Le Festival du Périgord Noir : A Saint-Amand-de-Coly, quand le baroque prend un coup de jeune.


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/08/2011 PAR Joël AUBERT

@qui ! – Vous êtes ici entourés de grands spécialistes de l’époque baroque, Michel Laplénie, Simon Heyerick, Yvon Repérant, des pionniers. Que saviez-vous de l’époque baroque avant de venir, et pourquoi avoir eu envie de participer au Festival du Périgord Noir?

Elena – Je suis partie de Russie pour changer un peu de vie. C’est à mon arrivée en France que j’ai commencé le chant lyrique, au conservatoire de Paris. En Russie, nous n’avons pas de tradition baroque aussi ancrée qu’en France. Ça fait un petit moment que je chante de la musique baroque. Je chante plutôt en soliste. En général, en musique baroque, les solistes eux-mêmes chantent les parties de chœur avec un petit effectif de un, deux ou trois chanteurs par voix.

Je suis passée par les académies de musique baroque avec l’ancienne génération des Arts Florissants. Pour ce festival, j’ai passé, comme tous les jeunes ici, une audition à Paris, avec une œuvre imposée et une œuvre au choix. Il y a cinq minutes d’échauffement vocal, l’audition à proprement parler, puis un petit entretien. Je dois reconnaître que cette audition était un peu plus sympa que les auditions classiques.

Ce festival est avant tout une expérience. Tout le monde est plus ou moins en apprentissage, au seuil de sa carrière. Il ne s’agit pas d’une grosse production où tout le monde est déjà dans le métier. Alors voilà, c’est comme une boule de neige ça peut ouvrir des portes et donner suite à d’autres projets. Et bien entendu, le nom de Michel Laplénie fait un certain effet sur un CV.

@! – Qu’avez-vous trouvé dans la musique en France, que vous ne trouviez pas au Brésil ?

Rodrigo – Je viens de Sao Paulo, je suis venu à Paris pour les études. Et puis je suis resté. Aujourd’hui je suis au CRR de Paris, au « jeune chœur de Paris » – d’ailleurs certains autres choristes ici en font aussi partie. On m’avait conseillé d’aller en France, en Allemagne, en Italie, ou en Angleterre. Et à ce moment-là j’avais envie d’apprendre le français. Et puis c’était Paris, une ville qui compte près d’un conservatoire par arrondissement, et où la musique classique est valorisée.

De plus, je ne cache pas que la cuisine française est incroyable, il n’y a que des bonnes choses, la diplomatie française aussi, j’ai appris beaucoup de choses sur ce plan là. En France, par rapport à d’autres pays comme le Brésil, il y a un confort. La sécurité sociale est une grande avancée ; ou encore des acquis comme le statut d’intermittent du spectacle : ça organise la vie, avec sérénité.

@! – À Saint-Amand-de-Coly vous vivez depuis plusieurs jours la musique avec des jeunes musiciens que vous ne connaissiez pas avant de venir. Quelle est l’ambiance ici entre les jeunes ? Qu’avez-vous appris de cette expérience ?

Rodrigo – Ici on est heureux, le site est magnifique, on mange bien, et entre nous ça se passe toujours bien, je suis déjà venu il y a deux ans.

J’ai énormément appris par ce festival. Le jeune chœur de Paris est une formation extrêmement complète, on fait beaucoup de musique contemporaine et ancienne aussi. Mais ici ça devient une vraie plongée dans le monde baroque, dans le style. Et les trois enseignants sont très pointus. Simon, Michel et Yvan font partie des pionniers du développement de la musique baroque en France et en Europe, avec la création de la fondation des Arts Florissants. Spécialistes, ils connaissent tout : les interprètes, les partitions, les instruments, les enregistrements, les grandes productions et créations baroques : pour nous, c’est un vrai régal.

C’est aussi une véritable formation. Nous avons par exemple des cours de diction anglaise. Chaque année, on développe davantage l’apprentissage des voyelles anglaises, le travail des consonnes, percussives et vocales. C’est riche et complexe à la fois, car on est sensés aller au maximum de l’interprétation tout en restant dans quelque chose de sobre et soutenu.

@! – Le niveau semble élevé, du moins à la hauteur des exigences de vos trois professeurs. Le monde baroque, aussi rigoureux soit-il, offre-t-il une atmosphère particulière par rapport à d’autres mondes de la musique ?

Elena RakovaElena – Il règne ici une très bonne ambiance et on a tous fait de belles rencontres. Je trouve que c’est un bon niveau, un niveau qui me correspond. Harmonieux et élevé, le niveau définit aussi l’ambiance. D’ailleurs les musiciens et les chanteurs s’entendent très bien entre eux. Il n’y a aucune différence, en tout cas je n’en ressens aucune. Ce n’est pas toujours le cas, du moins dans le monde lyrique. L’opéra par exemple, c’est complètement différent : les musiciens sont dans la fausse et les chanteurs dans un monde appart, très souvent les musiciens ne savent pas de quoi il s’agit. Au contraire, dans la musique baroque, les instruments sont très à l’écoute de la voix, du texte, et c’est une chose que j’ai remarquée : dans le monde baroque, l’écoute de l’autre est particulièrement intéressante par rapport à d’autres productions.

@! – Ce festival est un tremplin ou du moins un bon bagage pour la suite. Quels sont vos projets pour les prochains mois?

Rodrigo – Pour la suite, je prévois de chanter pour le Festival de la Chaise Dieu en Haute Loire, du 18 au 30 Août 2011. Puis en janvier prochain, avec Stagittarius, je chanterai à l’Opéra de Bordeaux « La Barca di Venezia per Padova », d’Adriano Banchieri – oui, un retour dans Sud Ouest que j’aime beaucoup, je deviens un habitué… Je chanterai ensuite avec un ensemble qui s’appelle Le Balcon, à l’Eglise Saint Merri, à Paris. En mars 2012, je participerai à un opéra rock sur ACDC, à Lille, avec une compagnie de théâtre/danse avec laquelle je travaille assez souvent. Et pour finir la saison, s’ensuivra en juin récital de musique romantique à l’opéra de Lille, avec un pianiste leader de Strauss, Alphonse Cémin.




Propos receuillis par Fanny Cheyrou

« Caecilia, virgo et martyr  » de Marc Antoine Charpentier, « Hail, bright Cecilia » (Ode à Sainte-Cécile) de Henry Purcell ce 7 août à 15h et 21h à l’Abbaye de St-Amand-de-Coly

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