Arte Flamenco 2017 : une ouverture en regards et en hommages


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2017 PAR Solène MÉRIC

« Elles ont le même âge ou presque, que le Festival », aura fait remarqué Xavier Fortinon, à l’occasion de l’inauguration. Leur exposition à trois voix « TRES », en est donc d’autant plus symbolique pour ces jeunes femmes qui travaillent et interrogent le Flamenco en photo. « Un sujet pourtant plutôt traiter par les hommes », a-t-on souligné du côté de l’organisation, mettant ainsi en valeur « un vrai acte de création et une prise de risque aussi », souligne François Boidron Directeur général du Festival.
Mais qui sont ces « tres » là ? Deux d’entre elles en tout cas, ont déjà participé pour des éditions précédentes à la création de l’affiche du Festival. Prisca B, qui manie, la photographie comme les arts graphiques était à l’affiche, pour la 25ème édition, quand la photo colorée qui ornait l’affiche 2016, sortait tout droit de l’appareil de Laura Moulié. Mais la troisième aussi, Olivia Pierrugues, qui elle, choisit de mêler les mots à ses clichés, fréquente assidûment les bancs du Festival Arte Flamenco.
Pour cette exposition, à voir, Laura Moulié explique « nous avons conjugué nos trois regards sur le flamenco, avec chacune une dimension qui nous tient à cœur. Prisca B. et sa série « Amen » a travaillé sur la relation profane et sacré, Olivia Pierrugues s’est attachée à « la survivance des gestes », et apparaissent alors à l’image, des corps tantôt exaltés, tantôt excédés toujours pétris de cette matière flamenca, tout à la fois profonde et inssaisissable. Quant à Laura Moulié « c’est la question de la temporalité qui m’intéresse », indique-t-elle. La question du temps qui passe et son paradoxe de vouloir le capter tout entier en une image. « Je cherche aussi à capter LE moment, celui où on entend les jaleos dans la salle ou sur scène… ». Le moment pour ne pas dire, peut-être le duende, celui qui surgit quand on ne s’y attend pas. On pourrait parler de grâce, ou de miracle. Et retour alors aux questions de Prisca B, entre sacré et profane…
Trois photographes de talents, aux univers distincts et complémentaires, mais visuellement très identifiables les uns des autres mais qui captent toutes trois, un flamenco, comme autant de temps suspendus, entre éternité de l’instant et poussière de l’infini.

Exposition

Salutations distinguées à Silverio Franconetti

Une ouverture qui a décidément croisé les regards et rendu les honneurs. Si la cérémonie inaugurale du festival a permis de rappeler la mémoire de celui qui en avait été le créateur il y a près de trente ans. Le traditionnel ballet du premier soir d’Arte Flamenco était aussi un hommage, à un certain Silverio, « …Aquel Sivelrio ». Et là encore deux regards se croisent, celui de Rafael Esteves, tout nouveau directeur artistique du Ballet Flamenco de Andalousia et celui de Valeriano Paños, chorégraphe et danseur à ses côtés. Ici les salutations distinguées vont à Silverio Franconetti, grand cantaor du 19ème siècle, figure du flamenco professionnel. Il fallait en effet, bien être à moitié italien, pour avoir oser, le premier, impulser la professionnalisation du Flamenco, par l’organisation de spectacles ou encore la création des premiers « Tablao Flamenco », et ainsi ouvrir le flamenco hors du cadre privé, familial ou amical, et initier la reconnaissance sociale de véritables artistes.
Si le spectacle égraine des anecdotes liées à la vie du grand cantaor, qui est en quelque sorte, le premier « producteur » de flamenco tant en chant qu’en danse, « le spectacle n’est en rien la théâtralisation d’une biographie » prévenaient les deux artistes en amont de la présentation du spectacle. Et pour cause c’est un flamenco actuel que le ballet donne à voir, avec au programme des trouvailles contemporaines et originales tant dans la mise en scène que dans les chorégraphies. Mais si le flamenco d’Esteves et de Paños revêt souvent des formes actuelles, il n’oublie pas pour autant quelques formes et palos de ce « premier »  flamenco, tel que le connaissaient les contemporains de Silverio. Les racines en effet, ne sont pas oubliées, à l’image de tableau original et coloré liant, flamenco, taureaux et cette danseuse qui « mime » les boleros de corrida, avec style et panache.
Panache et énergie. Ce sont sans doute bien les deux mots qui traduisent le mieux la soirée de lundi, tant à travers les joyeux tableaux de bailes dans ce que l’on imagine le tablao de Silverio, que dans les pas de Valeriano Paños, au style particulièrement aérien et bondissant ou encore dans les interprétations, de Rafael Esteves en Silverio Franconetti, tantôt picador, officier militaire, grave cantaor solitaire ou encore maître de ballet marionnettiste de sa troupe.

Spectacle ''... Aquel Silverio'' par le Ballet flamenco de Andaloucia


A la sortie de cette première soirée d’Arte Flamenco entre spectateurs conquis, et ils étaient nombreux, et quelques-uns plus perplexes, le public montois n’est en tout cas pas resté indifférent à la proposition de ce lundi soir. Il était en effet difficile de l’être.

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