Cinq films à voir au Festival du Film Indépendant de Bordeaux


Fifib
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 15/10/2019 PAR Romain Béteille

Le programme du Fifib est chaque année plus éclectique : beaucoup de projections, certes, mais aussi des expositions, des invités et masterclass (comme le réalisateur James Gray ou le réalisateur Alejandro Jodorowsy), de la réalité virtuelle ou du jeu-vidéo musical en live, le terrain est plus que jamais expérimental. Il est aussi, Johanna Caraire n’a pas peur de le dire, assez féministe. Sur les films présentés, il y a pas mal de portraits féminins, autant une tendance globale qu’un choix de sélection volontaire. « On a souvent relégué les femmes à des rôles de second plan, le portrait féminin se libère aujourd’hui de ça. C’est un festival féministe. On a signé la charte 50/50 et on va publier les résultats bientôt. Sur la totalité de la compétition, 44% des films présentés sont réalisés par des femmes, en sachant que sur la statistique des films reçus, on est plutôt sur du 20%. On ne fait pas de quota de genre, mais la forte présence de femmes dans notre comité de sélection et le fait que beaucoup de femmes soient présentes dans l’organisation change aussi pas mal la donne ». 

1) « Adolescentes » de Sébastien Lifshitz

Le premier film de la liste, et aussi le seul documentaire de la sélection en compétition internationale, est une sorte de quête initiatique entre deux amies socialement opposées mais pourtant proches, qui a, en plus, le mérite d’être du cru puisqu’il a été tourné à Brive. Projeté le jeudi 17 octobre à l’Utopia en présence du réalisateur, il « suit la trajectoire de deux jeunes filles pendant cinq ans, en gros de leurs quinze ans jusqu’à leur BAC, l’une issue d’un milieu assez pauvre et l’autre plutôt bourgeois. C’est très émouvant, ce passage à l’âge adulte est filmé avec beaucoup de pudeur. Le talent d’un documentariste, c’est de bien choisir son sujet, or on voit qu’il se passe des choses assez extraordinaires dans ce film, dignes d’une fiction. C’est un film universel, très poétique et intense, loin de ce qu’on aurait pu imaginer en voyant le sujet ». 

2) « Un divan à Tunis » de Manele Labadi

Le duo d’ouverture et de fermeture, souvent très révélateur de la tonalité que les organisateurs veulent donner à leur festival, fait lui aussi le choix d’une forme de grand écart. La clôture invoque elle aussi un portrait féminin dans un premier long-métrage réalisé par Manele Labadi, « Un divan à Tunis ». « Les clôtures de festival sont toujours un peu tristes, on avait envie de quelque chose de joyeux et de réconfortant. Ça reste un film politique qui se passe en Tunisie avec Golshifteh Farahani, ancienne égérie du festival en 2014, dans le rôle-titre qui joue le rôle d’une femme qui ouvre un cabinet de psychanalyse à Tunis. Ce n’est pas anodin parce que dans la culture maghrébine, ce n’est pas vraiment quelque chose de répandu et d’ouvert, on est plutôt sur une culture du secret, très pudique. Ça donne des situations un peu cocasses mais ça reste un parcours féminin intéressant qui dit beaucoup de choses sur les origines et les différentes cultures ». Une comédie politique, donc, projetée en France à partir du 22 février et en avant-première pour le festival au CGR Le Français le lundi 21 octobre à 19h.

3) « First Love » de Takashi Miike

L’ouverture, elle, est plus pop, colorée, électrique et chorégraphiée presque comme un manga ou le jeu vidéo « Yakuza ». Ce n’est pas un hasard, puisque c’est justement l’une de ses thématiques centrales. Il est réalisé par Takashi Miike, qui compte beaucoup d’adaptations de mangas à sa filmographie, mais a choisi pour « First Love » un scénario original, celui d’un jeune boxeur amoureux d’une callgirl toxicomane poursuivi par des tueurs mafieux et un policier corrompu. « On voulait rester dans le décalage mais avec un film qui secoue un peu et que les gens puissent identifier tout de suite où ils étaient. Les films de Miike sont assez violents. Ici, ça suit plutôt une tendance à la Tarantino, avec une violence assez exutoire. Ça parle d’amour et de vengeance comme ça se fait beaucoup dans les films de yakusa. On en sort tout excités, c’est un cinéma très beau, qui a beaucoup de punch ».

4) « Demain le feu » de Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah

Le quatrième coup de projecteur convoque rien de moins que Gérard Depardieu à la voix off. « Demain le feu », film français réalisé par Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah, deux jeunes cinéastes de 27 ans, qui font leur première entrée dans la cour des longs métrages de fiction pour saisir un instantané de la France (à l’image du travail de la journaliste Florence Aubenas réalisé en 2014 dans son ouvrage « En France »), dans un calme relatif avant une tempête jaune fluo. « Un de mes films préférés, c’est « Le joli mai » de Chris Marker », démarre Johanna au moment de parler de ce documentaire projeté le dimanche 20 octobre à 17h30 au CGR Le Français. « Philosophiquement, il est très riche, il a été fait avant mai 68 mais on sentait déjà une tension dans la société de l’époque, les gens ne se parlaient pas, se montaient les uns contre les autres alors qu’ils étaient tous malheureux de la même manière et reliés par un espèce de fil invisible entre eux. Les deux réalisateurs se sont inspirés de ce film et ont voulu lui rendre un hommage. Ils sont partis pendant l’entre-deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen de Calais à Marseille. Ils ont été interviewer plein de gens, avant même le mouvement des gilets jaunes mais on le sent quand même arriver. Ils leur demandent s’ils sont heureux, s’ils ont de l’espoir. Même chez ceux qui se détestent, les réactions ne sont pas si éloignées. La voix d’Yves Montand est remplacée par celle de Gérard Depardieu, mais l’idées est la même ». 

5) « Poissonsexe » d’Olivier Babinet

Enfin, une fois n’est pas coutume, terminons donc par un autre régional de l’étape, une comédie d’anticipation réalisée par Olivier Babinet intitulée « Poissonsexe », tourné en partie à Contis les Bains, dans le département des Landes. C’est, sans aucun doute, le scénario le plus dingue de la sélection « Avant-Gardes », compétition de longs métrages français. « C’est un peu un ovni, un film très drôle qui parle aussi d’amour et d’environnement. Il se passe dans un futur proche dans lequel les poissons de ne reproduisent plus et où un océanographe va adopter un poisson un peu particulier (nommé Nietzsche, ça ne s’invente pas) et qui parle. L’acteur Gustave Kervern y est aussi hanté par la paternité, c’est un thème que l’on retrouve dans beaucoup de films cette année ». Parmi eux, « Énorme », quatrième long métrage de Sophie Letourneur racontant le fort désir de paternité d’un homme de 40 ans (Jonathan Cohen) face à une femme (Marina Foïs) qui n’a jamais voulu d’enfants ». Sortie officielle en avril, avant-première bordelaise le jeudi 17 octobre à 20h à l’UGC Ciné Cité. 

L’info en plus Pour découvrir l’intégralité du programme du festival (payant à hauteur de 60 euros en plein tarif sans réductions pour le pass sur toutes les séances dans la limite des places disponibles sauf ouverture et clôture), rendez-vous sur le site https://fifib.com.

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