L’actualité du roman noir – Déposer glaive et bouclier de James Lee Burke


Editions Rivages
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 22/04/2014 PAR Bernard Daguerre
Déposer glaive et bouclier de James Lee Burke
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Hack Holland, 34 ans, beau mec et qui le sait,  est un brillant avocat pénaliste, issu d’une ancienne et prestigieuse famille du Texas ; il se laisse agréablement porter vers une candidature comme député, tout en éclusant whisky, bière, bourbon…Mais l’homme est plus fragile qu’il n’y paraît : est-ce l’enfer qu’il a vécu comme prisonnier des Chinois pendant la guerre de Corée, 15 ans plus tôt ? comme un cauchemar, il le hante et lui ravage l’esprit.  Ou plutôt  ce qu’il pressent de mortifère de son futur, une vie  déjà toute tracée, entre mondanités préparées par son épouse et la belle et bonne aisance financière  promise par les barons du pétrole ?

Toujours est-il que, lorsqu’un ancien camarade de guerre, injustement emprisonné, fait appel à lui, il répond tout de suite présent. Et le voilà qui s’immerge dans un combat complètement à l’opposé de son actuel mode de vie ; il bascule, et le lecteur avec lui, dans le monde des travailleurs pauvres et de la lutte pour leur dignité, aidés par des syndicalistes. Les cueilleurs de coton et d’agrumes surexploités, Noirs et Mexicains, tentent de s’organiser et sont en butte à la répression brutale de la police locale et des milices patronales. Hack découvre aussi l’amour, en la personne d’une jeune et belle « activiste ».

La trame du récit ainsi décrite paraît peut-être bien romanesque et un peu manichéenne. Mais le talent de Burke est de garder de l’histoire tout ce qui peut l’apparenter à une parabole, et dans le même temps la transfigurer, la pétrir d’autres dimensions. Lorsque l’auteur « chante »

la beauté de la nature, noyée de couleurs, de sons et de parfums,  c’est parfois pour lui donner sa profondeur historique : il  y décèle les traces minuscules de ceux qui  vécurent avant lui dans ces contrées, Amérindiens ou Blancs.  C’est aussi pour mesurer la distance- presque le vide, inexplicable- entre cette splendeur majestueuse des paysages (fussent-ils aussi urbains) et l’action, souvent vile et cruelle, des hommes.

Le talent de Burke n’est pas seulement celui d’un écrivain de polars nous faisant découvrir la face cachée du Sud des E.U., à l’instar d’auteurs de la Série Noire maintenant  un  peu oubliés, comme Harry Whittington ou Don Tracy.  C’est aussi celui d’un immense conteur et  poète.

Lisez encore de lui le très beau  « Vers une aube radieuse » (Rivages/noir), écrit juste avant celui-ci, roman d’apprentissage social d’un adolescent du Kentucky. Sans oublier la série des Dave Robicheaux, dit « Belle- Mèche », policier cajun dans sa paroisse de New Iberia en Louisiane ; et puis  tous les autres romans  de cet auteur…

James Lee Burke : Déposer glaive et bouclier – Rivages thriller (L ay down my sword et and shield, 1971 traduit par Olivier Deparis) – 303 pages- octobre 2013 – 21,50€

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