L’Europe victime d’un abus de mots.


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 14/06/2008 PAR Joël AUBERT

Toutes ces mines contrites, ces airs désolés et ces paroles au fort relents réactionnaires – oui Bernard Kouchner – sur le thème : ces irlandais, quand même, après avoir joui de l’argent de l’Europe l’envoient maintenant balader … tous ces mots sont de trop! En effet, on peut croire à l’Europe, vouloir l’Europe, se souvenir de Mitterrand et Kohl se tenant par la main à Verdun, ne pas oublier, non plus, cette rencontre avec le chancelier allemand à Bonn, moment passionnant passé à écouter cet homme, d’ailleurs raillé par la gauche française, dire, avec émotion, combien l’Europe sera pour toujours l’espoir de l’Allemagne, le socle en béton armé de la démocratie allemande. Et pointer du doigt, vingt ans plus tard, la maladie de l’Europe. Ouverte à tout va par idéal démocratique, après l’effondrement du bloc soviétique. Une Union portée sur les fonts baptismaux avant que n’aient été sérieusement posées des questions aussi élémentaires que la concurrence, celle qui renvoie aux niveaux de vie, à la fiscalité, à la manière de sauvegarder, en l’adapatant, une industrie bousculée par la mondialisation. Une Union, pariantde façon béate sur les seules vertus d’un marché unique qui, aujourd’hui, jette sur des routes bouffies de camions, et des aires dites de repos (!) ces forçats des temps modernes que sont leurs chauffeurs, souvent importés  » à bas salaires « , héros ou victimes (?) de cette si fameuse  » libre circulation des hommes et des marchandises ». Une Union qui vieillit et ne veut pas l’admettre. Une Union incapable de dire à l’Amérique, d’une seule voix, que son leadership lui crée des devoirs supérieurs et qu’elle ne peut plus vivre à crédit en gouvernant le monde. Oui, à force de vanter tous les bienfaits de cette Europe libérale mais incapable de parler simplement de choses compliquées, s’abritant derrière le pouvoir des circulaires et desservie par le refus du plus grand nombre des hommes politiques et des médias de s’y intéresser autrement qu’en temps d’élections ou de crises, on a séparé, provisoirement, l’Union des citoyens qui la composent. On en a fait le bouc émissaire idéal. Avant de jeter la pierre aux irlandais, messieurs nos gouvernants qui, déjà, veulent forcer les barrages, commencez donc par revoir votre vocabulaire. Et n’oubliez pas que l’année prochaine, au printemps, nous élirons nos députés… européens. Le chantier est grand ouvert. Nicolas Sarkozy qui va hériter de la présidence, pour six mois, dans quinze jours, ferait bien de s’en souvenir: il n’est plus temps de répéter que l’Europe a été sauvée grâce au traité de Lisbonne. Il faut revoir la copie.

Joël Aubert

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