L’hymne à la joie de David Lescot au TnBA


P.Delacroix
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 12/11/2009 PAR Hélène Fiszpan

Cette fois, ça y est! La Direction générale des Affaires culturelles est passée et a livré son verdict. Les artistes sont priés d’évacuer les lieux, nous n’avons plus besoin d’eux, tout du moins de ceux-là. Drôle de message sur l’Europe qui nous parvient. Pas vraiment celui technocratique et imbuvable dont les médias se font régulièrement l’écho, ni même celui plus politique dont on célèbre une partie de l’histoire ces derniers-temps. Celui-là est pus…atypique, artistique en somme, pour ne pas dire franchement incongru, aux vues des psychologies qui se succédent sur le plateau.

Sur scène, le débat est planté, le public visé, il sera question de dialogue, d »inter-compréhension passive » leitmotiv d’une linguiste wallone semi hystérique qui espère un jour voir disparaître les traducteurs (nous en l’occurence, éternels décrypteurs de ce qui se passe sur scène). Epaulée par la sous-déléguée des affaires culturelles, tailleur gris et chignon de rigueur, toutes deux auront à inspecter les démarches d’une petite dizaine de créatifs en résidence: un performer portugais paranoïaque et drageur, des musiciens « klezmer » souspçonnés de sentimentalisme, un poète français incompris et rageur, un compositeur venu réinventer l’hymne européen, etc. Autant dire que la compostion de l’Europe est haute en couleurs, à l’image du tailleur rose criard de la linguiste ou de l’incroyable pantalon jaune fluo porté par David Lescot lui-même! Rassurons-nous, il ne s’agit là que d’une fiction qui ne saurait témoigner de la réalité mais détournerait certains codes pour mieux les railler, isn’t it? Attention tout de même à l’ utilisation intempestive de l’anglais qui ferait sortir de ses gonds l’inconditionnelle Albine Degryse, pourfandeuse de l’anglicisme, excessivement drôle dans ses sorties pro- idiomatiques.

On l’aura compris, le tableau est rocambolesque, amusant et ironique, il dénonce gentillement les travers d’une Europe culturelle, machine à consommer des artistes aux destins plus qu’incertains et difficile terre d’asile de toutes les cultures. Porté par une troupe aux accents étrangers enjôleurs (il est si doux d’entendre un italien ou une slovaque parler français), le moment est agréable et musical, un poil timide, pas franchement mordant, parfois longuet mais jamais rébarbatif. On attendait un peu plus de folie sans doute, le metteur en scène a préféré tenir les rênes avant de franchir totalement le seuil de l’absurde.  Tant pis, on retiendra tout de même la mine bonhomme du compositeur, le juste ridicule du poète, les interpellations tempêtueuses de l’institutionnelle, et le rythme scandé par les « yes-no » de l’installatrice allemande Jutta N, rappellant vaguement un air connu de référendum. Des caricatures bien vivantes, qui nous rappellent que certains clichés ont la dent dure et pour cause…ils se fondent parfois sur une infime vérité.

Hélène Fiszpan


L’Européenne de David Lescot du 11 au 14 novembre
La Commission Centrale de l’Enfance de David Lescot du 12 au 21 novembre
Les 12, 13 & 14 novembre couplent les deux pièces : la CCE de 19h à 20h, puis à L’Européenne à 20h30.Tarif préférentiel de 29€ pour les deux pièces sur ces dates.

Renseignements: TnBA au 05 56 33 36 80 ou sur
www.tnba.org

crédit photo P.Delacroix

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