Entre les lignes : Moskova, une nouvelle de Anne Secret


In8
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 29/02/2012 PAR Olivier Darrioumerle

Sur une ligne de métro ou dans une salle d’attente, on attend… Mais avec une nouvelle entre les mains il nous manque toujours quelques minutes pour terminer le chapitre suivant. Et au prochain arrêt c’est terminé, le point final est au rendez-vous. En définitive une nouvelle se lit comme on écoute un album, en appréciant quelques mots alignés sur un rythme éphémère. Les éditions In8 sont spécialisées dans le genre. Un genre mineur disent les biens pensants bien trop Français pour être honnêtes.

Un Homme coincé dans la machine de l’Histoire
Après Jean Bernard Pouy et Franz Bartelt, c’est au tour d’Anne Secret de nous révéler une photo d’un monde pas laid, mais pas beau non plus. Un monde bien réel, sans artifice, plongé dans l’Histoire. L’Histoire des Hommes avec un double H majuscule.

C’est Anton que l’on suit, que l’on quitte et que l’on revoit dans les yeux d’Heloise, une bibliothécaire dépressive qui habite le quartier de la Moskova. Il se présente aux douaniers français sous le nom de Dieter Roth, né à Lubeck, ex-RDA. « Un grand type en manteau usé. Visage étroit, regard sombre, cheveux bruns plaqués en arrière » . Anne Secret, avare de descriptions, arrive tout de même à esquisser un personnage au bout du rouleau, traqué sûrement par son passé.

Anton vient de quitter la RDA, après la chute du mur de Berlin. Il est plus russe qu’allemand, et moins socialiste que Français. Autant dire que l’ex RDA n’est pas son pays. Aujourd’hui ce serait un traducteur franco-russe, « doué pour les langues comme tous les slaves », rien de plus banal. Il s’est réfugié dans un quartier parisien qui s’appelle Moskova comme pour lui rappeler que l’Histoire ne l’oublierait pas. Sur ce quartier, la nuit se couche, il pleut souvent. Aussi terne soit-il, le quartier ne laisse jamais les hommes seuls.

Anton c’est la fuite en avant. Les réminiscences permanentes d’un passé trouble. Il voudrait bien disparaître sans mourir, quitter seulement l’Histoire sans faire de bruit, ni déranger personne, mais les mécaniques kafkaïennes ne s’arrêtent jamais. Et souvent elles broient l’existence des anonymes.

crédit : In8 

Olivier Darrioumerle

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