Arte Flamenco : Michel Dieuzaide et Eva Yerbabuena, « humains avant tout »


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/07/2019 PAR Solène MÉRIC

C’est entourés des regards, des gestes, des ambiances et des scènes de vie capturés en noir et blanc par Michel Dieuzaide lors de ses séjours en Andalousie, au cœur du monde flamenco que les officiels ont procédé à la traditionnelle inauguration du Festival. Une exposition qui, de Jérez à Séville en passant par Triana, ou même Mont-de-Marsan, propose certes une vision des figuras du flamenco en scène tels que Camaron, Paco de Lucia ou encore Ines Bacan ( présente sur la du Café cantante samedi 6 juillet), mais pas seulement. C’est avant tout un incursion dans la vie de ces artistes gitans, pris en photo chez eux, devant des affiches annonçant leurs spectacles, dans des tablao traditionnels andaloux, bien loin des grandes mises en scène des tournées internationales. C’est un Agujetas, colérique, une bouteille à la main, un Tomatito, sur son canapé à côté d’un enfant endormi et face à une table basse où traine les restes d’un repas… Cette exposition c’est le résultat « d’un travail de vie au milieu des gitans, bien plus qu’un travail de scène », explique celui qui pour y parvenir, les a côtoyé longuement. Une exposition à ne pas manquer dans les murs du Musée Despiau-Wlérick jusqu’au 21 juillet, pour ce 31ème millésime d’Arte Flamenco.

Exposition ''...être flamenco'' Michel Diauzaide à Mont-de-Marsan

« De la chair et des os, on ne vit et on ne ressent qu’à travers ça »
Un âge qui, s’il en était encore besoin, confirme la juste place du Festival dans le paysage flamenco non seulement sur la qualité des propositions artistiques mais désormais aussi sur la durée… Mais pour autant, pas question ici d’immobilisme, et d’autant moins quand les questions budgétaires s’en mêlent. Le président du Département, Xavier Fortinon, a ainsi assuré que le festival de demain « connaîtra un nouveau souffle par le renforcement de son développement territorial et le soutien à la création à l’année ». Autrement dit, « un chantier d’avenir qui s’ouvre » a-t-il estimé pour le festival plus que trentenaire. Un point de vue partagé par Charles Dayot, le maire de Mont-de-Marsan : « 30 ans, c’est l’âge auquel on se pose les bonnes questions avant la quarantaine », confirme-t-il remerciant au passage, le Département d’associer la ville sur la réflexion en cours concernant l’avenir de la manifestation.
Le festival, qui a su durer notamment grâce aux équipes qui le pensent, l’organisent, et chaque jour le mettent en musique, a fait de la convivialité et de la proximité avec les artistes une marque de fabrique très appréciés par ces derniers. Des artistes, « hommes et femmes avant tout », comme Eva Yerbabuena le rappelait ce lundi matin lors de la rencontre précédent le spectacle du soir « Carne y hueso » (de chair et d’os). Un titre, selon la bailaora, « pour défendre l’idée que nous sommes faits de chair et d’os, même si on s’exprime à travers un art un peu « sur naturel » qu’est le flamenco. Nous ressentons des émotions, des souffrances ou des moments de plaisir qui nous transcendent sur scène, mais une fois en coulisse on réalise bien dans notre corps que nous ne sommes que de la chair et des os, et que l’on ne vit et ne ressent qu’à travers ça. »

Maîtrise technique absolue et présence scénique indiscutable
Ce lundi soir, la danseuse, absente d’Arte flamenco depuis 2008, mais qui cumule selon Sandrine Rabassa, la directrice artistique du Festival, le plus grand nombre d’ouvertures du Festival, a retrouvé le public montois. De belle retrouvailles signées d’une maîtrise technique absolue, alliant force et subtilité, ainsi que d’une présence scénique indiscutable. La danseuse occupant seule la grande scène, devant ses musiciens et chanteurs, en alternance avec un quator de danseurs, eux aussi particulièrement brillants. Loin des ballets flamencos parfois très théâtralisés, auxquels nous avez habitué Arte flamenco pour sa soirée d’ouverture, les chorégraphies de ce lundi soir, dans un décor bien plus dépouillé, laissant toute la place à la créativité de l’artiste indiscutablement classée parmi les grands noms de l’Art flamenco.
Une créativité, l’ayant d’ailleurs amené sur des terrains plus contemporains voire expérimentaux ces dernières années. Mais ce lundi soir, dans ce spectacle revisitant certaines chorégraphies de spectacles précédents, c’est un flamenco plus proche des racines, qu’elle a livré au public montois. Visiblement ravis de la retrouver, les spectateurs ont ainsi pu vivre à travers elle et son sens de la dramaturgie aiguë, ce qui fait de nous des humains de chair et d’os, même si, et c’est là tout le paradoxe, le temps se suspend et les âmes communient quand les artistes tels qu’Eva Yerbabuena entrent en scène.

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