Anicet Le Pors, un ancien ministre communiste au Club de la presse de Bordeaux


Edition Le Télégramme
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 07/10/2010 PAR Nicolas César

« En me recevant à l’université de Brest, en 1984, le professeur Yves Le Gallo s’était étonné que je ne sois pas devenu l’un de ces hommes de Dieu que produisait alors en grand nombre cette terre léonarde (région de Saint-Pol-de-Léon dans le nord Finistère, ndlr). Il avait trouvé l’explication : j’étais né à Paris. Dès lors, j’étais perdu. Mais il avait ajouté : d’autres diront qu’il était sauvé… ». En une anecdote, Anicet Le Pors résume à quel point la balance aurait pu pencher de l’autre côté, tant l’adolescence du Breton fut baignée dans le catholicisme et la Jeunesse ouvrière catholique avant que ses études ne lui ouvrent une autre voie vers les cieux : la météorologie ! « Et paradoxalement, dit-il, c’est le livre d’un jésuite, Teilhard de Chardin, qui m’a convaincu qu’on pouvait combiner démarches scientifiques et spirituelles. Les événements ont fait le reste », raconte-t-il dans ce livre.

Anicet Le Pors, les racines et les rêves
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Ministre de Mitterrand
Les événements, c’est d’abord son adhésion au Parti communiste, où il devient expert économiste et proche de Georges Marchais. Avec pour apogée le 10 mai 1981 et l’élection de François Mitterrand. Avec l’arrivée de quatre ministres communistes au gouvernement Mauroy, les Américains sont convaincus que l’Élysée devient une annexe du Kremlin et que les chars soviétiques vont bientôt descendre les Champs-Élysées. À la tête de son ministère de la Fonction publique, Anicet Le Pors est fier d’avoir fait passer le nombre de fonctionnaires de deux millions à cinq millions. « En donnant le statut de la fonction publique à de nombreux agents vivant sous contrats, parfois précaires », se félicite-t-il. 

Depuis, les temps ont changé. En désaccord avec le comité central, l’ex-ministre quitte le PC en 1994 mais loue encore ses idées. « Si on considère les partis qui se réclament du communisme, ou bien ils sont dénaturés comme en Chine ou alors ils ne jouent qu’un rôle mineur. Mais, avec la crise que nous traversons, ce pourrait être un âge d’or du communisme. Cela reste une belle utopie et fait partie des rêves dont je parle dans mon livre », dit-il, avec une pointe d’espoir. Dans d’autres fonctions au conseil d’État ou à la Cour nationale du droit d’asile, Anicet Le Pors continue de faire entendre sa voix pour vanter notamment les vertus d’une véritable citoyenneté ou encore pour s’opposer à la réforme des collectivités locales. Car dit-il, pour Nicolas Sarkozy, « la France n’est qu’une somme d’anomalies qu’il faudrait supprimer pour la mettre aux normes du marché et de la concurrence ».

Dans ce livre, Anicet Le Pors livre aussi son analyse sur la « décomposition sociale », marquée par la montée des intégrismes, l’abstention aux élections, la diminution des jours de grève, les incivilités et l’augmentation du chômage. Pour en sortir, il en appelle à un « effort de recomposition » de la part des citoyens. « La crise présente aussi une face positive car elle est passage d’une civilisation à une autre. Elle renvoie la responsabilité de la recomposition vers le citoyen. Ainsi la citoyenneté est mouvement, responsabilité, construction », conclut-il.

Nicolas César

« Anicet Le Pors, les racines et les rêves », livre d’entretien avec le journaliste Jean-François Bège (Éditions Le Télégramme).

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