Présidentielles : le « speed-dating politique », nouvel outil de campagne testé par Manuel Valls à Bordeaux

Après quelques mots sur une campagne menant au choix, selon Manuel Valls, entre la méthode de Nicolas Sarkozy, « qui joue sur les peurs » et celle de François Hollande, « le candidat de l’espoir et de la crédibilité », le Directeur de la communication du candidat socialiste a sans surprise appelé à voter à gauche, non pas utile, mais « efficace ». Précisant que sa plus grosse crainte reste, avant même le risque de dispersion des voix à gauche, «la démobilisation des électeurs, d’autant plus dans la période actuelle difficile », il rappelle pourtant dans un paradoxe rhétorique typiquement politique : « je ne veux pas jouer la carte de la peur, mais le 22 avril 2002, il n’avait manqué en réalité que deux bulletins « Jospin » dans chaque bureau de vote… ». Sur ce fameux premier tour, fatal en 2002, Manuel Valls et son parti espère bien cette année faire en sorte que « François Hollande arrive le plus haut possible, pour permettre le plus large rassemblement possible au second tour».

Question courtes, réponses rapides
En attendant l’échéance, et avec cet objectif de convaincre, Manuel Valls s’est prêté, une heure durant, au jeu inédit en politique du « speed dating ».
En d’autres termes, il s’est agit d’un échange direct entre lui et une quinzaine de bordelais inscrits à l’évènement via Facebook. Des hommes, quelques femmes, des étudiants, des séniors, des retraités, des chefs d’entreprises, des acteurs de la société civiles, de « simples citoyens » visiblement d’horizon politiques divers, mais dans l’ensemble relativement conciliants, ont donc posé la question de leur choix au représentant de François Hollande… Spécificité de la démarche : des questions courtes pour des réponses courtes, théoriquement limitées à 5 minutes. « Théoriquement », car le minuteur servant de censeur aux échanges ne marchait pas…
Cependant, les règles ont été globalement respectées, assurant une dynamique d’échange intéressante et balayant un grand nombre de sujet de la culture, à l’hébergement d’urgence, en passant par l’université, les retraites, les discriminations, l’hôpital, l’économie, les PME, l’Europe ou encore les femmes.
Si la plupart sont, semble-t-il repartis visiblement satisfaits de cet échange, d’autres ont à l’inverse estimé ne pas avoir eu la réponse précise qu’ils attendaient, notamment sur le sujet des retraites limité par l’annonce de renégociations futures, et donc de fait à l’absence de solutions toutes prêtes.

Alain Juppé aussi se prête au jeu
Un constat tout de même : malgré la grande variété des sujets abordée, deux thématiques ne sont jamais venues à la bouche des bordelais ni de Manuel Valls, celles de l’environnement et des finances publiques… Les deux absentes de la campagne, n’étaient une fois encore pas au rendez-vous bordelais.
Une interrogation enfin: le temps politique est-il réellement fait pour la rapidité inéluctablement porteuse de simplification ? Le temps de l’échange politique est-il fait pour un rytme saccadé interdisant tout débat ou approfondissement ? ou bien croit-on avoir trouvé là, dans ces échanges « ping-pong » une nouvelle manière de séduire dans la courses aux votes…?
Il semble en tous cas que cette démarche de l’échange politique rapide soit déjà à la mode, puisqu’après Manuel Valls ce mercredi, c’est Alain Juppé pour l’UMP qui va se prêter au même type d’exercice, avec l’organisation « d’une soirée speed-dating » prèvue dès ce jeudi 29 mars à partir de 20h au bar l’O7 à Bordeaux.

Photo: Aqui.fr

Solène Méric