André Schiffrin et Thierry Lounas discutent édition, cinéma et finance à l’Utopia


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 05/05/2010 PAR Thomas Guillot

L’ECLA (Ecrit, Cinéma, Livre, Audiovisuel) et la Machine à Lire ont donc profité de la sortie du nouveau livre d’André Schiffrin, L’argent et les mots, pour organiser fort judicieusement cet échange de connaissances et d’expériences. C’est toujours plus sympathique qu’une simple séance de dédicaces (il y en a eu une malgré tout pour les quelques admirateurs béats présents dans la salle). Un débat qui commença timidement mais qui partit vite dans de multiples directions.

Mondialisation et presse indépendante
Les actionnaires de la presse nationale ne sont plus français. Il en va de même pour l’édition en général, où la plupart des grandes maisons appartiennent soit à des multinationales, soit à des industriels de l’armement. M. Schiffrin a rappelé que l’édition était un business peu rentable jusqu’à ces dernières années, maintenant le catalogue change pour s’adapter aux exigences du marché. Mais il n’y a pas que les gros groupes qui font subir des pressions aux petites structures. Se servant de son expérience personnelle, M. Lounas rappelle la mésaventure des Cahiers lorsque ceux-ci ont été rachetés par le groupe Le Monde, alors en grande difficulté financière. La rentabilité devient le maitre mot pour une presse qui perd de plus en plus de lecteurs. Malgré cela, les deux hommes expriment le désir de voir une presse autonome financièrement mais aussi éloignée du pouvoir. Ils sont convaincus que s’il y avait eu une presse indépendante aux Etats Unis, il n’y aurait pas eu de guerre en Irak.

« Le cinéma devrait être une festival permanent »
La politique culturelle de la France n’est pas non plus épargnée. Ils parlent de subventions mal distribuées, de fonds publics dilapidés. M; Lounas souligne qu’il existe unimpôt méconnu sur les places de cinéma qui sert essentiellement à financer des aides aux professionnels du cinéma et aux salles « art et essai ». Et qu’aujourd’hui on donne trop facilement ce label aux salles municipales qui n’ont pas forcément un contenu très différents des grandes enseignes. Entre les salles qui profitent des subventions et les multiplexes, ce sont les cinémas indépendants qui souffrent le plus. Les grands groupes peuvent se permettre d’avoir un droit de censure (ils osent le terme) sur les films qu’il propose. Pas en retouchant l’œuvre bien évidemment, mais en mettant de côté les films peu rentables ou hors de la norme pour laisser de la place aux blockbusters. Et au final c’est la diversité de l’offre qui en prend un coup.

Un problème complexe
Que ce soit dans l’édition ou dans le cinéma, l’offre culturelle est trop importante pour ne pas décourager le public. Il y a trop de films, trop de livres qui sortent chaque semaine. Les diffuseurs sont donc devant un problème épineux ne sachant plus qui mettre en avant sans partir dans une logique capitaliste primaire. Le livre numérique vient évidemment mettre son grain de sel. Même si cela ne changera pas énormément les choses. Le contenu restant la priorité des deux hommes, pas la forme. Cela ne fera que complexifier des relations déjà tendus entre auteurs, éditeurs et distributeurs. Dans un secteur où tout le monde est en difficulté, la conclusion évidente sera de privilégier la diversité et la qualité, tout en répondant à des exigences économiques pesantes. Les solutions sont nombreuses, mais aucune ne semble être idéale.

Thomas Guillot
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