« Les quatre routes » place l’homme à la croisée des chemins. Le vent porte sa voix. Incertitude, rythme du cœur, du sang qui bat au tempes, coule comme un torrent dans les veines, les routes multiples de la vie. Le marcheur face à lui-même s’interroge : où suis-je au cœur de toute chose ? La poésie de Joan Pèire Tardiu dit l’incertitude, en même temps que la perception, la sensualité de l’homme au monde.
Incertitude de la lecture aussi. La marche au fil du texte est incertaine ; scansion des mots qui ouvrent à plusieurs voies, plusieurs interprétations. Les routes sont aussi celles que la poésie emprunte, ou pas, jusqu’à nos sens. Elle emprunte et empreinte. La route choisie nous reste en mémoire, ses sensations aussi qui nous poussent maintenant vers une autre, prochaine et inconnue, à la richesse encore non dévoilée. A peine effleurée, comme « la peau caressée des chemins ».
L’édition, à deux voix, participe au voyage. Le rythme mystérieux de la langue occitane résonne comme une incantation. Formules magiques nées de la nuit des temps, essence et vérité de l’homme, qui dégoupillent nos dernières résistances à la trouble, évanescente et en même temps fulgurante beauté d’être au monde.
Anne DUPREZ
Editions Fédérop. Le Pont du Rôle. 24680 GARDONNE. www.federop.com