Les orages sont passés mais les combats continuent pour la Chambre Régionale d’Agriculture d’Aquitaine


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 16/01/2014 PAR Solène MÉRIC

Entre les fortes pluies printanières et la grêle du mois d’août qui a plus particulièrement touché le secteur viticole, 2013 restera en mémoire comme une année «très compliquée» pour la ferme aquitaine. «Calamiteuse pour les grandes cultures», insiste Dominque Graciet. Et pour cause le chiffre d’affaire de l’agriculture régionale qui engendre habituellement environ 5,5Mds € devrait cette année, péniblement atteindre les 4Mds €.
Quant aux agriculteurs, la chute des revenus est rude: de 40% à 50% en moyenne, allant pour certains jusqu’à 100% de perte dans le secteur de l’élevage notamment qui a cumulé perte de fourrage et prix élevé de l’alimentation. Seule «satisfaction», toute relative, l’anticipation de ces chiffres dès le printemps grâce à la mise en place d’un comité de suivi des intempéries composé des différents partenaires agricoles.
Il a ainsi pu être négocié au profit des agriculteurs des taux bonifiés à 1% ou moins, afin de compléter les différents dispositifs d’aides directes existants, tels que des reports de cotisations MSA, des exonérations sur le foncier non bâti. ou encore des aides «calamités» versées par l’Etat.

« Le FEADER, une grosse déception »Autre actualité marquante pour 2013-2014, la Politique Agricole Commune, dont les aides directes devraient être «légèrement défavorables» à l’Aquitaine. Mais c’est sur les fonds redistribués, et plus particulièrement le FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural) que Dominique Graciet focalise son mécontentement. En Aquitaine les crédits destinés à l’agriculture sont en baisse de 12M€ et ceux de l’agroalimentaire perdent 10M€. «Nous n’avons jamais été aussi mal traités par le FEADER, c’est une grosse déception!».
Pour autant, une compensation de ces baisses pourrait être trouvée dans le contrat de projet Etat-Région, pour lequel des négociations sont en cours.
Le Feader se montre en revanche plus généreux avec la forêt qui devrait bénéficier de 43 M€ supplémentaires destinés au financement du Plan Chablis post tempête Klaus.

Agriculture-Forêt, l’Aquitaine région d’expérimentation?Concernant la forêt justement, l’Aquitaine pourrait bien être une région d’expérimentation pour la création d’un «comité d’orientation forestière» commun au Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) et à la Chambre régionale d’agriculture. L’objectif est de concrétiser dans un organisme commun la proximité déjà existante entre agriculture et forêt en Aquitaine, explique le Président de la Chambre. Mais ce serait aussi une manière d’assurer un meilleur financement du secteur forestier privé régional. En effet, le CRPF qui collecte pour 1,3M€ de taxes additionnelles, se voit redistribuer par le niveau national (CNPF) 620 000€. Une redistribution bien trop partielle au goût des acteurs régionaux. S’il existe déjà un comité de liaison entre forêt et agriculture, la proposition aquitaine de renforcer cette collaboration est à l’étude au niveau du Ministère.

La DREAL, « déconnectée des réalités du terrain! »Enfin dernier coup de colère et de combat de longue haleine mené par la profession agricole: la discussion autour de la directive «Nitrate» qui crée de nouvelles zones vulnérables en Aquitaine, tout en mettant en place un seuil plus strict de réglementation en la matière. Pour le Président de la Chambre d’agriculture «la DREAL (direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement, ndlr) s’enferme dans une logique uniquement environnementale, totalement déconnectée des réalités du terrain».
Selon lui, «il faut rester raisonnable et ne pas casser l’outil économique. On veut bien mettre en œuvre des pratiques nouvelles, même si cela doit entraîner des surcoûts, mais on refusera tout ce qui provoquera des investissements non productifs supplémentaires!» prévient-il. D’après les estimations de la Chambre d’agriculture, au niveau de la région, ce sont 60M€ d’investissements qui résulteraient de l’application de la directive nitrate en l’état. Or «les éleveurs laitiers n’ont pas de revenu depuis 2 ans, les éleveurs viande sont en négatif, quant aux éleveurs porcins, c’est en dents de scie…. ces éleveurs sont dans l’impossibilité d’investir», conclue-t-il.
Prochain rendez-vous dans ce bras de fer, le 22 janvier: la CRAA rencontre la Préfecture pour finaliser le document.

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