Maïs : les cultures de demain s’inventent à Sendets


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/06/2017 PAR Jean-Jacques Nicomette

« Les agriculteurs traversent une période compliquée » estime Daniel Peyraube, qui préside la commission régionale d’Arvalis et l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM). « La météo n’est pas toujours favorable, avec des excès d’eau suivis de sécheresses répétées ». Aléas qui mettent à mal les coûts de production.

La transformation des produits à travers de filières en souffrance pose également question. Tout comme la nécessité de disposer de matières premières de bonne qualité correspondant aux attentes des marchés. Sans parler des contraintes environnementales.

Bref, les défis à relever sont multiples.

Trois hectares pour réfléchir

 Raison de plus pour étudier l’efficacité de nos systèmes de production. C’est ce qu’ambitionne de faire la plateforme expérimentale Syppre inaugurée ces jours derniers en Béarn avec l’appui d’Euralis et de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques.

Exploitée essentiellement avec le matériel d’un agriculteur local, Jean-Marc Pédebéarn, celle-ci s’étend sur 3 hectares et elle comprend 36 micro-parcelles.

« Comme pour les autres plateformes, il s’agit d’observer les pratiques culturales et d’en discuter dans le cadre de réseaux d’agriculteurs que l’on va animer » indique David Gouache, directeur adjoint de Terres Inovia.

 L’intérêt des terres noires

Plusieurs éléments expliquent le choix de Sendets. Dans une région où l’industrie agroalimentaire de canards et de porcs est très demandeuse de maïs grain, cette commune possède des terres humifères. Ces sols de « touyas » profonds, riches en matières organiques et faciles à travailler sont particulièrement propices à la culture du maïs sans irrigation.

Des contraintes se posent cependant. La politique agricole commune, favorable aux couverts végétaux et à la diversification, s’accorde mal en effet avec la monoculture du maïs grain, rappelle Clémence Aliaga, ingénieur à Arvalis.

Par ailleurs, les fortes pluies de fin d’année et de printemps tombant au pied des Pyrénées ne facilitent pas les cultures d’hiver. Enfin,  les terres noires sont également le domaine des mauvaises herbes et du taupin, cet insecte ravageur du maïs

Toute la question consiste donc à savoir comment innover.

Quels couverts permanents introduire par exemple dans les champs de maïs ? Quels assolements (diversité des cultures) choisir entre le soja, les céréales à paille comme le blé et l’orge afin de permettre une occupation maximum du terrain ? Quelle inter-culture pratiquer avec l’introduction de légumineuses, tel le trèfle, qui réduiront les apports en produits azotés minéraux ? Quelle stratégie adopter pour réduire les frais de séchage du maïs ? Mille autres questions techniques encore.

Les débouchés et les leviers

Tout cela sera étudié pendant près de 8 ans sur le terrain avec l’aide des techniciens et des réseaux d’agriculteurs invités à se pencher sur le sujet.

Justement, est-il facile de changer les mentalités et les habitudes ?  « Contrairement à ce que l’on pense, les agriculteurs sont de grands novateurs » répond David Gouache. «  On le constate dans de nombreux domaines. Je peux même dire qu’en agriculture, on a des années-lumière d’avance sur la sortie du tout chimique par rapport au médical. »

« Les difficultés auxquelles la profession se heurte sont en fait de deux ordres. Elles concernent d’abord les débouchés à trouver pour les produits. En matière de soja par exemple, on essaie  de restructurer la filière. Un plan de relance existe pour un soja français sans OGM ».

« Il faut toutefois bénéficier de politiques publiques cohérentes et disposer des leviers nécessaires. La tendance générale est aux cultures plus performantes, plus productives, qui répondent mieux aux contraintes environnementales. »

 » Cela passe tout de même, à un moment, par l’utilisation d’un peu de phytosanitaire. Or, techniquement, certaines politiques publiques peuvent casser ça et bloquer tout le système ».

« Un débat a ainsi été ouvert au niveau européen sur les surfaces d’intérêt écologique. On pousse à l’insertion de cultures légumineuses de printemps. Mais celles-ci demandent un peu de fongicides et il est question d’interdire toute utilisation de produits phytosanitaires. Ce qui risque de coincer un mouvement positif ».

Inutile pour autant de sombrer dans le pessimisme. « Toute contrainte est une opportunité » estime le directeur adjoint de Terres Inovia avant de souligner l’importance de la plateforme aménagée à Sendets, tout comme l’intérêt des partenariats noués autour du projet avec les gens du cru. « C’est une autre façon de travailler. On apprend beaucoup du terrain ».

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