La littérature au temps du numérique : le livre tiendra-t-il le coup ? Nouveau débat à l’Escale du Livre


Renaud Camus
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/04/2008 PAR Piotr Czarzasty

Toutes ces questions, et bien d’autres encore, ont fait l’objet du débat mené, dimanche 6 avril au TnBA, par Alexis Brocas, journaliste au Magazine Littéraire. Elles ont été regroupées en trois thèmes – le rapport du numérique à la création, à l’information littéraire et enfin à l’édition.(sur le même sujet lire l’article d’Estelle Maussion le 29/03/2008)

Internet en création littéraire: utile mais pas indispensable

Alors que tous les quatres intervenants semblent considérer internet comme une révolution majeure pour le monde littéraire, certains ne s’empressent pas de reconnaître pour autant, que celui-ci ait changé leur manière d’écrire. « J’écris surtout des livres d’imagination, donc je n’ai pas besoin d’internet pour la création. » avoue David Foenkinos. Internet s’avère par contre assez utile pour Serge Joncour. « Quand j’écris un roman sur Prague par exemple, et je n’y ai jamais mis les pieds, je trouve alors sur internet les infos qu’il me faut. » Il continue : « … internet est tout ce que le Minitel n’a pas pu me donner. »

Le blog: un nouveau rapport à l’écriture ?

C’est l’éditeur Dominique Blanchard qui semblait le plus convaincu que Internet, les blogs en particulier, changeaient la manière d’écrire. « On est dans un rapport différent avec le lecteur ; c’est de l’instantané ; les critiques et commentaires apparaissent quelques minutes après la publication de notre texte en ligne. » remarque-t-il : « … il faut être donc plus clair et offensif dans l’écriture, mais plus rapide et court en même temps. » Les écrivains, plutôt que de parler d’une autre manière d’écrire, ont plus insisté sur ce rapport nouveau avec le lecteur que leur donne le blog ; et par conséquent cette multiplicité de regards « en direct » sur leur propre écriture.

Quand les lecteurs interviennent dans la création

frereantoinePresque tous semblent avoir été, notamment, enchanté par les possibilités des sites « Myspace ». « Les blogs ou des plateformes personnalisées comme Myspace, nous permettent surtout d’être plus accessible aux lecteurs. » souligne David Foenkinos : « … bien qu’il nous arrive de recevoir du courrier par l’intermédiaire de l’éditeur, mais c’est beaucoup plus facile et rapide par internet. » Dominique Blanchard a attiré cependant l’attention sur un autre phénomène du blog, bien plus marquant. « Sur un blog, les lecteurs sont à un pied d’égalité avec l’écrivain ; tout le monde se sent légitime pour écrire. » M. Foenkinos a osé employer ici une comparaison assez originale en décrivant cette interaction particulière. « Ce n’est plus comme si tu étais marié avec ton livre pendant deux ans en lui restant fidèle ; le blog ce sont de récurrentes infidélités, des doutes, des va-et-vient entre ta propre vision de l’écriture et ce qu’en pensent les autres. »

Plutôt feuilleter qu’appuyer sur une souris

Le regard sur l’écriture s’en est vu très rapidement modifié, au point que « …les écrivains qui ont leurs blogs refusent d’être édités, si l’occasion se présente. » avoue Emmanuel Adely. « Cela n’a pas d’intérêt pour eux ; car les informations sur papier vieillissent très vite, alors que le blog permet de les traiter de manière continue, de réagir spontanément. » ajoute Dominique Blanchard. Le livre traditionnel serait-il donc menacé ? « Non » répondent-ils de manière unanime. Le livre en tant qu’objet, que l’on peut feuilleter, où l’on peut marquer les pages, souligner des mots, garde en soi quelquechose de « magique ». « Le livre demeure un objet important. » affirme Serge Joncour : « Le lecteur a besoin d’un rapport intime avec le texte, qui soit en même temps physique et sensuel ; on préfère tous par exemple de lire allongés ; ce serait difficile devant un ordinateur. » Heureusement pour les amateurs de lecture traditionnelle, le livre n’est pas prêt à céder si facilement la place au numérique.

Piotr Czarzasty

Photos: mingnoi77; Renaud Camus


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