Thérèse Desqueyroux: ombres et lumière de la Grande Lande.


Editions du Livre de poche
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 04/07/2008 PAR Anne Duprez
Thérèse Desqueyroux, François Mauriac
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Il y a depuis tout temps une grande dualité chez François Mauriac: dualité des paysages qui l’ont façonné( » je suis né de l’alios de Saint Symphorien et de l’argile du Langonais » ) ; dualité des croyances familiales, entre un père anticlérical et républicain et une mère profondément catholique; dualité profonde de son être secret, porté vers les vents libres et parfois libertaires de la littérature et en même temps éternellement « enchaîné » à une famille, une lignée dont il est un maillon indéniable, lisse, bourgeois, poli en façade et dissimulant de sombres abysses dont ils façonnent ses personnages, souvent monstrueux.

Il y a tout cela chez Thérèse, qui est sans aucun doute le personnage le plus fort que François Mauriac ait créé. Car il l’a créée malgré tout. Et s’il s’inspire d’un fait divers réel, l’affaire Canaby, qui défraie la chronique au début du 20ème siècle, la copie s’arrête au moment où il décide de replacer Thérèse dans le milieu qu’elle exècre et qui l ‘a poussée au crime.

Résumé des épisodes précédents: Bordeaux, début du siècle. Un jeune homme de 18 ans à peine (François Mauriac lui-même) assiste au procès d’Henriette Canaby, accusée d’avoir tenté d’empoisonné son mari, courtier en vins des Chartrons. De cette Henriette Canaby naîtra Thérèse Desqueyroux, une vingtaine d’années plus tard. Henriette Canaby fut déclarée coupable, et incarcérée, un temps. Thérèse obtient le non-lieu, c’est sur cette décision que s’ouvre le roman. Ainsi Mauriac renvoie Thérèse chez son époux, Bernard, dans cette famille où s’étouffe son individualité, au profit du nom. Ainsi l’auteur va pouvoir disséquer les tourments de l’ âme de son personnage, avec la même acuité que celle qui signe la plupart de ses romans, analyses sans concession de l’âme humaine, avec -il est vrai- ce qu’elle a de plus noir.

Pourtant, et c’est ce qui fait là encore la force du roman, il y a une grande beauté dans l’écriture, lumineuse, de François Mauriac. D’une manière toujours magnifique il décrit la Lande, ce » pays de la soif », qu’il connaît par coeur, qu’il aime au point qu’il en ressent chaque souffle, qu’il souffre dans sa chair à chaque incendie qui en décime les rangs.

« La forêt ne me fait pas peur, ni les ténèbres. J’ai été créée à l’image de ce pays aride et où rien n’est vivant, hors les oiseaux qui passent, les sangliers nomades ».Thérèse est à l’image de cette Lande d’ombres et de Lumière, parmi laquelle on aime à se laisser perdre, pour mieux renaître dans la chaleur de ses été brûlants aux parfums de résineux, de menthe et de brume…

Anne DUPREZ

Thérèse Desqueyroux, François Mauriac.
Lire aussi Thérèse chez le docteur, Thérèse à l’hôtel et La fin de la nuit.

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