Les vétérinaires se mobilisent contre l’orientation sanitaire de la loi d’avenir de l ‘agriculture


aqui.fr
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/10/2013 PAR Joël AUBERT

En effet, celle-ci, à l’initiative du ministère de la santé a le projet de soustraire au vétérinaire, prescripteur, la délivrance des médicaments qu’il assure aujourd’hui. Vrai problème pour une profession qui s’est vue reconnaître, voilà plus de trente ans, une sorte de délégation de service public et qui l’a exercée à la satisfaction générale, et notamment de celle des éleveurs de ce pays. Problème qui peut devenir lourd de conséquences, en particulier en milieu rural où on imagine sans peine les délais de mise en œuvre thérapeutique. Et décourager une profession de s’investir auprès des éleveurs, elle dont les revenus dépendent, désormais, beaucoup plus des soins apportés aux animaux de compagnie qu’aux animaux d’élevage. Décryptage avec Jean-Yves Gauchot vétérinaire au Bugue, en Dordogne, président de l’Association Vétérinaire Equine Française et représentant de son syndicat, le SNVEL, au Comité Régional d’Orientation de la Politique Sanitaire d’Aquitaine.

Nous sommes insultés…

Jean-Yves Gauchot n’y va pas par quatre chemins pour qualifier l’attitude du ministère de la Santé et les orientations qu’il entend imposer dans le contenu de la loi d’avenir sur l’agriculture, dont la discussion va s’engager à l’Assemblée Nationale:  » Nous sommes insultés! » affirme t-il, péremptoire, au sortir du CROPSAV, le Comité Régional d’Orientationde la Politique Sanitaire qui se tenait, ce 7 octobre à Bordeaux, en préfecture, sous la présidence du préfet d’Aquitaine lui-même. J’ai fait valoir notre totale opposition à ce découplage que représenterait la séparation entre prescription et délivrance des médicaments et j’ai quitté la réunion après que le préfet m’ait écouté, s’engageant à faire remonter nos préoccupations au premier ministre. »

A l’origine du bras de fer qui se profile l’article 20 du projet de loi qui « prévoit la limitation de la délivrance des antibiotiques d’importance critique ». Une orientation qui a connu, déjà, avant tout texte de loi, un début de mise en pratique très significatif puisque, selon les derniers chiffres connus, leur prescription a baissé depuis 18 mois de 30%.  » Depuis deux ans nous travaillons efficacement et notamment beaucoup avec les éleveurs; c’est la suite logique des demandes formulées par le précédent ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire, qui avait souhaité que nous atteignions une réduction de 25%. » Une prise de conscience partagée qui est née d’un constat mondial, et en particulier européen, sur les conséquences de l’usage massif des antibiotiques. C’est ainsi qu’a été élaboré un plan national de réduction des risques d’antibiorésisatance en médecine vétérinaire, Ecoantibio 2017, dont le pilote est le ministère de l’Agriculture. Les premiers  résultats apparaissent donc probants, avec le pourcentage annoncé. L’incompréhension est donc d’autant plus grande dans les rangs de la profession vétérinaire. Celle-ci ne manque pas d’y voir une volonté d’aller au-delà du « découplage sur les antibiotiques critiques » et de mettre fin à un système qui fonctionne et qui a l’aval des éleveurs. « Le maintien de la mission sanitaire du vétérinaire de proximité dans les territoires ruraux passe par la délivrance du médicament déclare Jean-Yves Gauchot. Imaginez, ajoute-t-il, un éleveur qui nous sollicite, un week end, pour voir une vache ou un cheval malades après un premier traitement et à qui on va devoir dire: cherchez un pharmacien pour délivrer un médicament… » Pierre Buisson, le président du Syndicat National  des Vérinaires le rappelait récemment, à Rennes, aux cotés de Pascal Ferrey, le vice-président de la FNSEA et éleveur lui-même:  » La vision que l’on a de l’organisation en santé humaine n’est nullement transposable au règne animal. En effet on peut dire que le vétérinaire est à la fois médecin de ville, urgentiste et médecin hospitalier… »

Le débat promet d’être d’autant plus vif que la dimension de prévention à laquelle l’Etat est attaché à travers la réalisation d’une visite annuelle dans chaque élevage est assumée par les vétérinaires.  » Nous sommes en France dans une démarche de progrès rappelle Pascal Ferrey et nous risquons de ne plus avoir assez de vétérinaires avec d’autres conséquences négatives pour nos territoires. »

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Dordogne
À lire ! AGRICULTURE > Nos derniers articles