Présidentielle: Trois questions à Henri Emmanuelli : « Le score du FN est le résultat direct du travail de MM. Sarkozy et Guéant »

@qui ! : Le niveau du vote Front National vous a-t-il surpris ou vous y attendiez-vous?
Henri Emmanuelli : Sur le score du Front National, je suis beaucoup plus mesuré que ce que l’on peut entendre un peu partout. Après une crise de cinq ans, et un million de chômeurs de plus qu’en 2007, Marine Le Pen, fait (seulement) un point de plus que son père en 2002. Elle fait 17,90 %, et pas 20% comme on le lit partout dans les journaux. L’autre fois son père avait fait 16,8% au premier tour… Vu comme ça, ça relativise beaucoup les choses.
En revanche, je remarque que dans les Landes, le phénomène s’est multiplié par deux. Les agriculteurs font somation. Ca devrait d’ailleurs interpellerla FNSEA… Il y a également les gens qui se sont installés en milieu dit rural, mais qui sont en réalité dans les périphéries des villes. Ce sont eux les accidentés de la situation actuelle ; pour eux le vote FN traduit un sentiment de colère et de rejet contre le système en place.

» Pas un référendum pour ou contre Sarkozy «

Pour l’instant, je ne tire aucune conclusion de ces 17,9%. J’attends de voir ce que Mme Le Pen va en faire, et notamment au moment des législatives. C’est à ce moment-là qu’on pourra en tirer les réelles conséquences. Ce que je peux en dire, c’est que ces 17,9% sont le résultat direct du travail de MM. Sarkozy et Guéant ces dernières années… Mais bien sûr je ne boude pas mon plaisir concernant la première place de François Hollande dans ce premier tour. C’est une première dans l’histoire de la Vème République que le score d’un candidat dépasse celui du candidat sortant…C’est prometteur mais pour autant je tiens à appeler à voter Hollande pour le second tour.

@ ! : La gauche a-t-elle intérêt à faire du second tour, comme certains le suggèrent, un « référendum anti-Sarkozy »?
H.E.: Je n’aime pas du tout cette expression de « référendum anti-Sarkozy » ! Ce deuxième tour n’a rien d’un « référendum » ou alors c’est avoir une conception de la démocratie un peu réduite ! C’est une sanction de 5 ans de gestion. Les résultats économiques, sociaux, politiques et moraux sont là. Pour le second tour de cette présidentielle, on juge un quinquennat, on ne fait pas un référendum pour ou contre Sarkozy!

@ ! : Le durcissement inévitable de la campagne de second tour appelle-t-il une inflexion de la ligne de François Hollande?
H.E. : « Le durcissement »… Sarkozy est dos au mur, et il va faire preuve d’agressivité et de provocation, comme d’habitude. François Hollande, lui, reste calme et serein. Il est le candidat du changement et du renouveau, il ne va pas répondre à ces provocations. D’autre part, nous respectons les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, et nous comptons sur son soutien. A ces électeurs de voir s’ils veulent rééditer l’expérience de cinq ans de Sarkozy ou pas.