Yorokonde, la librairie Manga indépendante d’une nana qui ne l’est pas moins


Isabelle Camus
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/01/2011 PAR Isabelle Camus

Il y a encore peu,  Bordeaux comptait quatre librairies spécialisées Bande Dessinée  (hors enseignes culturelles,  librairies généralistes, d’occase, jeunesse ou décalées). Suite à la fermeture de Bédélire en 2008 et d’Oscar Hibou en 2009 – traumatisme pour tous les aficionados de la bulle – ne restent plus que BD Fugue et Album comme acteurs indépendants du livre où le capital appartient au propriétaire. Un chiffre à nuancer depuis peu par l’ouverture de Yorokonde, une librairie exclusivement Manga aux consonnances  qui fleurent bon Les Sept Samouraïs et dont le sens, pour ceux qui ne maitrisent pas le japonais, se traduit par « avec plaisir » !

Un genre qui ne compte pas pour des prunes
N’en déplaise aux puristes qui regardent de travers les formats poche qu’on lit de droite à gauche en commençant par la fin, le Manga représente 45% du chiffre d’affaires du marché national de la Bande Dessinée. C’est la plus forte progression en chiffres de vente. Près d’une bande dessinée sur deux  éditée en France est un manga, pour un pays en deuxième position de consommation du genre après le Japon et devant les Etats-Unis. Une réalité dont les éditeurs mesurent bien, désormais, l’importance. À commencer par Glénat – merci Dragon Ball ! – dont la santé financière doit beaucoup à la culture Manga. C’est justement avec la série créée par Akira Toriyama qu’Emmanuelle a grandi. « Il y a plein d’amateurs de Manga à Bordeaux, mais très peu de librairies vraiment spécialisées, alors qu’ il y en a partout ailleurs » constate celle qui, pour  aussi jeune qu’elle soit, a déjà pas mal vadrouillé. Quelques années au Mexique où elle a passé son bac, un an au pair aux Etats-Unis, puis Montpellier avant de retrouver Bordeaux ont surement contribué à lui donner la capacité d’oser. Un local sans droit au bail, un investissement d’environ 35 000 euros composé d’un emprunt NACRE, d’un emprunt Caisse Sociale, d’un prêt bancaire complété par un PCE  et d’un capital propre ont donné corps à son projet. Une vitrine aménagée, une enseigne pour une meilleure visibilité, un vrai site internet  et un système informatique  performant lui donneraient une touche finale bien méritée. Ne manque que l’argent.

Shonen, Shojo et Seinen
Tapissé de ses mètres linéaires de livres neufs, proposant quelques produits dérivés mais très peu, le manga shop est bien une véritable librairie. Et chaleureuse avec ça ! Un escalier metallique en colimaçon style art nouveau, du lambris, des poufs, un tapis, un espace lecture/salon de thé, accueillent la clientèle de passionnés. Tout y est. « Shonen manga  » pour les  garçons, « shojo manga » pour les filles, »seinen manga » pour les adultes. Le public visé par Emmanuelle étant surtout les collégiens, les lycéens et les étudiants qui investissent dans des séries généralement composées, au bas mot, d’une quinzaine de tomes.  Bien sûr que le Manga est une grosse machine bien huilée de qualité très variable ! « C’est pareil dans tous les secteurs », souligne Emmanuelle. Mais cette variété éditoriale produit aussi bien des sujets qui fâchent, entre violence et sexe, que de véritables oeuvres d’art ou des supports decommunication et d’éducation. Véritable exutoire dans une société trèsdure, le Manga est capable de produire des titres comme Une Vie Chinoise, récit d’un auteurchinois qui a vécu la vertigineuse ascension du Communisme de MaoZedong. Ou Les Gouttes de Dieu, une histoire  sur le vin écrite par Tadashi Agi et dessinée par Shu Okimoto. Une série en douze volumes élue meilleur livre du monde sur le vin  lors du Gourmand World Cookbook Awards 2009. Yorokonde est bien l’invitation à passer outre ses a priori pour découvrir les clefs d’un univers où Naruto a remplacé Tintin, et ainsi mieux comprendre ce phénomène qui donne aux jeunes le goût et l’envie  de lire. Comment dit-on bonne chance en japonais ?

*Les cosplayers sont les pratiquants du  cosplay, un mot-valise composé des mots anglais « costume » et « playing« , une sous-culture japonaise, et une pratique consistant à jouer le rôle de ses personnages (héros de mangas, d’animation japonaise, de tokusatsu, de films, ou de jeux vidéo) en imitant leur costume, leurs cheveux (avec une perruque) et leur maquillage.

Isabelle Camus

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