Entre les lignes: Adour, le fleuve amour de Serge Airoldi


Editions le Festin
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 08/11/2013 PAR Joël AUBERT

Avouons-le, nous sommes entrés dans ce livre, avec l’humeur de l’écolier de « fin d’études primaires », nous qui avons avons été éduqué à la communale dans le goût des  fleuves et des chaînes de montagne, de la Garonne depuis le Val d’Aran jusqu’à l’Océan, de l’Aneto et du Vignemale, qui avons appris à les connaître  en les dessinant au crayon de couleur bleu et marron foncé… Qu’allions nous découvrir de si important qui justifie pareil ouvrage? Simplement la liberté, à l’état pur, de dire « au fil de l’eau ». Alors commence un périple qui, de la Séoube, à moins qu’il ne s’agisse du Pic d’Espade et de la Mongie, nous révèle jusqu’à l’embouchure, jusqu’à cette barre de l’Adour tant redoutée des marins, un voyageur singulier que son métier prédisposait à tant de rencontres différentes et qui s’y adonne, entre insatiable curiosité et goût de l’autre. Un voyageur que la fréquentation de « Danube », un livre comme une révélation, et la rencontre à Bordeaux de son auteur, Claudio Magris, ont ébloui et inspiré. Magris, l’homme de Trieste et de la « Mitteleuropa » que nous eûmes le privilège de rencontrer dans sa ville, en 1989, alors qu’à Budapest le mur de Berlin se lézardait, avant de s’effondrer trois mois plus tard. 

« L’écumeur des jours »Serge Airoldi emprunte à Magris ces deux phrases dans lesquelles, à l’évidence, il se reconnaît « Ecrire c’est faire l’écumeur des jours » et, encore, « Quand on écrit on cherche à rejoindre quelqu’un ». Le lecteur « d’Adour histoire fleuve » aura tout loisir de choisir lequel de ces personnages, dévoilés ou rencontrés, l’auteur aura préféré par dessus tout. Peut-être ce Paul Maymou, pépiniériste sur les Hauts de Sainte-Croix, cette ZUP de Bayonne, sur la rive droite de l’Adour, où l’on aborde, en priant que la nature résiste au béton, sept hectares et 300 essences, aux limites de la ville où en 1931, son bac philo en poche, Paul Maymou a entrepris de greffer les érables du Japon… et mille et un arbres fruitiers. Peut-être ce Xavier Burke qui, du pied de l’église de Cazères-sur-l’Adour va l’entraîner à la découverte des « Saligues », ces 220 hectares de végétation enchevêtrée, de bras morts du fleuve et de marécages, témoins du cours changeant des eaux et de la richesse de la flore et de la faune… A moins qu’il ne s’agisse de Jean-Jacques Taillentou qui, du Boucau, sur la rive du fleuve, de l’endroit où Louis de Foix fît dresser le barrage qui allait en détourner le cours, évoque le gigantesque chantier pour lequel les bayonnais furent sommés de mettre la main à la poche… Oui le lecteur aura le choix de voyager avec l’un ou l’autre et, au fil des jours, des lieux et des promontoires, car ce livre d’un autre genre se lit comme on aime à voyager sans hâte, et vraiment curieux du monde. Il se trouve, par bonheur, qu’il nous fait pénéter dans l’univers de cet autre fleuve de l’Aquitaine qui a bien de la chance d’en avoir deux que l’on nomme Garonne et Adour.

Adour, histoire fleuve; Serge Airoldi, éditions Le Festin 22€

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