Débat à Cenon avec Aziz Senni et Rodolphe Pedro : comment réussir quand on est issu d’une banlieue ?


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 10/04/2009 PAR Nicolas César

« Le réseau est fondamental. En banlieue, on n’a rien, on n’a pas le bon nom, le bon diplôme, on est condamnés à réussir », lance Rodolphe Pedro, patron d’une société de gestion de patrimoine, la Compagnie française de conseil et d’investissement, qui gère plus de 1 milliard d’euros pour le compte de quelque 4 000 particuliers et d’une centaine d’entreprises. « Entreprendre, c’est le dernier espace de liberté qui nous reste », avance celui qui a grandi dans la banlieue parisienne, en Seine-et-Marne. Aujourd’hui, Rodolphe, qui a réussi alors qu’il a arrêté l’école à 16 ans, veut tendre la main aux jeunes et aux non diplômés. A cet égard, il envisage de créer une Université de la finance qui formerait des non diplômés aux métiers de la finance. Et, pour cela, les formateurs iraient directement dans les banlieues. Dans sa société, 80% de ses employés sont des non-diplômés qu’il a formés personnellement.

« C’est dans l’échec que l’on apprend le plus »
Pour Rodolphe Pedro, la seule porte de sortie pour les jeunes des cités est de créer leur entreprise. « N’ayez pas peur ! J’ai déposé 5 fois le bilan avant de trouver le bon filon, mais c’est dans les échecs que l’on apprend le plus ». Aziz Senni, quant à lui, patron d’une entreprise de taxis collectifs, Ata, qui a passé son enfance à Mantes La Jolie, en région parisienne, incite les jeunes à cultiver leur réseau. « J’ai commencé tout seul avec ma voiture, je suis allé à des réunions avec des industriels du plastique et autres, auxquelles je n’étais pas invité pour me faire connaître et trouver des débouchés », raconte-t-il. Mais, « pour que ça marche, il faut avoir quelque chose à leur vendre », précise-t-il. Pour les aider, Aziz Senni a créé la BAC en 2005 (Business Angel des cités), au moment des révoltes dans les banlieues. Il s’agit de la première société de capital risque dédiée aux banlieues. Parmi les financeurs du fonds, on trouve d’importants mécènes, comme Claude Bébéar, le patron d’Axa. En trois ans, Aziz Senni est ainsi parvenu à lever 5 millions d’euros de fonds. De l’argent, qui permet de financer des projets de jeunes de banlieue et de donner à leur rêve une réalité.

« Tout est possible, même pour les jeunes des banlieues »
Dans la région, Mustafa Yidliz, vice-président du Mape, est lui aussi un exemple à suivre. Il a grandi dans la cité Palmer à Cenon, et aujourd’hui, après avoir décroché le prix Talent des cités en 2005, il est à la tête d’une société spécialisée dans l’électricité dans le bâtiment, qui réalise plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires. Pour autant, à moins de 30 ans, il n’a pas pris la « grosse tête » et habite toujours dans le quartier, afin d’aider les jeunes des cités à s’en sortir. « Ce sont des exemples à suivre. Ils nous montrent un chemin, que tout est possible », conclut Alain David, le maire de Cenon.

Nicolas César

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