Alerte Agora 2008 – réconcilier architecture et développement durable


nikoumouke
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/04/2008 PAR Piotr Czarzasty

Un titre assez emblématique pour commencer : « Alerte ». Alerte Agora 2008 est, de ce fait, le nom officiel de cette troisième édition de la biennale d’architecture de Bordeaux. Ceci afin d’attirer l’attention sur les préoccupations environnementales d’une architecture redéfinie comme celle du développement durable. Des préoccupations qui impliquent une autre façon de penser les espaces à vivre, en respectant l’environnement et en économisant l’énergie. Avec le commissaire d’Agora Nicolas Michelin, nous avons visité le coeur du dispositif de la biennale – le Hangar 14.

A la recherche de l’énergie – de la terre au soleil
La visite commence à l’étage, avec une exposition « Alerte », conçue par le commissaire en personne – grand architecte urbaniste par ailleurs. On y découvre dans un premier temps les photos satellites de la terre en y retrouvant ses couleurs traditionnelles: bleu-océan ; vert-jaune pour les continents et blanc pour les nuages. Des images magnifiques avec une question centrale qui nous est posée « Et si on pensait un peu plus à elle ? » A l’opposé, une autre photo satellite, cette fois celle du soleil, accompagnée de plusieurs données statistiques surprenantes. Saviez vous, par exemple, que notre planète capte seulement deux miliardièmes de l’énergie solaire ? Cela renvoie à une autre question fondamentale écrite en gras : « Et si on profitait plus de lui (du soleil) ? » « Quand on pense que l’homme a mis un effort fou à creuser dans la terre pour trouver de l’énergie, alors qu’elle était à portée de main… » remarque Nicolas Michelin : « Bien sûr on ne savait pas la capter ni la stocker, mais cela vient petit à petit. »

Les inventeurs utopistes du développement durable
« Alerte » n’est pas cependant une notion qui renvoie à notre culpabilité ou à un sort de l’humanité fixé d’avance. « J’ai voulu sortir du catastrophique pour souligner le côté jouissif des nouvelles possibilités qu’offre le développement durable ; faut pas subir mais prendre à bras le corps. » explique Nicolas Michelin. C’est dans cet esprit que l’exposition présente, par la suite, les grands précurseurs de l’habitat « pensé autrement ». On y découvre, notamment, le Wichita House de Richard Buckminster Fuller – une maison en forme de silo à grain cylindrique à 3,5$ le m2, pesant seulement trois tonnes et pouvant être construite en un jour. Un concept datant déjà de 1947. Parmi les autres grands inventeurs utopistes, le groupe Candilis-Josic-Woods qui avaient conçu dans les années 60, pour la ZUP de Toulouse, le projet de ville en grappe avec un centre linéaire – le « stem » dévolu entièrement aux piétons et donnant accès aux points clé de la ville. Enfin, on se croira en pleine science fiction avec les meubles « multi-usages » de Joe Colombo qui propose, entre autres, un « lit cabriolet » : ventilation, allume-cigare, téléphone, télé intégrés – imaginé il y a maintenant près de 40 ans.

Qu’est ce qu’un bon bâtiment…
Une grande partie de l’exposition est consacrée aux valeurs principales, telles que les définit Nicolas Michelin, d’un bon bâtiment. Tout d’abord l’ « ultracontextualité » alliant un projet fonctionnel bien implanté dans le paysage ; ensuite la « légèreté », c’est-à-dire moins de matériaux pour plus d’économie et d’efficacité ; l’ « économie d’énergie » – des espaces inter-climatiques avec une gestion solaire et ventilation naturelles ; une « haute qualité d’usage » – en d’autres termes des bâtiments à structure évolutivehangar14, avec une mixité de fonctions, facilement modifiables et adaptables au changements de mode de vie ; « les espaces partagés » – une notion qui veut faire disparaître la distinction entre public et privé ( les « unités de voisinage ») ; enfin un dernier élément – « la nature en ville », introduisant la notion de « corridors verts » liant les grandes entités vertes de la ville, appellées « biotops ».

Et Bordeaux dans tout ça ?
Chacune de ses notions est présentée sous forme d’un « box » dans lequel un support textuel explique le terme, accompagné d’images de réalisations architecturales du monde entier qui illustrent le propos. L’ensemble est toujours évalué par rapport au contexte bordelais en la forme de magnifiques photographies de Yannick Lavigne. Mais pour encore mieux saisir ce qu’est un bon bâtiment, ergonome, bien inscrit dans le contexte, fonctionnel et respectueux de l’environnement, on aura l’occasion de visiter un vrai appartement, construit spécialement dans cette optique, qui se situe à l’étage.

Kapla et Agora Café
On est bien loin cependant d’avoir terminé la visite. Car au rez-de-chaussée, ce sont plusieurs ateliers mis en place par arc en rêve, l’Ecole d’architecture et du paysage de Bordeaux, l’Ecole des beaux-arts et bien d’autres encore ; ainsi que des expositions et débats qui attendent les visiteurs. Avec deux endroits très particuliers : un espace entièrement dédié aux enfants, où ils pourront créer librement leur univers avec les petites planchettes de bois Kapla ; un autre, prévu plutôt pour les gourmands – l’Agora Café – où l’alchimiste culinaire Thierry Marx tentera d’intégrer la notion de développement durable dans le contenu de nos assiettes.

Photo: nikoumouke

Piotr Czarzasty

 

Infos pratiques :
Alerte Agora – architecture, urbanisme, design
du 11 au 13 avril – Hangar 14 – quai Chartrons
www.bordeaux.fr/agora


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