Mérignac: A la découverte du fabuleux destin d’Henry de Monfreid


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 15/02/2011 PAR Aymeric Bourlot
Drôle d’histoire que celle d’Henry de Monfreid (1879-1974). Qui de mieux que son petit-fils, Guillaume de Monfreid, architecte, urbaniste et écrivain pour la raconter ? Issu d’une famille aisée, Henry prend vite goût à la mer et à la liberté. Liberté qu’il ne trouve pas dans sa vie et qu’il part chercher à Djibouti. Une installation difficile l’attend, mais une constante envie de découvrir et une faculté à s’émerveiller de toute chose lui permettent de s’adapter. De 1913 à 1947 il écumera les eaux littorales de la corne de l’Afrique, devenant tour à tour trafiquant d’armes, de drogues, fabricant de nouilles ou chercheur de perle pour gagner sa vie, parfois dans l’illégalité.Il se convertit à l’Islam et devient Abd el-Haï (« l’esclave du vivant »), un nom qu’il honorera durant ses incroyables aventures maritimes, s’énamourant d’Armgart Freudenfeld, fille du Gouverneur allemand de l’Alsace occupée, survivant à de nombreuses tempêtes et parvenant à déjouer la méfiance des autorités anglaises (ce qui lui vaudra plus tard le nom de « sea wolf » -loup de mer-).
 
L’aventurier devenu écrivain
Mais Henry de Monfreid, ce n’est pas seulement des aventures folles, c’est aussi des rencontres marquantes avec des populations et des cultures très variées, ou avec des personnages plus illustres, comme l’artiste Jean Cocteau, le philosophe Pierre de Chardin ou un autre aventurier, mais aussi journaliste-écrivain, Jospeh Kessel. Revenu en France en 1947, il s’installe à Ingrandes, un petit village dans l’Indre. Riche de toutes ces expériences africaines, Henry de Monfreid se met à l’écriture de romans et de nouvelles. En tout il écrira plus de soixante-dix ouvrages, dont certains deviendront des grands succès. (« Les secrets de la Mer Rouge», « Aventure de mer », « Les derniers jours de l’Arabie heureuse ») Egalement peintre, photographe et musicien à ses heures perdues, Henry Abd el-Haï de Monfreid est donc l’un des personnages les plus complexes et mystérieux du XXème siècle. Véritable mythe dans les pays bordés par la Mer Rouge, son histoire fascine encore aujourd’hui et inspire de nombreux artistes.
Pendant près d’une heure trente, les quelques cent cinquante spectateurs qui remplissent l’auditorium restent scotchés aux lèvres du petit-fils de l’illustre personnage. Avec beaucoup de recul par rapport à ce qu’a vécu son grand père, Guillaume de Monfreid parvient tout de même à faire vivre son récit, qu’il émaille de commentaires, de souvenirs et de lectures des nombreuses lettres qu’Henry envoyait en Europe. Des lettres qui témoignaient déjà d’un penchant affirmé pour l’écriture et qui donnaient une vision très précise de sa position. C’est en grande partie grâce à cette correspondance régulière, qu’on a pu retracer le périple maritime d’henry de Monfreid. Un périple qui l’a vu naviguer sur presque toute l’étendue de la Mer Rouge.

Un film qui retrace son voyage en Mer Rouge

Refaire la traversée en respectant le plus scrupuleusement possible, le chemin parcouru par Henry de Monfreid pendant plus de 30 ans, c’est justement le pari qu’a relevé Vincent Dumesnil accompagné d’une équipe de marins. Un long voyage qui a fait l’objet d’un film documentaire intitulé « Nizwa, dans le sillage de Henry de Monfreid ».
Réalisé par Vincent Dumesnil, présent pour l’occasion, le film a été diffusé après la conférence de Guillaume de Monfreid. Véritable carnet de bord audiovisuel, il montre l’évolution du groupe au quotidien, les difficultés rencontrées dans la navigation, les paysages découverts et les populations fréquentées. Ce qui est frappant, selon Vincent Dumesnil, c’est de voir à quel point certains lieux ou certaines réalités sociales et culturelles sont toujours proches de ce que décrit Henry de Monfreid 90 ans plus tôt. Un avis partagé par Guillaume de Monfreid, lequel insiste sur l’immense importance de la tradition dans ces cultures africaines et sur le caractère dominant d’une nature que l’homme ne peut pas changer.
Ainsi l’influence d’Henry de Monfreid sur les pays de la Mer Rouge et son apport dans la connaissance que l’on a aujourd’hui de cette zone sont immenses. Comme le dit son petit fils avec humour, Monfreid est un peu l’ « anti-Rimbaud ». Là où le poète s’ennuyait et le déclarait ouvertement dans ses œuvres, la vision d’Henry de Monfreid est plus axée sur la curiosité et la découverte. « Un besoin d’aventures qu’il ne voyait pas comme une source de risque ou un risque d’échec face à l’inconnu, mais comme une invitation à la liberté » conclut Guillaume de Monfreid, fier de pouvoir faire (re)découvrir le destin hors du commun du personnage épique qu’était son grand père.

Au-delà de cette soirée riche en émotions et de ce cycle sur le Yémen et l’Ethiopie qui se finira le 19 février, la Médiathèque de Mérignac propose tout au long de l’année des expositions, des rencontres, des débats, des lectures, des visionnages et autres animations afin de mettre en lumière différents aspects de la culture locale, nationale et internationale. Prochains thèmes abordés, l’art, le cinéma, les nouveaux médias, la photographie, la jeunesse. Un programme complet qui n’a pas fini de surprendre les visiteurs.

Médiathèque de Mérignac, 19 Place Charles de Gaulle à Mérignac
Tél. : 05 57 00 02 20
Plus d’informations sur le site de la Médiathèque de Mérignac : http://www.mediatheque.merignac.com/

Crédit photo : Aqui.fr

Aymeric Bourlot

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