Médoc : quand la viticulture retrouve les bienfaits de la nature


Dans le Médoc, comme dans toutes les régions de monoculture, la vigne a chassé la forêt, les haies, et nombre de refuges pour ce peuple "d'auxiliaires" qui est parfois un élément d'équilibre, et un précieux allié du viticulteur dans la protection de

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/11/2008 PAR Gilbert Garrouty

L’exemple de château Beaumont
La longue allée qui conduit au château Beaumont, à Cussac-Médoc,qui est en partie bordée sur sa droite d’une jachère fleurie en fin de végétation témoigne de l’engagement de la propriété de 105 ha de vigne dans une démarche environnementale. Ces quelques fleurs, comme celles encore bien épanouies d’un champ de phacéliesplus en retrait, en sont le volet le plus visible. Au total quelque 5 ha de jachères « mellifères, » dont l’une montrée aux visiteurs lors de cette journée portes ouvertes, est faite de trèfle incarnat. Mais il y a aussi des longueurs de jeunes haies -3,5 km-plantées sur film plastique, quelques champs de ronces, un petit étang et son écosystème avec des arbousiers chargés de fruits rougissants, un arbre sec habillé de lierre. Ainsi que l’explique Jean-Yves Mançais, chef de culture, tout cela est accompagné de méthodes « raisonnées », avec le travail de la moitié des vignes de façon traditionnelle, l’emploi d’un minimum de désherbant grâce à l’utilisation d’une machine munie de camera qui n’en distribue que là ou c’est nécessaire.Par ailleurs, le recours à la confusion sexuelle, limite fortement l’emploi des pesticides. Il n’en reste pas moins que tout ce déploiement ne suffit pas pour faire face à tous les problèmes, comme par exemple celui des escargots. La solution pour s’en débarrasser n’ a pas encore été trouvée, mais on cherche du côté des oiseaux, et même des hérissons qui, paraît-il, adorent les colimaçons!

Planteurs volontaires
Visite autour du chateau de BaumontEn tout cas, l’Association Arbres et Paysages en Gironde, qui est aidée par la région Aquitaine et le conseil général de Gironde, encourage fortement à la plantation des arbres et des haies. Et, ce pas seulement dans le monde viticole. Ses responsables invitent aussi les particuliers à s’y mettre. Mais il ne s’agit pas d’implanter n’importe quelles haies: pas question de « monospécifité », mais plutôt de biodiversité, c’est-à-dire de haies faitesd’un mélange d’essences locales. Celles de château Beaumont rassemblent en alternance, aubépine, orme, chêne liège et chêne pédonculé, cotoneaster, églantier, néflier, saules, etc. La contribution de l’association a permis à ce jour d’impanter 150km de haies en Gironde, et sa volonté est « de passer à la vitesse supérieure ». A cet effet elle recherche « des planteurs volontaires » comme l’a dit son président. La reconstitution des haies est considérée comme une réimplantation de la diversité qui favorise »l’habitabilité « des prédateurs et le maintien des équilibres. Elle peut servir -en « ZNT » (zone non traitée)- à jouer les écrans face au risque de pollution des eaux, et elle rompt l’uniformité des paysages. Les jachères mellifères sont quant à elles le paradis des abeilles, et un apiculteur est d’ailleurs installé à château Beaumont.

Bilan mitigé à Saumur
Reste à mesurer scientifiquement l’impact de ces « solutions » écologistes. C’est ce à quoi s’est attelé un enseignant-chercheur de l’ENITA de Bordeaux, de nationalité hollandaise, Maarten Van Helden, qui est également président d’une association de viticulture durable, laquelle intervient en tant que consultant sur quelque 13000 ha de vignes du Libournais. Mais c’est dans le cadre de la zone viticole Saumur-Champigny -où l’on en plante 10km de haies par an- que l’on tente de mesurer l’effet du retour de celles-ci. Il s’avère cependant « que les choses sont plus compliquées que prévu ». Seule l’eudémis (à l’origine du vers de la grappe) a semblé moins se répandre. Les cicadelles (porteuses du virus de la flavescence dorée) ne paraissent pas être handicapées par la diversité. Si bien que Maarten Van Helden se montre sceptique sur les effets positifs de celle-ci, au moins à court terme. Il prône cependant « de larges aménagements » collectifs plutôt que des initiatives dispersées. C’est cette évolution qui est mise en oeuvre en Saumur-Champigny. De plus, le retour des haies n’est pas neutre sur le plan des maladies cryptogamiqes et des gelées de printemps. Il faut prévoir des percées pour favoriser l’écoulement de l’air, et ne pas oublier de les maintenir basses….

Gilbert Garrouty

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