La Banque alimentaire fait sa rentrée dans l’inquiétude


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/10/2012 PAR Elise Lambert

Crée en 1987, elle s’était donnée pour objectif la lutte contre le gaspillage alimentaire et la malnutrition des populations défavorisées. Vingt-cinq ans plus tard, sa nécessité est toujours aussi forte.

Il est à peine dix heures et l’agitation se fait déjà sentir aux abords de l’entrepôt. Une sonnerie se fait retentir. « C’est l’heure de la pause ! » annonce Jean-François Runel-Belliard, bénévole à la BABG. Les équipes des différents « services », tri, commande, préparation, se regroupent dehors pour quelques minutes autour d’un café et de pâtisseries. Le soleil brille et la plupart des bénévoles sont arrivés dès 8h. Les conversations et les rires s’élèvent entre les vapeurs du café chaud. L’ambiance est décontractée.

D’énormes camions portant le logo de la Banque viennent se garer. Des camionnettes font la queue à la sortie des commandes. Chaque association vient chercher sa commande préparée la veille. Pour certaines ce ne sera que des produits secs; pâtes, riz, biscuits, pour d’autres ils rajouteront dans leurs chariots légumes, fruits, viande, produits laitiers et surgelés.

produits laitiers BA
 Dans les chambres froides, les commandes de produits laitiers sont préparées

Chantal Baille fait partie de l’équipe Saint-Vincent de Bazas. Elle vient tous les vendredis matins chercher sa commande. 220 familles viendront ensuite dans l’après-midi récupérer leurs colis. « Ce matin, je n’ai presque pas de viande. Il n’y en aura pas pour tout le monde » , déplore-t-elle. Même si la BABG est celle qui collecte le plus de produits frais parmi les 79 banques alimentaires françaises, elle en manque toujours. « Je viens depuis 2006. Avec notre association on distribue près de 20 tonnes de produits secs par mois ». Les familles aidées par Saint-Vincent sont envoyées par les services sociaux, les familles doivent s’inscrire. » En cette rentrée la demande est toujours plus forte », confie Madame Baille. « Les besoins touchent des populations très variées. Il y a beaucoup de femmes seules avec des enfants, des étudiants mais aussi de plus en plus de retraités. Ce n’est pas une population habituée à être assistée, alors ils viennent à reculons… » Le temps d’échanger quelques mots, il faut déjà partir car les familles comptent sur le vendredi pour apaiser leur portefeuille, et leur faim.

Au service du tri, on choisit les légumes et les fruits qui pourront être vendus. «  Tous les ans, on reçoit 1700 tonnes de denrées de la grande distribution », note Jean-François Runel-Belliard, « On en jette environ 200 tonnes ». On traque la laitue trop abîmée, la banane un peu trop tachée ou les carottes noircies . Sans tomber dans l’excès. « On essaye de garder le maximum de produits. Pour les fruits les plus avancés, on les envoie à la confiturerie de la banque qui a ouvert en 2011 ».

Aux pieds des légumes de saison s’entassent de nombreux produits exotiques et onéreux. Des cageots d’ananas, des figues de barbarie, des mangues, du gingembre, et même des cèpes dont on peine à voir les défauts, attendent preneurs. Comment jeter ces produits?

Alain est bénévole, il vient à la banque tous les jours depuis septembre 2011. En pré-retraite, de la situation de Ford-Blanquefort, « dont on a beaucoup parlé » rajoute-t-il. «  Je préfère être ici que retraité à 56 ans. J’ai eu une période psychologique difficile après Blanquefort, et ma femme m’a suggéré de venir ici. C’est proche de la maison et le bénévolat est quelque chose qui me tient vraiment à coeur ». Compter, trier, gérer les stocks, les commandes, une logistique qu’Alain avait déjà acquis en travaillant à Ford et qu’il a retrouvé à la banque.

A ses côtés, Alice, 70 ans, s’affaire à trier des sacs de salades. Concentrée, elle vient deux fois par semaine depuis trois ans. Elle a travaillé dans de nombreux endroits, l’animation, les services HLM, et assure qu’il y a une bonne ambiance même si « bon, ça dépend des équipes ». Elle regrette qu’il n’y ait pas davantage de jeunes. « Ca les concerne aussi » conclue-t-elle. Pourtant des jeunes il y en a quand même. Maxime a 19 ans il vient de l’ESSEC à Bordeaux. En « stage de terrain » de trois semaines à la BA il effectue le ramassage, le stockage et observe le fonctionnement de cette association fonctionnant comme une vraie usine. Avec les relations de pouvoirs que l’on peut connaître. « Il n’y a que des bénévoles, mais certains veulent faire leurs petits chefs » s’amuse-t-il.

Un peu plus loin, Emile 23 ans empile des cageots de raisins. Il est à la BA depuis un an en service civique, pour éviter « la tige ». Il avoue que cette expérience lui a donné des idées pour après. « J’aimerais travailler dans la restauration. A voir ces ingrédients tous les jours, ça donne des idées. »


code barre BA
Les associations scannent les produits qu’elles désirent acheter

En regardant la quantité d’aliments stockés dans les 5000m2 de la BA, on a du mal à croire que la banque alimentaire pourrait manquer. Pourtant si l’Union Européenne fournit encore 33,6% des approvisionnements via le PEAD (Programme Européen d’Aide aux plus démunis), son maintien n’est prévu que jusqu’à fin 2013. Au-delà, il faudra trouver de nouvelles sources d’approvisionnements. Mathieu, 26 ans en contrat civique à la BA reconnaît que depuis la rentrée la demande des produits est encore plus pressante. A l’arrière de l’entrepôt, des produits non-alimentaires sont disponibles, vêtements, petit mobilier, produits d’entretien. Pour lui, « il manque vraiment des produits hygiéniques. C’est presque aussi important que de se nourrir… Et cette année, on manque aussi de fruits et légumes.»

La BA ne se démonte pas pour autant et multiplie les initiatives pour améliorer ses services. Une cuisine solidaire est en chantier, elle sera inaugurée le 30 octobre prochain. Elle servira de lieu de restauration pour les bénévoles et proposera des ateliers-cuisine. « On compte aussi beaucoup sur la collecte nationale le 23 et 24 novembre prochain » ajoute Jean-Pierre à la commande.


commande BA
Mathieu et Grégory à la pèse des produits

Des événements pour donner un coup de pouce à l’association qui permet de nourrir près de 25000 Girondins. Sans oublier que la pauvreté, ne s’arrête jamais pendant l’année.

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