi que sur le stand Poitou le jeudi 27 février. 

Deux moutons de race rouge de l'ouest qui vont participer au salon international de l'agriculture de Paris

Hormis des éleveurs de Parthenaises (ils seront 12 issus des Deux-Sèvres), on en trouvera deux de Prim’holstein, un de Blonde d’Aquitaine, un de Charolais sans oublier les deux vaches emmenées par les établissements agricoles deux-sévriens : une Rouge des prés du campus des Sicaudières de Bressuire et une Parthenaise du lycée agricole de Melle. Côté caprins, le GAEC Delahaye-Barreau présentera une dizaine de chèvres (des Saanens et des Alpines). Les ovins seront également là. Notamment des Rouges de l’ouest (photo ci-dessus) des exploitations de Jean-Marie Marolleau et Alexandre Brousseau entre autre. Il y aura aussi des moutons vendéens et des charmoises. Au total neuf éleveurs de moutons du départements feront le déplacement à Paris et six agnelles et deux béliers du lycée agricole de Melle. Au niveau équin, les races locales du Poitou que sont le baudet et le mulassier seront aussi mises en avant. 

Recréer du lien avec les citoyens

Le Salon international de l’agriculture de Paris permet également de faire un focus sur l’agriculture en Deux-Sèvres. « Il faut en profiter pour parler de la situation du monde agricole qui n’est pas toujours simple. La profession connaît des difficultés et elle est à un moment charnière », introduit Gilbert Favreau, président du conseil départemental des Deux-Sèvres, avant de laisser la parole à Jean-Marc Renaudeau, président de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. « Le nombre d’agriculteurs diminue en France. Pourtant nos citoyens ont besoin de se nourrir. Ils sont tous consommateurs. Le lien a été rompu entre les agriculteurs et eux mais d’une certaine manière le salon de Paris permet de le recréer ce lien. » Selon le président de la chambre, il y a même un déficit de communication de la part des agriculteurs. « Il faut que nous mettions en avant nos qualités que ce soient les soins vétérinaires qui sont les plus performants en France, ou notre capacité à nous adapter face au changement climatique en fournissant des produits renouvelables. Les agriculteurs doivent être actifs et expliquer ce qu’ils font pour retrouver et récréer le lien entre le monde agricole et les citoyens ».

Gilbert Favreau partage cette vision sur l’agriculture, qui, comme il le rappelle, est un maillon essentiel dans le département des Deux-Sèvres. « C’est un territoire agricole. Aujourd’hui toutes les productions connaissent des difficultés que ce soient les grandes cultures qui doivent faire face à des problèmes de produits phytosanitaires, d’irrigation – il va falloir réfléchir et adapter les pratiques – ou que ce soit l’élevage, qui, quant à lui, rencontre des problèmes avec les cours. Les produits sont vendus à des prix trop bas, les mêmes qu’il y a trente ans. Il y a un problème. Il faut que ça change pour qu’on continue à produire des animaux allaitantes et mettre en avant l’agriculture deux-sévrienne qui est à la fois saine et remarquable ». Un baromètre qui montre que l’agriculture dans les Deux-Sèvres semble tout de même attractive. Celui des installations. « Aujourd’hui une ferme sur trois est reprise dans le département, précise Jean-Marc Renaudeau. Nous aimerions passer à une sur deux. Cependant, sur l’ex Poitou-Charentes, nous sommes le département qui compte le plus d’installation. A l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine nous sommes le deuxième derrière les Pyrénées-Atlantiques ». Une petite satisfaction donc pour le président de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. 

Les Parthenaises du GAEC de la famille Bodin à Saint-Sauveur-de-Givre-en-Mai

Les agriculteurs deux-sévriens se préparent à « monter » vers la capitale pour participer à la plus grande ferme de l’Hexagone. Pour une question de coût, ils mutualisent le transport des animaux. Un premier départ aura lieu ce vendredi 21 février et un autre le lundi 24 février. Concernant la famille Bodin, c’est le père, Bernard 77 ans et son petit fils de 14 ans, impatient d’y participer, qui seront présents durant toute la durée du salon à Paris. De belles vacances en perpectives. Chez les Bodin, l’élevage est une affaire de famille.

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