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PUBLIÉ LE 12/03/2012 PAR Olivier DarrioumerleAndré Minvielle nous donne une définition poétique de son invention : « c’est le grand alphabet de la voix des lettres, chacune a son voyage en texte ou onomatopée, en chant en son, en périple vocalchimiste comme un aborigène chanterait sa géographie. Géographie sonore des mains, des doigts, de la voix. »
«Au commencement il y avait le La », aurait pu dire la Genèse vocalchimiste. Le vocalchimiste sort un diapason de ses poches. Les enfants se prêtent au jeu. Ensuite place à l’improvisation. André Minvielle nous entraîne à dire « Blabla » sur des tons différents. « Il faut inventer des mots pour sortir des mots » , disait le philosophe Gilles Deleuze. André Minvielle a trouvé la langue alchimique dans ce que l’on appelle communément le yaourt. « Youz in the satchman of to Lauz tan dit smouss, Farri yon tam mout chintz dig » disent les premières paroles de son Boléro de Ravel version multi-langue : « le Bo vélo de Babel ».
La lettre M pour les mains
Les bruits viennent de partout. Des mains ( pour la lettre M) qui font des sons différents selon qu’onles frotte, les tape, ou que l’on en fasse claquer les doigts. On peut aussi faire la pluie avec la langue. Une poche plastique fait le bruit de l’oiseau qui s’envole dans les feuillages. Et quand on associe les sons aux mots ? Alors la voix fait de la musique et sort de la musique. Les mots perdent leur sens pour devenir des sons et les sons prennent le sens des mots. Les bruits font des lettres. On écoute le souffle du vocalchimiste. Puis, à l’aide d’une guimbarde, le même souffle fait rebondir des petites lettres G les unes sur les autres.
O comme Onomatopée
Comment fait-on le chien ? La mobylette dans un virage ? La clé dans la serrure ? La flèche qui se plante dans un arbre ? André Minvielle sort son instrument à Onomatopée, une bouteille dressée à faire la baleine. C’est l’inspecteur gadget qui sort des outils débridés. Il mélange les sons, les bruits et les mots, décomplexe l’imagination et fait dérailler le système bien encadré d’une pensée soumise à l’autorité du langage. On se sent devenir un onomatopeur qui improvise. Le risque du ridicule ? Il n’y a bien que des adultes pour inventer une idée pareille.
Finalement les enfants posent des questions. Tu viens d’où ? Comme s’il venait d’une autre planète. Comment t’as appris tout ça ? En chantant de travers réplique-t-il. Pourquoi t’es pas muet ? La manière pour un enfant d’Orthez de remettre un petit oscar à André Minvielle.
photo : André Minvielle / tous droits réservés
Olivier Darrioumerle
