Prix, sécheresse, grippe aviaire : l’année terrible des Pyrénées-Atlantiques


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/10/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Car les coûts de production, eux, continuent à grimper. « D’un indice 100 en 2013, on est passé à un indice 107 cette année » constate le président Guy Estrade. Avant de rappeler que la filière bovins-lait est en train de connaître « une crise de disparition », mais aussi d’inviter les pouvoirs publics à se pencher sur le problème préoccupant de la réduction des terres agricoles au moment où les nouveaux établissements publics de coopération intercommunale se mettent en place. « Depuis 15 ans, les Pyrénées-Atlantiques ont perdu près de 30 000 hectares de surface agricole utile, notamment dans les terres les plus fertiles. Il faut prendre en compte la fertilité des sols quand on les artificialise. La chose n’a jamais vraiment été discutée»

Bernard Layre, le président départemental de la FDSEA, enfonce le clou : « Notre agriculture connait la plus grave crise cumulée depuis la seconde guerre mondiale, tant sur le plan sanitaire qu’économique. On s’est beaucoup occupé des quartiers urbains tout en délaissant la ruralité. Or, lorsqu’ils tombent, des outils d’élevage son très durs à relever ».

« Les capacités de rebondir »

Face à une agriculture mise à mal sur plusieurs fronts (à titre d’exemple, le prix payé aux producteurs par les grandes laiteries a baissé de 23% en deux ans), la profession s’organise cependant. En estimant que le département a  les capacités de rebondir.

« Cette année, plus de 1 000 agriculteurs ont été formés et accompagnés. La totalité de ceux qui utilisent des moyens de traitement sont passés par des formations certiphytos ». Des efforts ont de même été déployés pour accompagner des filières  dans le cadre du contrat de performance. Qu’il s’agisse d’apporter des conseils techniques et d’offrir des formations spécialisées aux éleveurs de bovins, de mettre l’accent sur les mesures de biosécurité chez les éleveurs de palmipèdes et de volailles après la crise d’influenza aviaire, ou encore d’aider la filière ovine à progresser en matière génétique.  Avec 61 millions de litres de lait, celle-ci a battu des records sur la saison 2015-2016.

Dans le même temps, les « annonces fortes » faites récemment par le Crédit Agricole sont saluées par les responsables de la Chambre. « Un plan national de 5 milliards d’euros, dont 3,5 milliards sont destinés à la trésorerie immédiate des exploitations, a été présenté. L’Etat faisant cautionner les prêts par la Banque publique d’investissement » explique Pierre Moureu, membre du bureau. « Cela montre qu’une banque importante croit à une forme de rebond ».

Des prix et du local

D’autres combats sont cependant à mener. « Il est par exemple du devoir de la profession d’accompagner un certain nombre de nos collègues dignement vers la sortie. Certaines exploitations ne sont pas redressables. Mais on ne peut pas abandonner les gens. S’il y a des décrochages économiques, il faut éviter le décrochage psychologique. »

« En matière de prix, nous allons par ailleurs proposer d’ici quelques mois une contractualisation dans certaines filières » poursuivent les représentants de la Chambre d’agriculture, qui travaillent également sur les signes d’identité et de territoire des produits. Cela, afin de répondre à la demande d’un consommateur qui veut de plus en plus acheter local.

Ces normes qui s’accumulent

Certes, on se réjouit de voir des jeunes continuer à s’installer : 130 dossiers sont bouclés ou en cours cette année dans le département. « Mais il faut aussi nous aider.  Il est impensable de voir 121 territoires communaux être retirés des zones défavorisées, surtout sur le Piémont, où les exploitations sont handicapées par les pentes et possèdent des terres moins fertiles. »

De même, une bataille est engagée contre les « surnormes » qui pèsent sur les épaules des agriculteurs. Tel ce projet qui  émane du ministère de l’Environnement et  consiste à élargir les bandes enherbées longeant les bois, haies, maisons et fossés. « Cela risque de faire sortir 4 millions d’hectares de l’assole française, soit 7 milliards d’euros de production. On assiste à une disparition complète du rôle de l’Etat avec des postulats environnementaux déconnectés de toute réalité économique. »

Vautours : des tirs de prélèvement souhaités

Remise en place d’un regroupement d’employeurs destiné à répondre aux besoins de main d’œuvre, plan de relance interregional de la production porcine afin  créer 40 000 à 60 000 places d’engraissement en six ans dans le grand sud-ouest… D’autres dossiers sont évoqués. Sans oublier, bien sûr, en bons Pyrénéens, ceux des prédateurs : ours et vautours.

« Nous sommes pour le maintien des espèces. Mais peut-on garantir aux éleveurs transhumants qu’ils pourront continuer à exercer leur métier en toute quiétude ? Quant aux vautours fauves, on commence à les voir voler de plus en plus loin, très en aval dans la plaine. L’Etat est absent de ce débat. Il n’entend pas nos cris d’alarme. Alors que les attaques commises par les vautours, sur des vaches qui vèlent notamment, augmentent fortement » dit Bernard Layre. «  Nous demandons des tirs de prélèvement, avec quotas et comptages, exactement comme pour le loup. »

Quant à la secheresse de l’été dernier, elle amène Guy Estrade à mettre quelques points sur quelques « i »  et à évoquer le  dossier controversé des retenues : « Si on n’avait pas stocké l’eau comme on l’a fait, l’Adour aurait été à sec et tous les ruisseaux du Pays Basque aussi. C’est quand même un comble de voir toute la quantité d’eau qui tombe chez nous dans la nature et de ne pas pouvoir la reconstituer ».

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