Viticulture : des prix de production toujours supérieurs au prix de vente

M.Martin et M.Durand sont tous deux des viticulteurs en Bordeaux AOC. Le premier qui vend son vin au vrac, a une stratégie de rendement tout en assurant une qualité satisfaisante. Objectif affiché: optimiser le rapport quantité/qualité. M.Durand a quant à lui choisi de vendre la majorité de son vin en bouteilles en cherchant à adapter sa production pour répondre à un « profil produit » tout en ayant une réflexion sur les coûts bien que valorisant une démarche environnementale. MM. Martin et Durand n’existent pas, ou bien au contraire, ils sont les vignerons de deux itinéraires techniques types en AOC Bordeaux. Ils sont les deux modèles choisis par la Chambre d’agriculture pour bâtir son nouveau référentiel du Vigneron.

Une analyse économique de chaque opération de production
S’appuyant sur son réseau d’experts et de techniciens de terrain, le document reprend tous les coûts économiques induits par une exploitation viticole de taille moyenne (25 ha). De la production jusqu’à la commercialisation, tous les coûts sont pris en compte par le document : coût de main d’œuvre, de matériel ou encore d’approvisionnement et adaptés à la priorité choisie par les viticulteurs à savoir le rendement ou la valorisation du produit, et à la commercialisation en vrac ou en bouteilles. Chaque opération est donc analysée économiquement selon les deux modèles, rendant possible la comparaison et permettant ainsi au viticulteur de situer son propre système d’exploitation et éventuellement d’analyser ses marges de progrès ou d’économie.
Mais, au-delà de ce rôle « pédagogique » du document, celui-ci donne une solide contribution pour les exploitants viticoles au débat entre coûts de production et l’offre actuelle du marché. En effet, les résultats de l’étude montrent une fourchette des coûts de production pour les Bordeaux AOC en vrac de 1 078 à 1 271€ le tonneau, alors que l’offre actuelle du marché est à considérer entre 850 et 900 € le tonneau… Quant au coût de production de la bouteille, celui-ci s’élève au total à 2,80€ pour le viticulteur, «et encore dans une hypothèse où on ne prend pas en compte les frais de vinification».
Si Pierre Got et Bernard Artigue admettent que dans les faits la situation des viticulteurs peut être très différente de l’un à l’autre, «Il n’empêche qu’il ne faut pas selon eux se voiler la réalité : les coûts de production moyens sont supérieurs au prix de vente moyens». Pour Bernard Artigue, «c’est surtout sur la valeur ajoutée et le prix produit» que les viticulteurs doivent jouer pour espérer trouver une planche de salut.