À Poitiers, Covid oblige, The Beggar’s Ensemble donne un concert en vidéo


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 09/02/2021 PAR Julien PRIVAT

À l’auditorium Saint-Germain de Poitiers, on pourrait penser au premier regard que la scène revit. Ce mardi 2 février est un jour de concert pas ordinaire. Trois musiciens du The Beggar’s Ensemble offrent un récital. Face à eux – situation sanitaire oblige – aucun public. Si Augustin Lusson au violon baroque, Daria Zemele au clavecin et Matthieu Lusson à la viole de Gambe se produisent en « live », c’est pour capter une vidéo de musique ancienne et faire découvrir des compositeurs anglais du XVIIIe siècle. Une captation en deux actes pour assurer les prises et multiplier les fameux plans de coupe.
 
Proposer quelque chose malgré tout
Initialement, The Beggar’s Ensemble – en effectif réduit, ils auraient dû être six sur scène pour le concert – était programmé ce mardi 2 février à 20h30 dans le cadre de la saison Prima la Musica du conservatoire de Grand Poitiers. Une saison, semble-t-il, un peu compromise. « Nous n’avons pu organiser que le concert d’ouverture de la saison en octobre dernier (NDLR l’hommage à Beethoven par Alan Kenneth et le quatuor Hermione). Après, nous avons dû annuler toutes les dates programmées, certains concerts étaient à l’affiche pour la saison 2020… », explique Francine Jacquet, en charge de la programmation culturelle et de la communication écrite au conservatoire de Poitiers. Finalement lorsqu’Augustin Lusson leur a proposé une alternative au concert en public, le conservatoire a immédiatement accepté. « Nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire malgré le contexte sanitaire. Il fallait profiter de l’auditorium pour proposer quelque chose ». Il a donc réuni autour de lui des personnes avec qui il a « l’habitude de travailler », un ingénieur du son et un vidéaste, pour capter le concert.


Pour cet enregistrement vidéo, ce sera exactement le même programme que le concert. C’est-à-dire un récital nommé Gin Craze, en français dans le texte, la « folie du gin ». Il s’agit du nom d’un alcool devenu populaire auprès de la classe ouvrière britannique, et plus particulièrement londonienne entre 1688 et les années 1750. Ivresse et criminalité se sont développées à ce moment là… et finalement ce fut une période assez prolifique pour les compositeurs de musique baroque. Augustin Lusson a choisi de ressortir des archives des partitions souvent méconnues : « Nous avons travaillé sur les partitions que nous avions trouvées. Nous sommes parfois tombés dessus par hasard, reconnaît-il. Certains morceaux n’ont jamais été édités et d’autres sont souvent méconnus. Nous avons choisi de donner une vision hors cadre de ce répertoire baroque. »
 

Caméras et prise de son, il a fallu une journée entière et deux prises pour enregistrer le concert.

« Une période peu travaillée par les musiciens »
L’idée est de proposer un panorama du style anglais de l’époque. « Nous avons concocté un programme de cinq compositeurs vivant à Londres au XVIIIe siècle. Leurs œuvres sont peu jouées. Trois seront adaptées et enregistrées pour la première fois, confie Augustin Lusson avec passion. Le grand public connaît bien Henry Purcell (compositeur anglais du XVIIe siècle), moins les compositeurs du siècle suivant qui se sont inspirés des Italiens, mais avec leur identité propre. » The Beggar’s Ensemble permet de découvrir les Anglais, Richard Jones et Michael Christian Festing, l’Irlandais William Viner, ou encore les Italiens Claudio Roieri et Francesco Geminiani qui vivaient à Londres à l’époque. « Cette période-là est peu travaillée par les musiciens. Pourtant c’est une bonne musique », commente le jeune violoniste baroque.
 
Autour de ce concert, des événements étaient prévus, mais ils ont évidemment dû être annulés. Une conférence sur l’histoire de la facture du violon par Jean-Jacques Debaumarché (luthier) et Claire Berget (archetière) ou encore une scène ouverte autour du répertoire anglais réalisée par les élèves instrumentistes du conservatoire. Seuls les ateliers ont pu être maintenus avec les élèves du département musiques anciennes. Celui de Daria Zemele sur la musique de chambre autour du répertoire anglais et celui d’Augustin Lusson sur la technique du violon au XVIIIe siècle en Europe.
 
« Entre le concert et le studio »
Augustin Lusson a conscience du privilège de pouvoir se produire sur scène, mais visiblement il n’est pas entièrement satisfait. « Cet enregistrement se situe quelque part entre le concert et le studio. Pour nous, le plus important est d’avoir un échange avec les spectateurs. On recherche un peu l’énergie du live… On a hâte de pouvoir rejouer en public. » Puis, il le reconnaît, ça change aussi des répétitions à la maison. La pause est déjà terminée, il reprend le tournage en famille avec sa compagne Daria (c’est eux qui ont créé l’ensemble) et son père Matthieu. Une fois l’enregistrement achevé, il y a du montage à effectuer. « Le temps de tout remettre d’aplomb, le concert d’une heure devrait « sortir » la dernière semaine de février », promet-il. Il sera disponible sur la chaîne YouTube de The Beggar’s Ensemble et, il l’espère, sur le site Internet de Grand Poitiers.

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