Protéger la ressource en eau, le défi de la SAFER 17


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/04/2019 PAR Anne-Lise Durif

Voilà une dizaine d’années déjà que la SAFER 17 assure un rôle de veille foncière autour des zones de captages, et les signalent au syndicat des eaux en cas de pollution ou en prévention d’un risque. « Au départ, on travaillait uniquement sur les zones les plus sensibles avec un périmètre très restreint, comme celles où il y a des failles géologiques permettant un ruissellement plus rapide de l’eau vers les nappes », explique Paul Arnold, le directeur de la SAFER 17. Ainsi, entre 2005 et 2010, l’ex syndicat des eaux de Charente-Maritime (qui gère 80% du territoire) a racheté plusieurs terrains sur ces zones les plus à risque (elle en possède 7 actuellement). Jusqu’à présent, le syndicat avait plusieurs perspectives : effectuer des échanges de cultures entre les agriculteurs pour mettre des pratiques plus vertueuses, faire un bail à coût réduit pour permettre d’implanter une culture sans intrant, voire revendre à des agriculteurs en Bio, toujours par l’intermédiaire de la SAFER.  « Aujourd’hui, on voudrait étendre ce périmètre pour racheter des zones plus larges », poursuit Pauline Pierrard, animatrice du programme Re-Sources chez Eau 17. Objectif : convertir ces terres en prairies ou les proposer à la vente à des porteurs de projets en Bio désirant s’installer. Or, les parcelles étant souvent morcelées entre plusieurs agriculteurs, parfois exploitants non propriétaires, c’est un véritable casse-tête de réussir à rassembler les terrains nécessaires.

Des prix du foncier à la hausse

« Le problème, c’est que les agriculteurs ont compris que c’est important pour nous de récupérer ces terres. Du coup, certains en profitent pour faire monter les prix de manière déraisonnable », constate Christophe Dédouche, le président du comité technique de la SAFER 17, « comme le territoire est en tension en niveau du foncier, jusqu’à présent nous n’avons pas eu d’autres choix que de nous aligner : il y a en moyenne 7 candidats au rachat lors d’une vente de parcelle. Là, on atteint des prix de revente dans la fourchette haute par rapport à la valeur du foncier agricole, mais il ne faudrait pas que ça monte davantage comme dans d’autres départements où les terres partent le double du prix de leur valeur, sinon on ne pourra plus travailler, on sera obligé de limiter nos achats au strict minimum ». Au-delà du fait que ces terres sont rachetées avec de l’argent public – qui n’est pas illimité – cette surenchère dans les prix entraîne une difficulté à revendre ces terres aux agriculteurs désireux de s’installer.

Une loi pour éviter les abus?

Alors, quelles solutions pour continuer à préserver les parcelles en zones de captage ? « On réfléchit à mettre en place des Obligations réelles environnementales (ORE), des contrats de servitude sur la propriété avec des compensations financières, auprès des agriculteurs installés », expliquent les représentants de la SAFER, conscients que cette seule mesure ne suffira pas. « On doit trouver d’autres solutions pour moraliser les pratiques et trouver un moyen de fixer les prix », poursuit Christophe Dédouche. Pour lui, une loi fixant les règles d’achat et de vente du foncier agricole dans le cadre de la protection environnementales lui paraîtrait une bonne idée, même s’il affiche un léger scepticisme quant à sa probable réalisation : « On va demander à rencontrer les députés du département pour qu’ils fassent quelque chose en ce sens, mais si c’est pour que ça accouche encore d’une souris… ». Sans compter que ça ne résoudrait pas le problème des zones de captage hors terres agricoles. « La SAFER a le droit de préempter sur des « assiettes » à usage agricole mais nous ne le pouvons pas avec le seul argument environnemental et sur des parcelles non destinées à l’agriculture », rappelle le directeur de la SAFER 17.

Reste la pédagogie et la communication déployées depuis dix ans, à continuer auprès des agriculteurs comme du grand public. « Le problème de la qualité de l’eau, c’est le problème de tous, sinon, on va droit dans le mur», rappelle Christophe Dédouche, un peu désabusé de constater que, dans la théorie, tout le monde est d’accord pour protéger la ressource, mais que la pratique ne suit pas toujours.

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