Entre les lignes: « Eléonore ou les menus plaisirs » de Jean-François Lhérété.


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/08/2012 PAR Anne Duprez

Non « Eléonore ou les menus plaisirs » n’est pas un livre de recettes, même si l’intrigue se construit comme tel. Chaque intitulé de chapitre est le nom d’un plat qui, en plus de mettre l’eau à la bouche traduit parfaitement l’humeur ou les actes des personnages. « Eléonore ou les menus plaisirs » est un roman, et un bon.  L’histoire se déroule dans les années 1950, dans cette lumière que le temps a figée dans la fraîche clarté d’un matin, ou une brise légère fait s’envoler les robes en vichy et force les   dames convenables à se couvrir la tête de chapeaux à voilettes. Cette époque décalée est une vraie bonne trouvaille d’auteur. Un temps d’avant les micro−ondes, ancré encore dans une tradition parfois pesante mais porteuse de promesses de progrès, d’une certaine accélération soudaine de la vie, comme un imprévu intuitivement pressenti. A l’image de cette Eléonore, jeune oie blanche,  sage et malléable, belle : « Brigitte Bardot élevée chez les bonnes sœurs »… Eléonore, si jeune, est mariée, non pas de force mais quand même… au procureur Arthur Croquignol du Failly, notable de Périgueux, parti pour être  un vieux garçon heureux si ce n’était la bile malicieuse de sa tante Irène, richissime mais très garce. La vieille pie, de qui feu « Tatie Danièle » aurait pu apprendre beaucoup, refuse de coucher Arthur sur son testament s’il ne trouve pas femme et ne procrée pas enfant avant qu’elle passe l’arme à gauche. Eléonore au teint de lait se sacrifie  sur cet autel de fortune. Mais il faut toujours se méfier du lait, quand il est sur le feu… et au chapitre « Cuisses d’oie confites » Eléonore se métamorphose, prend le taureau par les cornes, remonte le soufflet qui dégringolait mollement et saisit les rennes de son vrai destin… Désolée, chers futurs lecteurs d’ « Eléonore ou les menus plaisirs » je n’en dirai pas plus, car il serait injuste de déflorer le piquant de cette histoire, pour laquelle, comme en toute recette secrète, chaque entrée d’ingrédient compte dans la réussite finale, et dans le plaisir de la dégustation surtout. Sachez seulement que vous trouverez là une écriture où affleure la malice, des situations fumantes, souvent à mourir de rire et des personnages aux petits oignons décrits avec beaucoup de sel  (« Il avait l’air de sortir d’un semainier où on l’aurait oublié depuis le front populaire »…). Dégustez sans crainte ce très bon cru à l’aveugle, vous n’en ressentirez que mieux toutes les saveurs.

Anne DUPREZ

 

Eléonore ou les menus plaisirs, accompagné des meilleures recettes d’Eléonore. Jean-François Lhérété, éditions Confluences.

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