Inégalités et pauvreté(s) les Bruits de la Rue écoutent et comptent avec Louis Maurin


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 22/02/2013 PAR Solène MÉRIC

Pour Louis Maurin, les chiffres et données, sont des armes. Avec la création de l’Observatoire des inégalités, l’ambition était bien de permettre aux acteurs de terrain de « lutter à armes égales», contre les discours ambiants qui s’appuient bien souvent sur de belles courbes basées sur des études de la population nationale. Bien sûr Louis Maurin ne dit pas que ces chiffres sont faux ou truqués, loin de là, il suggère seulement, et c’est déjà beaucoup, qu’ils ne sont pas assez transparents, car trop globalisant. Mesurer le taux de pauvreté ou de chômage ou encore la qualité de l’habitat à l’aune de la population française dans son ensemble, c’est effacer tout ce qui fait justement la mosaïque de cette population: ses âges, ses genres, sa localisation, ses origines sociales… bref tout ce qui en creux peut-être sources d’inégalités.
Citant l’exemple du taux de pauvreté, les disparités ne serait-ce «que» territoriales sont impressionnantes. Dans un tableau affiché par Louis Maurin, Roubaix est à 46%, Versailles à 7%. Or, le taux de pauvreté moyen généralement admis en France est à 14%… Rien de mieux pour masquer ce que sont les chiffres et donc la réalité d’une partie des villes françaises.

« Sans chiffres, pas de débat »Si l’on affine à l’échelle de la ville de Bordeaux, le revenu médian entre les habitants du quartier Capucin-Victoire et ceux des quartiers Primerose ou Saint-Seurin, là aussi les écarts sont marquants… «La moitié de la population de la Victoire vit avec moins de 800 € par mois, la moitié des habitants de Primerose avec plus de 2600€ par mois», analyse l’intervenant… Une fois ces réalités en tête, établir un taux de pauvreté au niveau national, est certes exact mathématiquement, mais au final à quelle réalité renvoient ces chiffres? «Il faut se méfier des moyennes», prévient Louis Maurin.
Pour lui, c’est une faiblesse du système français, que de ne pas avoir d’informations claires sur les inégalités, contrairement au système américain « très transparent sur les données statistiques». Or souligne-t-il, «l’absence de chiffres donne raison à celui qui parle le plus fort». Un constat dérangeant dans un système démocratique.
Prenant soin de préciser qu’il ne faut pas non plus «être un fétichiste des chiffres», les courbes et diagrammes ont été nombreux à défiler sur le tableau de l’amphithéâtre ce jeudi soir, démontrant au final, autant de chiffres que de formes de la pauvreté.

« La reproduction de la pauvreté »Pour autant, pour Louis Maurin, ces chiffres peu réjouissants, ne doivent pas conduire au fatalisme. Celui-ci ne viendrait que cautionner cette ou ces pauvreté(s). Selon lui des choses sont à faire et parmi elles, il ne faut pas oublier de penser sur le long terme «en s’interrogeant sur la question de la reproduction de la pauvreté». Pour lui, c’est avant tout le milieu social qui explique fondamentalement un très grand nombre d’inégalités. Or, pour éviter la reproduction de la pauvreté, la priorité dans ce cadre est d’agir d’abord sur la question de l’Education, et il ne mâche pas ses mots: «un système d’intellos pour les enfants intellos», donc exclusif pour tout ceux qui n’arrivent pas à suivre. Et les 150 000 jeunes « décrocheurs » qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification, ne lui donneraient pas tort.

Lire aussi: http://www.aqui.fr/dossiers/index.php?id_article=8020&dossier=bruits

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