A Biarritz, cet énorme Big Festival en agace !


Stéphane Lartigues et Félix Dufour
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/07/2015 PAR Felix Dufour

Originaire de Saint-Jean-de-Luz, contribuable biarrot, Sébastien Farran, est le petit-fils de Jean Farran qui fut directeur des programmes de RTL de 1966 à 1978 et le fils de Dominique Farran, journaliste pour Paris Match et chroniqueur musical sur RTL, à l’époque d’un autre costaud sur les ondes, Jean-Bernard Hebey; station pour laquelle il organise des concerts pendant 20 ans. Parmi ses principaux faits d’armes, les concerts de Ike et Tina Turner, Paul Mc Cartney ou encore les Rolling Stones en 1973. Ce démon de la musique, forcément, Sébastien l’a inscrit dans ses gènes.

Voilà qu’à 19 ans, l’ado croise la route de Didier Morville qui va se muter en JoeyStarr.  « Terror Seb », c’est ainsi qu’on le surnomme dans le milieu du show bizz devient le producteur de NTM. Et c’est tout naturellement que Sébastien Farran le choisit comme parrain de ce festival. La Côte basque et le renom de Biarritz en effet, lui ont donné envie de créer un grand festival qu’il appellera Big. Big parce qu’il s’éclate aussi sur trois sites: le stade Aguilera, la halle d’Iraty et la Côte des Basques où il installe un village. La ville de Biarritz qui, à l’exception de son feu d’artifice du 15 août, n’a pas de manifestation estivale d’audience et de retombées médiatiques nationales, parie sur l’événement et l’aide de manière très, très substantielle. Avec un avocat d’une grande efficacité, l’adjoint Michel Poueyts qui, outre la société Lightshot de Farran a impliqué ses amis basques d’Outre Bidassoa, Get In. Un organisateur qui accueille les plus gros concerts de stars étrangères, dont Joan Bez, Bruce Springsteen, et les Stones. Ils atterrissent à Biarritz et chantent…à San Sé…

Enfin pour finir d’attirer les mauvaises grâces des Biarrots au fil des ans, il s’est ajouté les restaurateurs en créant la Big cantine en confiant au magazine Fricote, la programmation gustative de sa Big cantine sur le site de la Côte des basques. Au menu, les restaurateurs branchouilles de Paname.

Et puis dernier coup de poignard: alors que Sébastien Farran se trouve à Los Angeles où il prépare la méga tournée de Johnny Hallyday dont il est devenu le manager, JoeyStarr envoie un brûlot dans lequel il explique qu’il ne remettra plus les pieds à Biarritz. Son ancien producteur lui devrait beaucoup d’argent et il se met à mélanger vie publique-vie privée. Une petite bombe à retardement à quelques semaines du Big Festival. De quoi pourrir l’événement? Cela n’a vraiment pas été .

Farran: « Mais qu’est-ce qu’elle a ma gueule? »

 

Si l’on en juge par les chiffres officiels de ce Big établis dès dimanche soir par l’organisation: le Big aurait reçu au total 68 000 festivaliers, la Big Boite en a enregistré 16 500 et dont 5000 le premier jour. le village de toile de la Côte des basques lui 34 000.Sebastin Farran

Installée sur la Côte Basque depuis 26 ans, Bastienne Beziat qui est par ailleurs trésorière de l’Anglet Surf Club, assure la régie du village de toile depuis sa création il y a six ans. Outre les restaurants et tentes des exposants, elle supervise la vingtaine de bénévoles -tous locaux- qui travaillent sous ses ordres. « L’installation du chapiteau de l’entreprise locale Vignau et dont le son et la lumière sont assurés par Ace Event, bien connu ici, a été un bonus indiscutable. Pour la première fois, nous avons constaté que les gens ne venaient plus selon les marées, mais se déplaçaient pour le contenu de ce village », commente-t-elle. Il faut savoir en effet que cette plage, désignée par Trip Advisor comme la préférée des Français est entièrement recouverte d’eau à marée haute.

« Nous avons eu deux soirées de folies avec 6000 à 7000 personnes, le 14 juillet et lors de la clôture hier soir (NDLR.-dimanche). Lors d’un premier débriefing nous avons constaté que quand il y a eu Johnny et les Chedid à Aguilera, le chapiteau a été bien moins fréquenté. Nous nous sommes faits en somme concurrence. Je pense que Sebastien en tiendra compte pour la programmation l’an prochain. En tous les cas, je suis vraiment satisfaite, sur les neuf jours, il n’y a pas eu un seul incident à déplorer ».

Réguler la programmation, un avis que partage Michel Poueyts, l’adjoint au maire. « Cela concerne aussi la Big Boite qui a culminé le premier jour avec 5000 clubbeurs pour redescendre ensuite puis remonter. Il faudra tailler dans les soirées. »

« Je dois avoir une gueule qui ne revient pas à certaines personnes d’ici, déclarait, en reprenant un titre de son Johnny préféré, Sebastien Farran sur le Blog Côte Basque people avec un certain dépit en milieu de semaine… Un intermède de blues avant de connaître finalement les chiffres globaux. Pourtant, dit-il, dans l’équipe d’organisation je ne prends que des gens d’ici… » 

Alors aurait-il du utiliser la recette miracle de Bruno Ledoux, le big boss de Libé qui a organisé une soirée printanière de plusieurs centaines de milliers d’euros au château d’Ilbarritz qu’il compte transformer en hôtel 4 étoiles? Histoire d’amadouer les locaux, il avait certes convié ce qui constitue son Tout Paris mais avait dispensé largement des invitations aux gens d’ici par l’intermédiaire de Facebook. La présence de certains notables très « le Pays basque n’est pas à vendre » n’avait d’ailleurs pas échappé à beaucoup d’observateurs.

Sans pour autant offrir un abonnement à l’année aux Biarrots au célèbre Caveau, Sébastien Farran doit assurément revoir un peu sa copie, déjà pour faire comprendre ses desseins. Ne pas créer sa propre concurrence. Réduire les soirées de la Big boite, en se basant sur ses points culminants, ne pas faire se télescoper les spectacles du chapiteau, installé pour la première fois, avec les Big concerts d’Aguilera. Missionner enfin la municipalité afin qu’elle mixe, comme diraient les DJ de la Big Boite, l’import du savoir-faire de Farran et la valorisation du made in Pays basque. Et pourquoi pas véritablement s’associer avec les Basques du sud de Get In -et leur carnet d’adresse- pour faire venir du lourd de l’étranger, style Stones, et en conservant toujours l’esprit labo musical qui a fait la crédibilité créatrice du Big Festival et qui a donné à ceux qui vivaient dans l’ombre l’envie de venir à Biarritz, quand ils se sont retrouvés dans la lumière. A Biarritz, avec un B comme Big. Evidemment.

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