Sauvegarde des langues régionales : le partit occitan réagit aux propos de Luc Chatel


Paul Munhoven
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 02/02/2011 PAR Aymeric Bourlot

Nommé Ministre de l’Education Nationale lors du dernier remaniement ministériel en novembre, Luc Chatel ne s’est pas fait que des amis quand il a répondu par la négative à la question du député alsacien Armand Jungqui lui demandait si le gouvernement comptait proposer une législation en faveur des langues régionales. Selon Luc Chatel, proposer une telle loi ce serait aller à l’encontre des principes fondateurs de notre République. Un avis qu’est loin de partager David Grosclaude, l’ancien Président de l’Institut d’Etudes Occitanes (IEO), qui qualifie cette vision « D’archaïque » et dénonce « Un retour de 30 ans en arrière lié à une interprétation étroite des principes fondateurs de la République». Des principes fondateurs dictés par la Constitution, qui est « dévalorisée» par les propos du Ministre aux yeux de David Grosclaude.

Incohérence et paradoxe
En effet, le Conseiller Régional d’Aquitaine, s’appuie sur l’article 75-1 de la Constitution, consacrant les langues territoriales de France comme faisant partie du patrimoine national, pour mettre en lumière « l’incohérence » des déclarations de Chatel. Une incohérence qui est d’autant plus grande au vu du « paradoxe qui veut que les langues régionales fassent partie des compétences attribuées aux collectivités territoriales alors que ces mêmes collectivités n’ont plus les ressources pour mener des politiques spécifiques du fait des réformes de l’Etat ».
Un problème grave qui a des origines plus profondes selon Grosclaude qui explique: «En France, le problème linguistique est malheureusement un problème politisé. On considère que l’unité linguistique entraine l’unité politique et donc on dénigre les langues régionales. Mais ce n’est pas la langue qui fait l’unité, c’est la volonté de vivre ensemble. Je suis un citoyen Français comme un autre, mais j’ai en plus, cette richesse personnelle qu’est la langue et la culture occitane. Une richesse qu’on ne m’enlèvera pas »

« Un mal français »
Même son de cloche chez Sèrgi Javaloyès, directeur de l’Institut Occitan, écrivain et secrétaire du Bureau du Conseil Economique et Social Régional d’Aquitaine, qui n’est « en rien étonné » par l’attitude de Luc Chatel et de l’ensemble des gouvernements français qui « hiérarchisent les langues pour dévaloriser les langues régionales ». Sèrgi Javaloyès va même plus loin, « c’est un mal typiquement français que de considérer que les langues à l’intérieur du pays et les cultures locales ne se valent pas. Il n’y a qu’à voir comment les œuvres musicales et littéraires venant de Bretagne, du Pays Basque ou d’Occitanie sont négligées. Ces pratiques vont à l’encontre même des directives européennes qui encouragent à favoriser la diversité et à protéger les cultures locales. La France invite les autres pays membres à appliquer ces directives, mais ne les applique pas elle-même ».

Malgré ce contexte difficile, David Grosclaude, Sèrgi Javaloyès et les autres représentants de la culture occitane ne perdent pas espoir. La cause de la sauvegarde des langues et des cultures régionales est défendue par de nombreux parlementaires issus de tous les bords politiques qui se mobilisent pour amener des propositions de lois visant à instaurer une politique culturelle plus ouverte, laissant une place aux spécificités locales des régions. Car comme l’affirme David Grosclaude, « Il est vital pour l’avenir de ne plus sacrifier un patrimoine qui appartient à tout le monde ».

 Credit photo : Paul Munhoven

 Aymeric Bourlot

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