Après Cannes et Deauville, Bordeaux hérite à son tour d’un festival de cinéma digne de ses prédécesseurs

Les premiers spectateurs de CinémaScience seront sûrement loin d’être déçus, car la programmation s’annonce particulièrement alléchante. 60 films sont à l’affiche, français et étrangers, un grand nombre d’inédits avec, bien entendu, de grands classiques ; plusieurs d’entre eux accompagnés de rencontres-débats et conférences, animées par une quinzaine de cinéastes ainsi qu’une trentaine de chercheurs. On aura droit à plusieurs Sélections : la plus importante bien sûr comprenant les films en Compétition Officielle, ensuite une sélection Rétrospective, une autre sur le Nouveau Regard et enfin une programmation Jeune Public. Mais le festival réserve encore des surprises avec des soirées spéciales, une journée consacrée aux Métiers de la recherche et plusieurs évènements rendant hommage à l’Italie, le grand invité de cette première édition. Comme il se doit pour un festival du film international digne de ce nom, un lieu d’échanges et de rencontres sera aussi mis en place sous la forme d’un Village CinémaScience, place Jean Jaurès.

Relancer l’intérêt pour la recherche
Il fallut attendre assez longtemps tout de même pour voir s’associer dans un même festival le cinéma et la science. « Le monde de la recherche avait besoin d’une évolution des mentalités. » fait remarquer Marie-Hélène Beauvais, coordinatrice du festival, « On s’est rendu compte de l’importance que porte la communication sur ce que font les chercheurs, des résultats de leur recherche, au grand public. » Parmi les enjeux, l’image même du CNRS : « …comment il est perçu, et ce qu’il est vraiment. » « On voit bien que tout le monde a entendu parler du CNRS, mais ne connaît pas sa structure ni son fonctionnement ni sa mission. » explique Mme Beauvais, « A quoi ça sert, c’est ce que les gens ne saisissent pas encore. »

« Vulgariser » la science
C’est précisément pour « vulgariser » la science de manière qu’elle soit compréhensible au plus grand nombre, ainsi que pour modifier l’image du « chercheur enfermé dans son labo », qu’un évènement rassemblant le cinéma et la science s’est imposé comme un choix des plus adéquats. « En dehors de la Fête de la Science, destinée plutôt au jeune public, le CNRS n’avait pas mis au point jusqu’alors un évènement qui viserait le grand public » constate Mme Beauvais. L’idée est venue il y a seulement quelques années lors des rencontres « Science et Cinéma sur les planches » organisées pour les jeunes en Normandie, « On leur avait montré l’Age de Glace en proposant, après le film, un débat sur le réchauffement climatique ; tout le monde a adoré. » se souvient Mme Beauvais.

La recherche à travers notre vie quotidienne
Et c’est sur cet exemple que s’est basée la sélection de toutes les créations, inédites ou anciennes, que l’on aura l’occasion de voir tout au long de ces deux prochaines semaines. « Le critère étant que le film aborde une thématique scientifique, qui soit accessible à tous. » explique Mme Beauvais, « L’important était de trouver des films qui puissent rendre compte des liens entre le quotidien des gens et la recherche. » Cependant nombreux sont sûrement ceux qui, en associant cinéma et science, dirigent leur pensées vers des films de science-fiction. Ils n’auront pas tord, mais, comme pourront le démontrer les films sélectionnés, la recherche scientifique englobe bien d’autres domaines que la conquête spaciale par exemple.

De la science-fiction, mais pas uniquement…
Certains retraceront ainsi, aussi bien d’exceptionnels destins historiques, que permettront d’explorer les implications de la décision d’un don d’organe au sein d’un couple ou d’anticiper les possibles répercussions du clonage dans l’univers des
services secrets. On revisitera le conflit israélo-palestinien sous un angle insolite ou relatant les effets de la pollution de l’environnement à un échelon local…
le public verra abordés de très nombreux domaines de la recherche allant de l’astrophysique à la psychiatrie, de la cybernétique à l’histoire, de la génétique à la géopolitique, en passant par les mathématiques, la médecine ou l’écologie…

Gagnez votre place en tant que « Savant Fou »
Tout le monde aura ensuite l’occasion, du moins pour les films de la Sélection Officielle, d’échanger son point de vue et poser des questions au cinéastes et chercheurs spécialisés dans le domaine traité. Chacun pourra voter, bien entendu, pour son « coup de coeur », en apportant ainsi sa contribution au prix du Public. Enfin pour les grands cinéphiles, amateurs de « marathons » en salles obscures, ayant un peu de fantaisie au niveau vestimentaire, CinémaScience propose la « Nuit des Savants Fous ». Vendredi 24 octobre, trois films (Frankenstein, Metropolis de Rintarô, Retour vers le futur) s’enchaîneront l’un après l’autre, à partir de minuit. Et, attention… ceux qui viendront déguisés en savants fous gagneront une entrée gratuite pour toute la nuit, avec un petit déjeuner le lendemain matin…

Piotr Czarzasty

Photo: Firstposter.com Movie
Renseignements: www.cnrs.fr/cinemascience