Les choix d’Aqui : Les Beaux Gosses de Riad Sattouf, portrait d’ados réaliste et cru


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 13/06/2009 PAR Thomas Guillot

Riad Sattouf, dessinateur de bandes dessinées, passe pour la première fois au format cinématographique. Vous l’avez sûrement croisé dans Charlie Hebdo ou dans son excellente série Pascal Brutal. Son sujet de prédilection : les adolescents. Dans son Manuel du Puceau ou Retour au collège, romans graphiques de ses premières heures, il a déjà fait le tour du sujet. Le réalisateur idéal, affranchit des codes du cinéma français, pour réaliser le teen-movie qui manquait à la France. A l’opposé de Lol et de toutes les niaiseries qui mettent en scène des adolescents propres sur eux, Les Beaux Gosses dresse le portrait de la marge des adolescents, celle que l’on ne voit jamais au cinéma.

La vie secrète des jeunes
Ils sont moches, boutonneux, marginaux, bêtes comme leur pieds, malhabiles avec les filles et constants dans la moyenne. En se focalisant sur les antihéros collégiens, Riad Sattouf prend le contrepied du spectateur, sûrement convaincu d’avoir vécu une adolescence sans histoire. Il présente une réalité à mille lieues de nos agréables souvenirs de collège. Le film sonne pourtant juste. Les réactions des jeunes élèves sur la mort, l’amour, les filles et tous les sujets d’actualités sont à la fois extrêmement drôles et d’une redoutable finesse d’analyse.
Les répliques fusent, les farces sont cruelles et aucun adulte ne semble s’en soucier. Le collège est une manière de société bestiale où l’apparence et la popularité permettent à certains d’asservir le reste du troupeau. Frôlant la pose naturaliste, le film pâtit de petites baisses de rythme à certains moments, préférant mettre en avant les savoureuses saynètes de vie quotidienne. Autant de petits moments drôles ou poétiques qui viennent aérer la trame principale. Par exemple lorsque la directrice vient annoncer la mort du professeur de biologie, la première réaction est de demander si le contrôle aura lieu comme il l’était prévu.

Losers magnifiques
Point commun avec Entre Les Murs ou L’Esquive, faire appel à de jeunes acteurs non professionnels. Vincent Lacoste et Anthony Sonigo, les deux têtes de vainqueurs, impressionnent autant par leur look (le mulet, les appareils dentaires, les fringues) que leur répartie (« Elle a les yeux bleus comme du canard WC »). Dans le reste du casting, on retiendra Aurore (Alice Tremolières), la copine d’Hervé, la mère envahissante (Noémie Lvovski), la directrice du collège (Emmanuelle Devos, épatante en seulement trois scènes), l’altermondaliste « malvoyant » délégué de classe…
L’ensemble du corps professoral figure comme aussi largué qu’incompétent, les parents ne comprennent rien, les petits cons populaires ou les geeks du fond de la classe n’ont jamais paru aussi réalistes. D’ailleurs, il est intéressant de voir l’évolution dans le cinéma de cette frange de la salle de classe. Alors qu’autrefois, ce genre de personnage était relégué au second plan, son défaut social était rattrapé par une redoutable intelligence. Cette fois-ci, non seulement les marginaux sont en tête d’affiche mais en plus ils sont stupides. Heureusement, pour s’occuper il reste les filles ou, la plupart du temps, la branlette.

Thomas Guillot

Les Beaux Gosses, comédie adolescente écrite et réalisée par Riad Sattouf, avec Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, Alice Tremolières…

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