Arte Flamenco et choc des générations: une formidable explosion de vie au Café Cantante


Sébastien Zambon / Dpt40
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/07/2015 PAR Solène MÉRIC

Le grand écart aurait pu paraître risqué. Les « bébés » puis les « papys » du flamenco dans une même soirée, l’ironie était facile. Pourtant… Pourtant, elle aurait été particulièrement mal placée. Ceux qui ont choisi d’avoir confiance dans le jugement de Sandrine Rabassa la directrice artistique ont eu mille fois raison. Les jeunes, David de Jacoba au chant, Kilino Jiménez à la guitare, Gema Moneo et El Yiyo à la danse, malgré une nervosité parfois un peu visible sur les visages, ont largement rempli le contrat qu’ils s’étaient fixés : « être à la hauteur de la réputation du festival réputé qui les a accueilli ». Un premier accueil et sans doute pas le dernier. Il faut dire que ces « petits » ne le sont, artistiquement, pas tant que ça, et leur carrière professionnelle est déjà en bonne voie.

David Jacoba et son timbre de voix emprunt d’une douce puissance est un spécialiste du cante jondo, dont le talent lui a déjà permis de travailler 3 ans durant auprès du regretté Maestro guitariste Paco de Lucia. Sur la guitare justement, Kilino Jiménez a lui aussi de qui tenir son agile et subtil doigté. Il est le fils du guitariste Entri, fondateur de la Grande académie de guitare flamenca, et a par ailleurs, déjà collaboré avec le danseur réputé Antonio Canales. A la danse, la jeune Gema Moneo, a également su faire preuve de sa technique remarquable, déjà éprouvée sur quelques scènes internationales. Autre pépite de la soirée, qui a réussi à mettre le public de Mont-de-Marsan debout, le bailaor El Yiyo, du haut de ses 18 ans, réellement époustouflant de fluidité et d’élégance, en dépit de la rapidité de ses figures. Quatre artistes, quatre destins, qui promettent sans aucun doute un bel avenir au flamenco, dans le juste respect de la tradition de leur art.

Quatre phénomènes d’instinct et de générositéQuatre destins accomplis, c’est ce que proposait la deuxième partie de cette soirée. Une occasion rare de voir réunis sur scène, les 3 « maestros de cante » que sont la Caneta de Malaga (83 ans), Rancapino (70 ans), Romerito de Jerez (83 ans) et au baille, El Carrete (83 ans). Une moyenne d’âge élevée, un chiffre à ne pas croire quant à la vitalité des esprits et des corps, dont la conférence de présentation du spectacle du matin, avait déjà fait largement la preuve. Et la soirée s’est chargée d’en donner confirmation : l’âge, en flamenco, pour ces quatre là en tout cas, ne compte pas. Ou alors, il n’est qu’un bénéfice de plus, celui de tout donner au public, sans craindre de ne rien perdre. Un cadeau que le public aura su apprécier et célébrer à de nombreuses reprises par des acclamations fournies.

Ce sont donc quatre phénomènes que le public à eu la chance de découvrir ou redécouvrir vendredi soir. Rancapino et Romerito de Jerez ont le souffle et la puissance de leur 20 ans, et les voix intemporelles des chanteurs de cante jondo, magnifiques et authentiques. El Carrete, debout, ou assis, n’en finit pas d’étonner de ses zapateos toujours impressionnants de force et de précision, quant à La Cañeta de Malaga, son instinct et son caractère généreux et volubile la transporte, et le public avec. Elle chante bien sûr, avec une voix et une puissance qui elles non plus n’ont pas pris une ride, mais elle danse aussi, beaucoup. Sur scène, entre deux éclats de rire, elle bavarde, rigole, échange avec le public de « mondémarsan » et salue « el Présidenté Emmanouelli ». Avis à la jeune génération, La Cañeta de Malaga et ses compagnons de scène, c’est de la dynamite !

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