Un quartier palois participe au projet artistique global de JR « Inside Out »


Pau de colle
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 16/08/2012 PAR Olivier Darrioumerle

Julia, meneuse du projet palois malgré elle, avoue sans difficulté le caractère anarchique de l’organisation. « J’ai vu les limites de mon potentiel d’organisatrice ! », s’amuse-t-elle. Le projet, basé sur le volontariat, a réuni 420 euros. « Tout le monde était d’accord pour ne demander ni autorisation, ni subvention à la Mairie. » Résultat : pas d’autorisation pour monter des échafaudages et pas d’argent pour financer l’impression de gigantesques regards panoramiques. Juste de quoi payer l’impression de 64 portraits avec l’aide de l’artiste JR basé aux États-Unis. 5 euros l’unité au lieu de 20 euros normalement. « J’ai bien senti qu’on était dépassé, témoigne Julia, lorsqu’à deux heures du collage on était encore en train d’attendre les affiches en provenance de New-York ! »

Des êtres à voir

Inside Out à Pau, JR, quartier du Hédas

« Le but est de rendre visible l’invisible », explique Julia, artiste itinérante, tout sourire. Christian, cuisinier à la retraite, est devenu une petite célébrité dans le quartier grâce à son portrait sur les murs. « J’ai bossé dans les cuisines pendant 47 ans, toujours à côté de la société. Je ne m’amusais qu’après avoir régalé tout le monde. Je partais en vacance en novembre quand tout le monde se remettait au travail. » Simon, le photographe, cherchait la diversité, hommes, femmes, de toutes les couleurs, quand il est tombé sur ce bonhomme, béret vissé sur la tête au milieu de laquelle trône de grandes lunettes cerclées d’une monture dorée.

« J’ai une tête typique ou atypique ? Les deux peut-être… je trouve que j’ai un visage bouddhique », propose Christian sans rigoler. Assis en terrasse avec son ami Pierre, prof de yoga, ils conversent pendant des heures de la voie du Tao : «  le non agir dans l’agir », nous explique-t-il. « Pierre dit que la photo fait ressortir mon moi-intérieur. Je trouve que mon visage très reposé montre bien mon harmonie avec le monde. » Julia et ses amis ont voulu que les habitants s’interrogent. «Ni beaux, ni riches, ni célèbres, beaucoup se demandaient pourquoi on voulait les montrer. On les incitait à s’interroger sur ce qu’ils avaient envie de dire, alors ils faisaient une grimace ! » Rendre visible l’invisible c’était le but, créer du lien est arrivé ensuite.

C’est elle, c’est Eva !

Inside Out à Pau, JR, quartier du Hédas

« Les gens m’arrêtent pour me demander si je suis bien la personne sur la photo !, raconte Christian. Ce sont souvent de très jolies filles. C’est important lorsqu’on vieillit d’être entouré de beauté et de jeunesse… Tout me touche, mais quand cette belle femme que je voyais passer tous les jours devant moi sans me remarquer s’est un jour arrêtée pour me parler, j’étais heureux en sentant qu’elle avait une belle âme. » Soudain, une femme au port altier, cheveux roux, distinguée, s’arrête pour saluer Christian. C’est elle, c’est Eva ! Le philosophe du quartier d’abord se rétracte, puis ose une réponse. « Un homme ça s’empêche, disait Albert Camus, mais qui sait… petit à petit… »

Julia n’aime pas parler de liens, elle préfère parler de rencontres avec dans les yeux brillants d’une femme qui sait capter la magie qui l’entoure. « Il y a eu beaucoup de rencontres suite à l’exposition. Les associations qui habitaient dans le même quartier sans se côtoyer se sont mises en contact, les gens qui s’ignoraient se reconnaissent dans la rue, certains sont même tombés amoureux ! Il y a une aventure humaine, tout le monde prend sa place, conclut-elle. On sait tous réfléchir on ne demande qu’à briller.»

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