Une Odyssée noctambule de Bassens à Floirac


Ulysse était parti ce vendredi soir depuis la Médiathèque de Bassens pour errer toute la nuit sur les collines de la Rive droite, dans les eaux froides d'une brume persistante. A la suite du conteur Bruno de La Salle, une centaine de personnes fascin

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 15/11/2008 PAR Vincent Goulet

Bien plus qu’à un spectacle, c’est à un véritable voyage de près de huit heures qu’a été convié le public, une expérience à la fois physique et mentale, où l’imaginaire se joue de la fatigue pour tailler dans le temps de la nuit le diamant du récit homérique. L’Odyssée, donnée ici dans de larges extraits du texte original, a commencé à 18 h à Bassens pour se terminer vers une heure du matin à la M.270 de Floirac, en passant par le centre culturel de Lormont et la médiathèque de Cenon. A chaque étape, le public pouvait échanger ses impressions autour d’un verre et en partageant quelques vivres,ce qui renforçait le sentiment d’être embarqué dans l’équipée d’Ulysse.

Un conteur infatigable
Seul en scène, tel un aède, le poète épique de ces temps archaïques, Bruno de La Salle psalmodie l’Odyssée, soutenu par son orgue de cristal et le rythme de ses pas qui s’appesantissent au fil de la nuit.On se plaît à imaginer que les veillées de la Grèce antique ne devaient pas être bien différentes de celle-ci, bercées par le reflux d’anciens souvenirs que l’on croyait oubliés : la ruse pour échapper au sanguinaire Cyclope, la visite dans les Enfers où Ulysse rencontre sa mère morte, le passage de son vaisseau entre Charybde et Scylla, l’impitoyable massacre des prétendants…

Bruno de La Salle récite inlassablement ce monument de la littérature épique, en gravit les sommets et en dévale les pentes escarpées, trébuche parfois ou, les yeux fermés, scande le texte comme porté par le souffle rauque d’Homère. L’indéniable performance s’efface devant cette voix humaine qui, avec sa puissance et ses faiblesses, projette dans nos consciences contemporaines le verbe antique. Comme aujourd’hui, il est question de ruses et de banquets, de désir de vengrance mais aussi du devoir d’hospitalité.

« Faire circuler les publics »
Cette 6° édition de « Souffles nomades », manifestation culturelle intercommunale mise en place dans le cadre du Grand Projet des Villes, avait choisi cette année le thème de la Méditerranée. L’un des objectifs de la manifestation étant de faire circuler les publics entre Bassens, Cenon, Lormont et Floirac, l’idée de l’Odyssée s’est naturellement imposée. Maryse Doumax, la responsable du service culture et de la médiathèque de Bassens a alors songé faire appel à Bruno de La Salle, qui a depuis 40 ans contribue à renouveller l’art du conte et a créé en 1981 le Conservatoire contemporain de Littérature Orale.

L’itinérance à travers les quatre villes des Hauts de Garonne a donné toute sa saveur à cette épopée et n’a pas découragé le public, bien accueilli par les médiathèques qui avaient coordonné leurs efforts : partis à plus d’une centaine d’auditeurs à Bassens, ils étaient encore une quarantaine à Floirac. Pour ceux qui ont rejoint leur lit avant le retour d’Ulysse à Ithaque, il était bon de savoir que l’histoire continuait sans eux, que quelqu’un était toujours là pour la dire et d’autres pour l’écouter.


Vincent Goulet

Pour en savoir sur Bruno de La Salle : http://www.clio.org
Le programme de Souffles nomades, qui se prolonge jusqu’à la fin du mois de novembre, est disponible sur le site du GPV :  http://www.surlarivedroite.fr/agenda.asp?detail=84

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