Des inspirations parisiennes
Les artistes bordelais se voient ainsi regroupés dans des « blocs », représentant ces différentes inspirations parisiennes. Au prolongement d’Auguste Herbin, on retrouve de même Jean Maurice Gay, l’auteur de la première oeuvre abstraite à Bordeaux en 1939. Dans cette même lignée on peut remarquer les tableaux de Simone Colombier ou Pierre Sudré. D’autre part, Victoire Elisabeth Calcagni, Odette Boyer ou Marcel Pistre empruntent la démarche des transpositions de la nature, telle que proposée par Bazaine et Menessier, avec des traits et couleurs plus délicats donnant des formes floues et transparentes.
Il faut par ailleurs souligner l’influence d’un sixième artiste, venant cette fois du Lot-et-Garonne, Roger Bissière. Ses superpositions de lignes verticales et horizontales accompagnées d’un mélange de couleurs et de formes, sont aussi bien présentes dans les oeuvres de Calcagni (La cité lumineuse), qui semble y dépeindre un des HLM de la cité, que chez les artistes les plus récents, représentants de la nouvelle génération, Christian Gardair et Claude Lagoutte. Ce dernier va tout de même plus loi en fabriquant même des rouleaux faits à partir de bandes, cousues, découpées, recollées, imbibées de pigments récupérés lors de différents voyages.
Rendre hommage
L’exposition de Mérignac est, semble-t-il, la première à rassembler les oeuvres des artistes abstraits bordelais. « On les sentait bien délaissés après les années 70, on a donc voulu leur rendre hommage, d’autant plus que pratiquement aucun ouvrage ne leur est consacré. », explique Dominique Dussol, commissaire de l’exposition. La période concernée (1940-70) ne résulte non plus du hasard. « Les années 40 correspondent aux débuts de la peinture abstraite à Bordeaux, quant aux années 70, c’est à ce moment là que le débat identitaire avec les artistes figuratifs s’estompe, pour enfin disparaître. », précise Thierry Saumier. Si l’on parle de l’art abstrait de Bordeaux, on pourrait enfin s’interroger pourquoi celui-ci est exposé à Mérignac. « Il fallait bien trouver un endroit, étant donné que la ville n’est pas nécessairement intéressée. », conclut M. Dussol.
Piotr Czarzasty
Photos:Bernard Bonnel
Renseignements :
Exposition « L’art abstrait à Bordeaux (1940 / 1970) »
jusqu’au 10 janvier de 14h à 19h à la Vieille église Saint-Vincent.
Entrée libre.
Vernissage le 4 décembre 09 Tram A – Station Mérignac centre.
Renseignements : Actons culturelles 05 56 18 88 63 / 62.