Race à faible effectif: la passion Bordelaise de Christophe Guénon récompensée à Paris


A Léognan en Gironde, la vache Bordelaise et Christophe Guénon, c'est toute une histoire. Une histoire de famille d'abord, car ce n'est pas par hasard qu'il a choisi, il y a cinq ans, en plus de son maraîchage bio, de se lancer « tête baissée » dans

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/03/2018 PAR Solène MÉRIC

A Léognan en Gironde, la vache Bordelaise et Christophe Guénon, c’est toute une histoire. Une histoire de famille d’abord, car ce n’est pas par hasard qu’il a choisi, il y a cinq ans, en plus de son maraîchage bio, de se lancer « tête baissée » dans l’élevage de cette race à la robe noire et blanche et aux petites cornes fièrement dressées. Son père et son grand-père, éleveurs laitiers, avaient eux aussi choisi de travailler avec cette race… jusque dans les années 70, où ils ont peu à peu assisté à sa disparition. « Dans ces années là, la sélection des races s’est faite sur le critère du rendement, et non sur celui de la rusticité du bétail. Ca a sonné la disparition progressive de l’espèce. Un jour mon père n’a plus réussi à trouver de taureau. » Pourtant rappelle l’éleveur, « la Bordelaise était reconnue comme meilleure laitière au 18 et 19ème siècle, avec des exportations dans différents pays du monde, en Indochine, à l’époque, et au Maroc notamment »

Suivi génétique et vente directe
Avec un troupeau total de 150 femelles, la Bordelaise est une des races locales qui compte parmi les plus faibles effectifs. Elle fait partie des races que le Conservatoire des races Aquitaine s’échine à sauvegarder avec l’aide de quelques éleveurs. Christophe Guénon fait donc partie de ceux-là, et deux fois plutôt qu’une. Il s’est lancé en 2011 avec trois animaux prêtés par le Conservatoire dont un taureau. Désormais il a une trentaine de bêtes, « 5 ans pour monter un troupeau, je n’aurais pas cru réussir cela si vite ! ». De quoi le convaincre encore un peu plus ce passionné de la qualité des animaux, et notamment leur facilité de vêlage.
Sur sa ferme, il a mis en place un système allaitant où la reproduction des animaux est assurée avec un suivi génétique. « Toutes les femelles qui naissent sont gardées pour la reproduction de la race. Elles sont les futures mères qui permettant d’agrandir le troupeau. Pour les mâles, le Conservatoire des races assure un suivi génétique, ceux qui ont des qualités intéressantes, et correspondent le mieux aux critères de la race, sont conservés pour la reproduction, les autres sont vendus en vente directe auprès des consommateurs par le biais d’une AMAP, ou auprès de bouchers et restaurateurs », explique Christophe Guénon. Quant aux mâles conservés pour la reproduction, ils partent soit chez d’autres éleveurs souhaitant développer leur troupeau ou en améliorer la qualité, soit pour le Conservatoire des races, qui les prêtent de manière tournante aux éleveurs pour éviter la consanguinité à l’intérieur des troupeaux et donc de la race.

Les vaches Bordelaises en pâturage

Pâture en Zone Natura 2000
Au total, une trentaine d’éleveurs participent, sur le périmètre de l’ancienne Aquitaine, à la sauvegarde et à la valorisation de la race. Une mission indispensable pour le dynamique et très convaincu éleveur girondin. « Ces races locales, c’est notre patrimoine, c’est celui de nos anciens, et c’est un patrimoine à léguer aux générations futures. C’est un enjeu de biodiversité aussi de savoir préserver la diversité des races. Il ne peut pas y avoir que 3 ou 4 races de vaches dans nos prés… ! Mais sauver les races, c’est aussi une manière de sauver des éleveurs !»
Si le projet de Christophe Guénon a été distingué au Salon de l’agriculture, c’est aussi qu’au-delà de la sauvegarde et la valorisation de la vache Bordelaise, son troupeau, grâce à un partenariat avec le Conseil départemental de la Gironde, contribue à l’entretien de prairie en zone Natura 2000 en bord de Garonne. C’est un pâturage doux, qui permet à ces terres jusque-là en friche de retrouver une attractivité tant en faune qu’en flore. La race étant légère, elle n’abîme pas non plus les sols sur lesquels elle pâture.


Prix National de l'agrobiodiversité animale 2018, avec Marc Prikazsky, PDG de Ceva Santé Animale et Célia Verot, Directrice générale de la Fondation du patrimoine

L’âne des Pyrénées et la Froment du Léon primés
Outre l’éleveur girondin, le « Prix National de la Fondation du patrimoine pour l’agrobiodiversité animale » qui a donc vocation depuis 2012, à mettre en lumière les races agricoles françaises à faibles effectifs (qui représentent 80% des races agricoles régionales!), a également récompensé deux autres duos race-éleveur. C’est un couple d’éleveurs du Gers, Cécile et Emmanuel Guichard, qui a reçu le 3ème prix du concours pour son travail autour de l’âne des Pyrénées dont le berceau se partage entre Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Quant au premier prix, il a été décerné à Maëve et Stéphane Terlet, éleveurs en Côte-d’Armor, qui valorisent le lait de la race bovine du Froment du Léon, par la fabrication d’un beurre haut de gamme.

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