Fruits anciens : l’opération sauvetage du Conservatoire végétal d’Aquitaine


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/05/2013 PAR Elodie Souslikoff

La madeleine de Cadillac : Jaques Faugère, responsable départemental de l’association au Conservatoire végétal d’Aquitaine, espère bientôt retrouver cette variété de pêche qui était autrefois cultivée dans sa localité d’origine, la vallée de la Garonne. Bénévole depuis une dizaine d’années au sein de l’association, cet ancien fonctionnaire explique d’un oeil éclairé sa passion pour une terre « généreuse ». « Chez nous, c’est un eldorado, on ne se rend pas compte! Ce qui me motive, c’est que l’on a une mine de biodiversité au conservatoire. Cette richesse est incroyable. » Déplorant l’avènement de la monoculture et la perte du savoir-faire traditionnel, ce passionné espère redonner aux plus jeunes l’envie de cultiver d’anciens fruits. La majorité des bénévoles est en effet plutôt âgée : « On est souvent des anciens, des gens de la terre. Regardez nos mains! » ajoute-t-il en découvrant une paume de main que le travail de la terre a recouvert d’une corne blanchâtre.

Décimés par l’agriculture moderne

Quand ces fruits ont-ils commencé à disparaître? Evelyne Leterme, la directrice du conservatoire, explique qu’ils sont en fait issus d’une agriculture traditionnelle, où les arbres fruitiers étaient associés à d’autres cultures, comme la vigne. Mais ils auraient été arrachés dans les années 1970, avec la modernisation de l’agriculture. Le parc naturel régional des Landes de Gascogne et l’université de Bordeaux se sont alors inquiétés de la disparition à venir de ce patrimoine. Evelyne Leterme a ainsi réalisé une thèse sur le sujet. Et créé le conservatoire. Si l’activité existe depuis 1979, le conservatoire n’existe officiellement que depuis 1996.

L’esthétique comme critère de commercialisation

Concrètement, le conservatoire recherche d’anciens fruits sur tout le territoire aquitain, à partir d’archives bibliographiques et de recherches antérieures. Evelyne Leterme confie avoir prospecté pendant plus de dix ans dans des fermes traditionnelles à la recherche de ces fruits oubliés. Aujourd’hui, entre deux et quatre arbres sont plantés par variété (près de 2000 en tout) sur les 12 hectares du verger du conservatoire. Afin de « multiplier » ces variétés, le conservatoire travaille en partenariat avec des pépinières. Les plants sont ensuite récupérés et vendus au grand public, mais aussi aux producteurs ou professionnels (paysagistes, aménageurs, conseils généraux ou mairies). Près de 30 000 plants sont ainsi écoulés chaque année. Parallèlement, Evelyne Leterme mène des expérimentations pour déterminer, par exemple, les variétés qui résistent le mieux aux maladies sans traitement. Il peut s’agir en effet d’une caractéristique de ces fruits, qui peuvent aussi être riches en polyphénols (un antioxydant naturel). Mais s’ils ne sont aujourd’hui pas commercialisés, c’est parce qu’ils ne répondent pas aux critères de vente, « qui n’on rien avoir avec la qualité des fruits » selon la chercheuse : esthétique, couleur, taille etc. « A un moment, on appelait les pommes par leurs couleurs : jaune, verte ou rouge. Celles qui ne correspondaient pas à ces couleurs étaient alors exclues des schémas de vente » poursuit-elle.

Un verger-musée ouvert au public

Afin de faire connaître cette richesse souvent méconnue du grand public, le conservatoire a ouvert une partie de son verger au public. Situé à Montesquieu dans le Lot-et-Garonne, on peut y déguster les fruits en les cueillant directement sur l’arbre. Des expositions ainsi que des stages de formation sont organisés tout au long de l’année. Pour fonctionner, l’organisme dispose d’un budget de 700 000 euros par an réparti entre les subventions du Conseil régional d’Aquitaine et des cinq départements de la région, mais surout de la commercialisation des plants et la cotisation des adhérents de l’association. Faute de moyens, le conservatoire n’a cependant pu se pencher sur la recherche des légumes anciens, ce que regrette sa directrice : « il y aurait de quoi faire! » glisse-t-elle.

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