Médecins du monde : à Bordeaux comme ailleurs les migrants économiques de plus en plus nombreux


Claire Sémavoine
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/07/2012 PAR Claire Sémavoine

Le docteur et délégué régional de Médecins du Monde François Cougoul constate une progression exponentielle de la précarité à Bordeaux.Les chiffres parlent d’eux-mêmes  : 451 passages par mois en 2009, 759 en 2012.

Chaque matin, deux médecins (un seul il y a encore deux ans), une infirmière, un travailleur social, un psychologue et deux sages-femmes qui interviennent deux fois par semaine, accueillent et soignent un public qui n’a ni les moyens, ni parfois le droit de se faire soigner.

Bulgares, Roms, Africains mais surtout Tunisiens, Espagnols, Portugais, Grecs… La crise économique est bien la principale cause du nombre grandissant des patients qui se présentent rue Charlevoix-de-Villers aux consultations gratuites que dispensent Médecins du monde. Pour preuves, en 2011 à Bordeaux, 47,16  % des malades reçus par l’association sont issus de l’Union européenne contre 9,3  % d’Européens hors Union; 18,07  % sont Maghrébins.

«  Il faut se rendre à l’évidence. Entre l’augmentation des files actives et la réapparition de maladies qu’on pensait éradiquées, il s’opère actuellement un véritable retour en arrière. À Bordeaux comme ailleurs, il y a un réel déficit de CASO, de lieux médico-sociaux supplémentaires dédiés à ces populations  », se désole François Cougoul, délégué régional de l’ONG. «  Il n’est pourtant pas question de faire de la  »sous médecine »  », poursuit-il. «  Heureusement qu’entre les dons et les subventions et grâce aux bénévoles, nous parvenons à conserver une qualité convenable de l’accueil et de la prise en charge des patients. Mais pour combien de temps encore  ?  »

De la réapparition d’anciennes maladies…

Tuberculose, rougeole, gale, etc. «  Certains de nos patients se présentent ici avec des pathologies qu’on pensait éradiquées. Soit ils les ramènent de leur pays d’origine, soit ils se les transmettent dans l’endroit où ils ont trouvé refuge comme en squat par exemple  », explique François Cougoul. «  C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place des maraudes qui dénichent ces logements de fortune, toujours plus nombreux, afin de détecter et soigner des familles, parfois un groupe entier de personnes infectées  », renseigne-t-il.

… À la grande souffrance psychique.

«  Pouvons-nous seulement imaginer ce qu’a vécu un Afghan, qui après avoir parcouru des kilomètres entre Kaboul et Calais, dans des circonstances qui nous sont inconcevables, arrive à Bordeaux  ? Un est arrivé ici, complètement délirant, avec tous les ongles des doigts arrachés.  »

«  Lors d’une maraude, nous avons rencontré une jeune femme Ivoirienne, enceinte de sept mois. Elle errait dans la rue. Enfermée dans un profond mutisme, nous avons pourtant pu échanger avec elle quelques mots pour finalement apprendre qu’elle était séropositive, que l’enfant qu’elle portait était le fruit d’un viol et qu’elle n’avait aucun souvenir de son arrivée à Bordeaux. »

Par fortune, ce type de témoignages n’est pas habituel et les patients sont rapidement orientés vers des structures adéquates. «  Mais force est de constater que le nombre de personnes en grande détresse psychique qui sont repérées par l’ONG augmente lui aussi de manière significative  », conclut le docteur.

 

François Cougoul et son équipe recherchent d’ailleurs activement un psychiatre.

 

Quelles sont les missions de Médecins du Monde à Bordeaux  ?

L’objectif des 80 bénévoles ou salariés de l’ONG est d’offrir des soins gratuits aux personnes en situation d’exclusion ou de vulnérabilité. L’équipe pluridisciplinaire accueille les patients sans imposer de contraintes, les soulage de leurs maux en adaptant les pratiques médicales. Avec l’aide du personnel, certains parviennent à accéder au droit commun  : bénéficier des dispositifs publics de santé grâce notamment à la Couverture maladie universelle (CMU).

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